Dope Girls : la nouvelle série qui bouscule les codes du drame historique ?
Avec Dope Girls, l’Angleterre de l’après-guerre s’offre une relecture audacieuse et électrique. Inspirée du livre Dope Girls: The Birth of the British Drug Underground de Marek Kohn, la série s’attarde sur le rôle des femmes dans un Londres en pleine mutation, alors que les soldats rentrent du front et que l’ombre du crime s’étend sur la capitale. Portée par un casting talentueux, cette production britannique se distingue par son esthétique assumée et son parti pris narratif moderne. Diffusée sur BBC One en Angleterre, et en France sur Canal+ à partir du jeudi 20 mars 2025.
Un casting féminin
Déployée sur six épisodes, la série suit quatre femmes aux trajectoires croisées. Kate Galloway (Julianne Nicholson, Mare of Easttown) cherche un moyen de survivre après le suicide de son mari et se rapproche de Billie (Umi Myers), une danseuse d’un club clandestin. De son côté, Evie (Eilidh Fisher), la fille de Kate, tente de se faire une place dans ce monde hostile. Quant à Violet (Eliza Scanlen, Les Filles du Docteur March), elle aspire à devenir l’une des premières femmes policières de Grande-Bretagne.
Ces figures féminines s’imposent dans un contexte de bouleversements sociaux : après quatre années de guerre, les femmes qui avaient pris en charge l’économie du pays voient leur place remise en question avec le retour des hommes. La réalisation signée Shannon Murphy (Babyteeth) met en lumière ces déchirements en conjuguant puissance dramatique et énergie visuelle.
Entre fiction et réalité
L’intrigue de Dope Girls s’inspire de figures historiques telles que Kate Meyrick, propriétaire de boîtes de nuit dans les années 1920, et Billie Carleton, actrice de comédie musicale au destin tragique. Le scénario emprunte également à Edgar Manning, musicien de jazz et trafiquant de drogue, pour illustrer l’essor d’un véritable empire de la nuit dans le quartier de Soho.
Tout comme Peaky Blinders, la série s’attache à restituer la fébrilité de l’époque. Les costumes, les choix de montage et la musique – qui intègre des sons électro modernes – renforcent cette ambiance immersive et contemporaine. Une scène du premier épisode, où Kate Galloway apparaît en ange ensanglanté dans une foule en liesse sur Trafalgar Square, incarne parfaitement cette approche stylisée.
Une vision décalée de l’histoire
Sans chercher un réalisme strict, Dope Girls assume une narration progressiste et inclusive. Dans la lignée de séries comme Dickinson ou Gentleman Jack, elle revisite l’histoire avec une approche délibérément anachronique, tant dans sa représentation des genres que dans son esthétique. L’emploi d’inserts textuels méta, comme l’affichage du nombre de crimes commis par Kate en stylisation graphique, participe à ce regard décalé.
La série ne se contente pas d’un simple drame historique, mais se positionne comme une proposition artistique forte, capturant l’essence d’une époque tout en y insufflant une énergie contemporaine. Ceux qui attendent une reconstitution fidèle à la Downton Abbey seront déstabilisés, tandis que les amateurs de séries d’époque réinventées trouveront de quoi s’enthousiasmer.
Avec l’acquisition de Dope Girls, Canal+ poursuit sa volonté de proposer des séries historiques audacieuses. Après Maison Close, qui explorait la prostitution dans le Paris de la fin du XIXe siècle, cette nouvelle production met en avant un autre univers où les femmes prennent les rênes de leur destin dans un monde dominé par les hommes.