Mort de Ziad Rahbani, l’âme musicale de Fairouz

Actualités
Lecture de 5 min
Photo : Novalib2 / Wikimédia

Ziad Rahbani est décédé le 26 juillet 2025 à l’âge de 69 ans. Compositeur visionnaire, pianiste et satiriste politique libanais, il laisse une empreinte durable sur la carrière de sa mère Fairouz et sur la scène artistique arabe, grâce à des œuvres musicales et théâtrales engagées.

- Publicité -

Ziad Rahbani, fils de Fairouz et voix indomptable du Liban, s’éteint à 69 ans

Beyrouth, 26 juillet 2025 – La communauté culturelle arabe est en deuil après le décès de Ziad Rahbani, célèbre compositeur, pianiste et auteur dramatique libanais. L’Agence nationale d’information du Liban a annoncé sa mort ce samedi, à l’âge de 69 ans.
Né le 1er janvier 1956 à Antelias, près de Beyrouth, il était le fils aîné de l’icône Fairouz et du compositeur Assi Rahbani. À seulement 17 ans, il compose « Sa’alouni El Nass » pour sa mère, marquant un début remarquable dans le domaine de la composition musicale.

Une carrière musicale remarquable avec Fairouz

Rapidement, Ziad Rahbani devient le compositeur principal des œuvres contemporaines de sa mère Fairouz, inaugurant une nouvelle ère dans sa carrière après la séparation avec les frères Rahbani. Dès 1973, alors qu’il n’a que dix-sept ans, il compose « Sa’alouni el Nass », alors que son père Assi est hospitalisé. Cette chanson marque à la fois un moment personnel intense et le début d’une complicité artistique unique entre mère et fils.

Dans les années 1980 et 1990, Ziad renouvelle le style de Fairouz. Il y introduit des arrangements épurés, une veine plus introspective, des influences de jazz, de funk, de musique classique occidentale et de ballades urbaines. Ce virage est sensible dans des titres devenus emblématiques :
– « Kifak Inta » (1991), poignant mélange de jazz et de mélodie arabe moderne,
« ‘Andi Si’a Fik », « ‘Awdek Rannan », « Addesh Kan Fi Nass » ou encore « Eh Fi Amal » (2010), témoignages d’un dialogue artistique fondé sur l’écoute, la nuance et l’émotion contenue,
« Bala Wala Shi », autre grand succès, révélant une Fairouz à la fois plus vulnérable et plus actuelle.
– Ziad Rahbani compose et arrange également plusieurs albums majeurs pour Fairouz :
– « Wahdoun », « Maarifti Fik », « Kifak Inta », « Eh Fi Amal », qui seront autant de jalons vers une esthétique plus moderne, sans renier l’exigence mélodique héritée des Rahbani.

En parallèle, il collabore avec d’autres artistes comme Latifa pour l’album « Maaloumat Akideh », et Salma Mosfi pour « Monodose », apportant à chaque projet une touche personnelle, nourrie de sophistication musicale et d’engagement poétique.

- Publicité -

En 2000, il dirige sa mère lors du concert mémorable du Festival de Beiteddine, un événement salué comme un retour en grâce, où le public découvre une Fairouz émouvante, servie par des orchestrations sobres et vibrantes signées Ziad.

Cette collaboration entre une icône intemporelle et son fils visionnaire a profondément marqué la scène musicale arabe. Ensemble, ils ont su conjuguer mémoire et modernité, sacralité de la voix et audace des formes, dans une alchimie rare et toujours fidèle à l’âme du Liban.

Théâtre engagé et satire politique

Parallèlement, Ziad s’illustre par son théâtre percutant. Dès ses débuts en 1973 avec la pièce Sahriyé, il réalise une série d’œuvres satiriques durant les années de guerre civile libanaise :

  • Nazl el Sourour (1974),
  • Bennesbé la Boukra Chou? (1978),
  • Film Ameriki Tawil (1981),
  • Chi Fashel (1983)

Ces pièces combinaient humour noir, critique sociétale et dénonciation du communautarisme et des inégalités politiques. Il s’exprimait aussi à travers des émissions de radio satiriques et commentait régulièrement l’actualité politique libanaise.

Hommages et postérité

Le président libanais Joseph Aoun l’a honoré comme « une conscience vive », une « voix contestataire contre l’injustice » et une figure culturelle importante. Le Premier ministre Nawaf Salam l’a décrit comme un « artiste créatif exceptionnel et une voix libre, fidèle aux valeurs de justice et de dignité ».

- Publicité -

Bien qu’il se soit fait plus discret ces dernières années, apparaissant de temps à autre dans des festivals comme Beiteddine, son influence demeure forte auprès des nouvelles générations d’artistes libanais et arabes.

Ziad Rahbani laisse derrière lui un héritage artistique unique, mêlant musique orientale, jazz et critique sociopolitique. Ses compositions pour Fairouz, ses pièces de théâtre et son engagement politique font de lui une figure essentielle du paysage culturel arabe.

Photo de couverture @ Wikimédia
Lire aussi 
Partager cet article
Suivre :
Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
Laisser un commentaire