Le couturier Giorgio Armani est mort à 91 ans. Retour sur la carrière du maestro italien, maître d’une élégance sobre et intemporelle.
Giorgio Armani, l’adieu au maestro de l’élégance
Le monde de la mode est en deuil. Giorgio Armani, figure tutélaire du style italien et pionnier d’une élégance sobre et intemporelle, s’est éteint ce jeudi 4 septembre à l’âge de 91 ans. La maison Armani a annoncé que le couturier est décédé paisiblement, entouré de ses proches. Un hommage public lui sera rendu à Milan, au sein de l’Armani/Teatro, les 6 et 7 septembre, avant des obsèques intimes, conformément à son souhait.

Un créateur infatigable
Affaibli ces derniers mois, Giorgio Armani avait manqué pour la première fois deux défilés de ses collections, à Paris et Milan. Mais jusqu’à la fin, il est resté engagé dans le travail qui a façonné sa vie. « Infatigable jusqu’à ses derniers jours, il s’est consacré à l’entreprise, aux collections et aux projets en cours et à venir », souligne le communiqué de sa maison.
Le créateur lui-même avait confié, dans une interview à Paris Match en 2017, son désir de partir en douceur : « J’ai un ultime rêve, celui de fermer les yeux, de m’endormir, et de m’en aller… tranquillement. » Ce vœu s’est réalisé, et c’est tout un monde qui perd une légende.
Cinquante ans de règne sur la mode
Fondée en 1975, la maison Armani a célébré cette année ses 50 ans d’existence, une longévité rare dans un univers en perpétuelle mutation. Pendant un demi-siècle, Giorgio Armani a imposé son style et son exigence, bâtissant un empire qui incarne l’élégance italienne et continue de rayonner à l’international.
Dès la fin des années 1970, il impose un style reconnaissable entre tous : costumes aux lignes souples, couleurs neutres, silhouettes déstructurées. Il libère le corps des carcans rigides et redéfinit le vestiaire masculin comme féminin. Le cinéma s’empare rapidement de sa vision : Richard Gere dans American Gigolo (1980) incarne cette allure Armani, entre sensualité et raffinement.
L’empire Armani s’étend ensuite bien au-delà du prêt-à-porter : haute couture, parfums, décoration, hôtellerie… L’esthétique du créateur devient un langage universel, incarnant la sobriété luxueuse et la modernité italienne.
Un style qui a marqué la culture populaire
Plus qu’un couturier, Giorgio Armani a influencé la manière de s’habiller, de travailler et même de se représenter dans la société. Ses costumes fluides, prisés des cadres et des stars d’Hollywood, sont devenus synonymes d’assurance et de réussite. Dans les années 1980 et 1990, son nom était indissociable d’une certaine idée du pouvoir, associant modernité et distinction. Les tapis rouges, des Oscars à Cannes, ont longtemps été dominés par ses créations.
Son approche de la mode allait à contre-courant des excès. Là où d’autres cherchaient l’extravagance, Armani a toujours privilégié la retenue, fidèle à l’idée que « l’élégance n’est pas se faire remarquer, mais se faire retenir ».
Héritage et succession
Dans un entretien accordé fin août au Financial Times, Armani évoquait sa succession, souhaitant un transfert progressif des responsabilités. Parmi les figures clés, son bras droit Leo Dell’Orco, présent à ses côtés depuis la fin des années 1970 et responsable du design des lignes masculines, apparaît comme un héritier naturel de son esprit créatif.
La maison qu’il a bâtie entend poursuivre son œuvre « avec respect, responsabilité et amour ». Comme l’indique le communiqué, « nous ressentons le vide laissé par celui qui a fondé et nourri cette famille avec vision, passion et dévouement. »
L’élégance en héritage
À travers ses créations, Giorgio Armani a marqué de son empreinte la mode contemporaine. Ses lignes pures, son goût de la sobriété, sa vision d’un luxe discret resteront une référence pour des générations de créateurs et d’amateurs d’élégance.
Son départ clôt un chapitre essentiel de l’histoire de la mode, mais son influence demeure vivante. Giorgio Armani n’était pas seulement un couturier : il était un symbole de l’élégance italienne, un artisan du style universel et un visionnaire qui a su donner au vêtement une dimension culturelle.
L’adieu au maestro laisse une profonde émotion. Mais son style, devenu patrimoine mondial, continuera de vivre sur les podiums, dans les rues, et dans l’imaginaire collectif.