Werenoi, figure phare du rap français, s’éteint à 31 ans

Lecture de 5 min

Le monde de la musique pleure la disparition du rappeur Werenoi, plus gros vendeur de musique en France, décédé à l’âge de 31 ans.

Le rap voit s’éteindre l’une de ses voix les plus mystérieuses : Werenoi est mort suite à une défaillance cardiaque.

Le rappeur Werenoi, de son vrai nom Jérémy Bana Owona, est décédé ce samedi 17 mai à l’âge de 31 ans des suites d’une défaillance cardiaque. L’annonce, confirmée par ses proches et relayée par son producteur Babiry Sacko sur les réseaux sociaux, a profondément attristé ses fans et secoué la scène rap en francophonie.

Originaire de Seine-et-Marne et élevé à Montreuil par des parents camerounais, il était en deux ans devenu l’un des rappeurs les plus en vogue en France. Sa présence sur scène captivante et son style mêlant mélodie et impact lui avaient permis de conquérir un public large, en particulier les 15-25 ans. Son absence inattendue lors d’un showcase le vendredi 16 mai avait déjà éveillé l’inquiétude, tout comme son désistement à la cérémonie des Flammes quelques jours auparavant pour « blessure grave ».

Un parcours impressionnant

Werenoi s’était imposé comme un phénomène en un temps record. Avec trois albums – Carré (2023), Pyramide (2024) et Diamant noir (2025) – il avait enchaîné les succès, recevant quatre disques de platine et dominant les classements de ventes deux années d’affilée, surpassant des artistes comme Jul, Indochine ou encore Billie Eilish. Son dernier opus, Diamant noir, sorti en avril, s’était immédiatement hissé en tête des ventes hebdomadaires.

Artiste talentueux en studio comme sur scène, il attirait les foules dans des lieux tels que les Zéniths, l’Accor Arena, Montreux ou le Printemps de Bourges. Malgré sa popularité démesurée, il cultivait une aura de mystère : masqué, discret dans les médias, il accordait rarement des interviews. “Je préfère le mystère. J’en dis assez sur moi dans mes textes”, confiait-il au Parisien début 2024, affichant ainsi une véritable volonté de rester à l’écart des feux des projecteurs sur sa vie personnelle.

Un rappeur distinctif

Werenoi se distinguait aussi bien par son image énigmatique que par une musique fusionnant le rap de rue avec des sonorités mélodieuses. Bien qu’il parlait sans détour de la rue, des filles, des voitures, il était attentif à ses paroles : “Je fais attention à ce que j’écris. Je suis un caméléon, je m’adapte à tout. Pourvu que je reste moi-même.” Cette authenticité, soutenue par un flow unique et une utilisation nuancée de l’autotune, contribuait à sa singularité.

En 2020, en pleine pandémie, il avait créé son propre label, PGP Records. Le nom, inspiré d’un téléphone sécurisé, illustre une nouvelle fois son attrait pour le secret. En ce qui concerne son pseudonyme, “Werenoi”, il l’associait à un simple salut entre amis — “Oui mon pote” — dépourvu de connotation communautaire.

Des collaborations notables

Malgré sa discrétion, Werenoi n’était pas isolé et multipliait les collaborations prestigieuses avec des figures du rap francophone telles que Ninho, SCH, Lacrim, Tiakola, Aya Nakamura ou Gims, avec qui il avait révélé le 1er mai dernier un morceau intitulé Piano, visionné plus d’un million et demi de fois sur YouTube en deux semaines.

L’une des collaborations les plus surprenantes fut celle avec Pascal Obispo au Zénith de Paris en septembre 2023. Le chanteur avait décrit Werenoi comme un artiste “gentil, calme, simple, très discret” et salué un talent d’écriture indéniable. Le public, lui, reprenait chaque mot de ses morceaux, preuve d’un lien étroit entre l’artiste et ses auditeurs.

Un vide immense pour la scène rap

La disparition soudaine de Werenoi laisse un vide immense. Au-delà des chiffres et des succès, il était devenu une voix majeure du rap français, alliant exigence artistique et popularité de masse. En quelques années, il avait su s’imposer sans compromis comme un repère pour sa génération et un emblème d’une scène en constante évolution.

Les hommages affluent sur les réseaux sociaux, à l’image de l’émotion qu’il suscitait. “La musique a perdu bien plus qu’un rappeur”, écrivait un proche. À 31 ans, Werenoi était au sommet de sa carrière. Sa disparition brutale rend hommage à son œuvre : intense, exceptionnelle, et désormais, éternelle.

Site web
Lire aussi
Actualités 
Partager cet article
Suivre :
Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
Aucun commentaire