Poèmes de Landa wo
Landa wo, le poète qui cherche un nouveau souffle
La muse de Reading
« Ta présence est le soleil de mon futur ».
Ngondo Moyula
Mauve est la couleur de la nuit
Audacieux est l’espoir du jour
Lentement les minutes s’égrènent
Indolore est la morsure du temps
Karma et boussole d’un autre monde
Aube pointant le lieu de nos adieux.
Complainte pour la fille du manguier
Ou es-tu petite fleur ?
Si tu es dans un ruisseau
Je plongerais te rejoindre
Si tu es dans les étoiles
Je serais un nuage pour toi
Si tu es dans un cimetière
Je serais la sève sur ta tombe
Si ton linceul est clos
Barambo[1] chantera pour l’ouvrir.
(©) Raleigh Review, 2014
Poète en exil
Je suis un poète en exil qui cherche
Un nouveau souffle
Dans les rues froides de mes chimères
Je croise l’esprit des exilés de la révolution
Je croise les chacals du verbe
Je croise une fine pluie d’octobre à l’agonie
Je croise des mots Sango au vertige perdu
Je croise un feu accroupit à l’ombre du temps
Je croise une belle morte d’Angola qui me tend les bras
Je suis un poète en exil qui cherche
Un nouveau souffle
Dans les bras de la belle morte d’Abyssinie
Pendu à sa chevelure sans teinte
Je voyage sur le dos d’une comète amère
Ngondo Moyula[2] mon ancêtre
Ngondo Moyula le passé en mouvement
Ngondo Moyula frère de sort des Indiens Caraïbes
Que ton murmure berce ma nuit avec la belle morte de Niamey
Je suis un poète en exil qui cherche
Un nouveau souffle
Dans les flammes géantes d’un feu de brousse
La femme – luciole danse les seins libres
Je plonge dans les gorges sombres d’Amani
A la recherche de la pierre de la passion
Pour briser la complainte de la solitude
Mes lèvres se posent sur l’épaule tiède de la belle morte de Namibie
J’abandonne mon corps aux plaisirs de la nuit
Je suis un poète en exil qui cherche
Un nouveau souffle
Dans la nuit qui s’enfuit
Je fais l’amour avec la belle morte de Tanzanie
Au passage je lui ai fait don de mon âme atrophiée
Je lui offre mes rêves, mes espoirs, mes visions nocturnes
Je lui murmure des mots volés aux muets Soko[3]
Je lui donne les clefs du temps, le cadenas de l’Histoire
Le jour se lève, mon corps sans vie repose sur une tombe
Je suis un poète en exil qui cherche
Un nouveau souffle
Un perroquet du paradis niche dans mon crâne
Le flicker de l’île Madagascar est gai
Il vole répandre la nouvelle de ma mort
Ngondo Moyula mon ancêtre
J’ai hérité de toi le privilège fatal d’une nuit d’Amour
Donne-moi un nouveau souffle pour comprendre l’éternité.
(©) 17e concours annuel Féile Filíochta, 2005
Biographie
Landa wo, poète originaire de l’Angola et du Cabinda, membre de la Société des Poètes Français, est présent dans de nombreuses revues de poésie étrangères Bellingham Review, Colorado Review, Nashville Review, Michigan Quarterly Review, The Common, Raleigh Review, Nasville Review , Grain Magazine ou encore Poetry New Zealand. Lauréat de nombreux prix littéraires en Irlande dont le prix Metro Eireann Writing Competition attribué par Roddy Doyle, Booker Prize 1993 ainsi que des prix Féile Filíochta ou Éist Poetry competition. Landa wo est un poète politiquement engagé que vous trouverez sur Twitter @wo_landa
[1] Prince des minéraux, premier mort enterré dans la cité du vent (Angola/Cabinda)
[2] Forçat échappé de l’histoire (Angola/Cabinda)
[3] Ethnie de la forêt dense d’Afrique Centrale qui a hérité de 1000 mots au commencement de la vie. Chaque mort prend en héritage 30 mots pour aller dialoguer avec les défunts. Chaque nouveau-né arrive avec un mot. Le peuple Soko retrouve la parole seulement quand les 1000 mots originels sont réunis.
Poésie