L’exposition The Soul Trembles de l’artiste japonaise Chiharu Shiota prend ses quartiers au Grand Palais Rmn, en collaboration avec le Mori Art Museum de Tokyo.
Chiharu Shiota : « The Soul Trembles » au Grand Palais Paris – Une immersion entre mémoire et émotions
L’exposition
Une rétrospective de l’artiste japonaise Chiharu Shiota
Grand Palais Rmn Paris
Du 11 décembre 2024 Au 19 mars 2025
Créée initialement en 2019, cette rétrospective retrace vingt ans de la carrière de cette artiste contemporaine, marquant sa première monographie en France. Cette adaptation parisienne propose une expérience immersive, alliant installations monumentales, sculptures, dessins, photographies, vidéos et objets du quotidien, permettant aux visiteurs de sous-marins dans un univers artistique profondément introspectif et émotionnel.
Une artiste en quête de rupture
Née à Osaka en 1972, Chiharu Shiota s’installe à Berlin en 1999. Formée initialement à la peinture à Kyoto, puis influencée par la performance sous la direction de Marina Abramović, elle s’éloigne rapidement de la peinture traditionnelle.
Sa performance fondatrice, Becoming Painting (1994), où elle recouvre son corps de peinture rouge, marque le début de son exploration corporelle et spatiale.
Insatisfaite des limites imposées par la peinture classique, elle intègre des fils noirs, rouges, et blancs pour créer des installations immersives.
« Dessiner dans l’air », comme elle aime le dire, lui permet de transposer ses émotions et réflexions dans un espace tridimensionnel.
Les fils comme langage universel
Les installations de Shiota, souvent constituées de fils entrelacés, évoquent des connexions complexes et universelles. Le fil rouge symbolise la vie, les liens humains, mais aussi les souvenirs et la douleur collective. L’œuvre Uncertain Journey (2016/2024), par exemple, immerge les spectateurs dans des vagues de fils rouges jaillissant de barques vides, suscitant une réflexion sur les migrations et les souvenirs personnels. À travers ces œuvres, Shiota explore la fragilité des relations humaines et l’interconnexion des événements mondiaux.
Le noir, omniprésent dans ses créations, incarne l’univers des rêves et la profondeur de l’inconscient. Dans In Silence (2002/2024), il est associé à la musique, renforçant une atmosphère méditative. Le blanc, une couleur qu’elle adopte après 2017, symbolise un renouveau lié à son combat contre le cancer. Dans l’installation Où allons-nous ? (2017/2024), des bateaux suspendus recouverts de fils blancs évoquent un voyage spirituel et introspectif.
Objets du quotidien et de la mémoire
Les œuvres de Shiota intègrent fréquemment des objets familiers : lits, valises, vêtements ou chaises, enveloppés dans ses toiles monumentales. Ces objets, porteurs de mémoire, témoignent de la présence humaine passée. Par exemple, Connecting Small Memories (2019/2024) rassemble des meubles miniatures trouvés dans des marchés aux puces, symbolisant les souvenirs partagés. L’œuvre Dialogue from DNA (2004) repose sur des chaussures offertes par des inconnus à des notes personnelles, établissant une connexion intime entre les contributeurs et les spectateurs.
Le lit, récurrent dans son travail, symbolise la transition entre vie et mort, rêve et réalité. Dans Pendant le sommeil (2002), des participants s’endorment dans des lits d’hôpital, entourés de fils noirs, renforçant l’idée de mémoire accumulée et d’énergie invisible. La valise, autre motif emblématique, questionne les notions d’exil, de voyage et de mémoire, tout en entraînant toute interprétation strictement mortuaire.
Une réflexion universelle
Chiharu Shiota s’inscrit dans une tradition artistique qui privilégie la mémoire affective. Inspirée par Christian Boltanski, elle s’éloigne néanmoins d’une esthétique commémorative pour se concentrer sur l’expérience émotionnelle immédiate de ses spectateurs. Ses œuvres, éphémères par nature, visent à rester gravées dans la mémoire individuelle.
Avec The Soul Trembles , le Grand Palais offre une immersion sensorielle et intellectuelle dans le monde de Shiota, où chaque fil tissé raconte une histoire universelle de connexion, de perte et de résilience.
