Vues d’Afrique 2025 : Penser autrement le monde

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Vues d’Afrique 2025 : Un festival à l’écoute du monde et des voix africaines

Du 3 au 13 avril 2025, Montréal accueille la 41e édition du Festival International de cinéma Vues d’Afrique, rendez-vous incontournable du cinéma africain et créole en Amérique du Nord. Fidèle à sa vocation depuis 1985, le festival célèbre cette année encore la richesse des regards et des récits venus du continent africain, des Caraïbes et des diasporas, tout en encourageant les échanges interculturels et artistiques.

Vues d’Afrique 2025 : Penser autrement le monde

Organisé au Cinéma du Parc, le festival propose une sélection dense et engagée de 86 œuvres (70 internationales et 16 canadiennes) représentant 32 pays, avec une parité presque atteinte entre réalisatrices (47 %) et réalisateurs (53 %). Présentée par Québecor, cette édition s’est ouverte avec Ici et là-bas de Ludovic Bernard, comédie dramatique portée par Ahmed Sylla et Hakim Jemili, qui donne le ton d’un festival alliant exigence artistique et accessibilité.

Fictions majeures et nouveaux talents

La compétition officielle met à l’honneur des longs métrages de cinéastes confirmés, dont Première ligne de l’Algérien Merzak Allouache, Les invertueuses de Chloé Aïcha Boro (Burkina Faso), ou encore Les enfants rouges de Lotfi Achour (Tunisie/France/Belgique/Pologne). Des productions qui explorent la complexité des sociétés africaines contemporaines, souvent à travers le prisme de l’intime, de l’exil ou de l’engagement politique.

Les courts métrages de fiction sont également bien représentés, avec des titres prometteurs tels que : Aya de David Sogo, La nuit d’Abed d’Anis Djaad, ou encore Sous le voile de nos silences d’Eroubié Yasmine Délia Ido. Ils témoignent de la vitalité d’une nouvelle génération de réalisateurs et réalisatrices porteurs de formes libres et de récits ancrés dans les réalités sociales.

Documentaires : une mémoire collective à l’œuvre

Vues d’Afrique accorde une place importante au documentaire, et cette année encore, les films du réel occupent une position centrale. Parmi les œuvres marquantes : Cent douze de Joël M’Maka Tchedre (Togo), Je suis noire, je suis belle de Sabrina Onana (Égypte), ou encore Rumba congolaise, les héroïnes de Yamina Benguigui (France), qui met à l’honneur les femmes dans l’univers musical africain.

À noter, une section dédiée aux courts métrages documentaires, marquée par 13 premières canadiennes, offrant un panorama saisissant de la mémoire, de l’héritage et de la résistance. Des récits poignants venus du Bénin, du Niger, d’Algérie ou encore de Madagascar composent cette mosaïque d’engagement.

Regards d’ici : le dialogue nord-sud

Le festival poursuit sa volonté de connecter les créateurs canadiens aux cultures africaines et créoles à travers la section Regards d’ici. Cette programmation inclut des films nés de collaborations internationales, tels Femmes, tambours et résilience de Joseph Bitamba (Canada/Rwanda) ou Alazar de Beza Hailu Lemma (Canada/Éthiopie/France), mais aussi des œuvres sur l’identité, l’immigration ou la mémoire diasporique.

On y retrouve également des formes expérimentales, comme Murmurations de Patricia Bergeron (réalité immersive), ou encore Les filles et les garçons de mon âge de Giovanni Princigalli, hommage sensible au réalisateur Pierre Jutras.

Séries, animations et soirées culturelles

Autre temps fort de cette édition : la reconnaissance croissante des séries africaines, avec des titres projetés en premières mondiales ou canadiennes, dont Iboga Green de Davy Nkoume (France), Ankara, l’héritage des Nanas Benz de Sitou Ayite (Togo), et Monkam de Narcisse Wandji (Cameroun). Ces formats télévisuels montrent combien les industries créatives africaines se réinventent, entre tradition narrative et modernité esthétique.

Les films d’animation constituent également un moment apprécié du public, avec la présentation de Tremblements de Nicolas Jacquette (Maroc/Suisse/France) et d’une série de courts, dont Gabâo (Gabon), Baba (Sénégal) ou Toile de papillon (Togo), preuve que l’imaginaire africain se décline avec éclat dans l’univers des images animées.

Enfin, le Baobar, espace festif du festival, accueillera une série de soirées thématiques aux couleurs de différents pays : Haïti, Algérie, Maroc, Égypte, Rwanda, Madagascar, Tunisie ou encore Togo seront mis à l’honneur, dans une ambiance conviviale propice aux échanges culturels.

Un festival pérenne et engagé

Reconnu comme la plus importante manifestation consacrée aux cinémas africains et créoles en Amérique du Nord, le Festival Vues d’Afrique s’inscrit dans la durée grâce au soutien fidèle de nombreux partenaires institutionnels et culturels. Au-delà de l’événement annuel, le festival déploie des activités éducatives et interculturelles à l’année, notamment en milieu scolaire, mais aussi à l’international, via le réseau inter-festivals.

En conjuguant excellence artistique, diversité des formats et ancrage communautaire, Vues d’Afrique 2025 s’affirme comme un espace essentiel pour penser autrement le monde, à travers les regards d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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