Lucien Chéenne, poète du quotidien et rockeur sentimental : « Larmes au poing », un album entre lumière et vertige
Le 10 avril 2025, Lucien Chéenne signe un retour incandescent avec Larmes au poing, un album profondément habité, à paraître sur le label indépendant Flower Coast. Artiste rare, à la fois viscéral et pudique, Chéenne livre ici un recueil de chansons qui mêle la poésie à la sueur, le quotidien à l’épopée intime.
Ce nouveau disque a quelque chose de nomade, dans sa conception comme dans son souffle. Écrit entre les pierres blondes d’Astaffort — aux côtés de la constellation Cabrel (Jérôme Attal, Julien Lebart, Olivier Daguerre) — et les rivages atlantiques de Nantes et Piriac, Larmes au poing est un carnet de route émotionnel, traversé de secousses et de douceurs, de silences et de cris retenus. À chaque titre, Chéenne y inscrit une vérité nue, sans fard, puisée dans ses expériences : la paternité, son métier d’éducateur spécialisé, l’amour qui flanche ou qui renaît, les figures marquantes de sa vie.
On connaissait Lucien Chéenne pour ses débuts rageurs dans l’univers punk et alternatif. Ce qui n’a pas changé, c’est l’intensité. Mais aujourd’hui, elle se décline autrement : par la langue, par la voix, par les arrangements. Le rock y est toujours, tapi dans l’ombre, mais il s’habille de reflets folk, de touches psychédéliques, et surtout d’un lyrisme tout à fait personnel. À l’écoute de morceaux comme Derrière l’amour — bouleversante déclaration d’un fils à son père, quarante ans après — ou Les écorchés, cohabitent l’épure et la démesure. Les fantômes de Bashung, Ferrer ou Gainsbourg ne sont jamais loin, mais l’on croise aussi les horizons rêveurs d’Étienne Daho ou les allures chamaniques de Lo’Jo.
La poésie, surtout, imprègne chaque mot. Lucien Chéenne assume une écriture dense, sensorielle, où les images cognent autant qu’elles caressent. L’influence des poètes beat (Kerouac, Brautigan), de Cécile Coulon ou Denis Péan, mais aussi de Camus ou Sorj Chalandon, tisse une matière littéraire rare dans le paysage musical actuel. C’est dans ce tissage entre littérature et chanson que l’album prend toute sa force : Larmes au poing est un disque qui se lit autant qu’il s’écoute.
Enregistré entre la Sarthe, la Loire-Atlantique et Montreuil, sous la houlette de l’équipe de Vianney (Hugo Cechosz à la réalisation, Vincent Louvet pour les voix), l’album bénéficie d’une production à la fois sobre et enveloppante. Jamais démonstratif, toujours au service du texte et de l’émotion.
Quatre années de vie condensées en une douzaine de chansons, traversées de chutes et de renaissances. Car Chéenne ne chante pas pour briller, il chante pour comprendre, pour réparer, pour transmettre. Avec Larmes au poing, il offre un disque salutaire et incandescent, qui parle de nous autant qu’il parle de lui.
Et s’il fallait retenir une chose ? Que dans la grisaille du quotidien, il reste cette beauté simple, cette poésie discrète, que Lucien Chéenne sait faire émerger, l’âme à vif et le poing serré.
Prochains concerts :
- 14/04 La Maroquinerie – Paris (75) Support Cachemire
- 22/05 La Bouche d’Air – Salle Pannonica – Nantes (44) Release Party
- 23/05 Les Copains D’abord – Salbris (41)
- 14/06 La Cantine du Voyage – Nantes (44)
- 07/08 La Station Nuage – Nantes (44)
- 16/08 Le Petit Poucet – St Léon (63)
