Gérard Beaulieu : Un pinceau aux rêves mythologiques

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Entre illusion et mémoire, l’artiste Gérard Beaulieu explore les passerelles secrètes entre réalité et imaginaire, dans une œuvre où l’esthétique rejoint la métaphysique du regard.

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Gérard Beaulieu, des lueurs temporelles aux brumes oniriques

Par Michel Bénard

Dans un instant que l’on voudrait d’éternité, c’est l’utopie qui donne un sens à la vie, bien plus encore lorsque les clés du rêve deviennent métaphysiques. Se situant en marge du temps, à l’écart des modes, juste là où le passé, le présent et le futur ne forment plus qu’un — sorte d’abolition temporelle.

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Gérard Beaulieu :Un pinceau aux rêves mythologiques.
Europe

Par cette nouvelle et passionnante période, Gérard Beaulieu, qui n’en finit pas de nous interroger, ouvre encore une porte sur l’imaginaire de l’infini.
Voyage silencieux autant qu’énigmatique dans l’inconscient où tous les pans de la logique semblent déjoués.
Par les moyens de son art graphique qu’il maîtrise à la perfection — souvenons-nous de l’unité constante de ses périodes antérieures où il marie merveilleusement l’esthétique et l’originalité thématique — Gérard Beaulieu tente de nous dévoiler les univers parallèles, de défier les réflexes conditionnés, de transmuter notre mode de penser.

Gérard Beaulieu : Un pinceau aux rêves mythologiques
Palmas et le centaure

Il s’efforce de décoder pour nous l’irréel, d’inverser dans son miroir intemporel l’image du monde.
Il se joue de l’informelle blessure du cœur de la pantomime humaine, par cette flèche salvatrice ou justicière du destin. Par cette flèche, il donne la mesure de la fragilité de la vie et se penche sur l’étrange désuétude ou désillusion du cœur et de l’âme livrés au hasard des lames du tarot. L’équilibre est fragile, esprit désorienté.

Gérard Beaulieu : Un pinceau aux rêves mythologiques
La chute d’Icare

La comédie masquée de l’existence erre dans l’obscurité des couloirs de l’opéra comme des fantômes au royaume onirique de la nuit.
La solitude métaphysique infantilise les hommes, éternels comédiens en ce tourbillon sociétal. Par cette nouvelle période intemporelle, Gérard Beaulieu ne se risquerait-il pas de vouloir nous égarer entre une réalité hypnotisée et un rêve éveillé ?

Jason et Medee

Sous l’emprise inconsciente, Gérard Beaulieu en appelle à une nécessité intérieure : il touche à l’indéfini, déplace les jalons temporels et se relie à la mémoire du grenier de l’enfance qu’il préserve encore dans sa mémoire d’artiste-poète créateur.
L’utopie devient ici souffle de vie !

Jupiter et Antiope

Indéniablement, le destin jalonne le chemin de vie de signes imperceptibles ! Cependant, le créateur s’interroge, tout en nourrissant son œuvre. De ce fait, il s’avère fort peu probable que nous parvenions à la cerner ? Mais l’intérêt de l’artiste ne réside-t-il pas en ses espaces secrets, là où il peut le mieux s’identifier ?

Œdipe et le sphinx

Gérard Beaulieu ne cesse de nous étonner. Artiste aux multiples orientations, d’un talent presque insolent, aux plus éclectiques expressions et n’ayant plus rien à démontrer, il n’hésite pas à se lancer des défis.

Gorgone

Aujourd’hui libéré d’une carrière de designer, seul dans son atelier, un peu hors du temps, au-delà du rythme lancinant des aiguilles et des intrigues, il ne peint plus que pour l’unique plaisir de retrouver une qualité créative, de perpétuer et de préserver la noblesse du beau métier, du savoir-faire — sorte de clin d’œil provocateur ou complice aux maîtres anciens qui furent toujours les références fondamentales à l’élaboration de son œuvre. Je pense ici aux maîtres flamands comme Hans Memling, Jan van Eyck, aux Allemands comme Lucas Cranach, Hans Holbein, ou encore aux Italiens comme Michel-Ange, Léonard de Vinci, Botticelli, Pontormo, etc.

Cleopatre

Ainsi, les dernières œuvres que nous propose Gérard Beaulieu se veulent être une sorte de « retour » vers une certaine tradition, le regard de la modernité en plus, porteur du désir de restituer un hommage aux anciens, en mettant en situation des portraits ou scènes intimistes.
Au-delà d’une irréprochable technique, la symbolique s’impose comme un jeu voilé, un poème délicat, un dialogue ésotérique entre le peintre et son sujet.
Nous évoluons dans les vibrations d’un espace feutré, subtil, fragile aussi, qui nous laisse cette impression de vouloir aller cueillir des éclats de cristal ou des fleurs de sel.

L’amour sacré l’amour profane

Gérard Beaulieu nous plonge au cœur d’une sorte de dualité, de dédoublement d’image, d’effet miroir où le mystère de la femme transcende l’âme.
Confrontés aux jeux et méandres du destin nous voici projetés face à l’interrogation astrale.  A la relecture des signes du zodiaque au passage de la réalité au songe, à effleurer le parfum des silencieuses poétiques de la destinée déposée sur le damier noir et blanc de l’échiquier.
Par ces mystères d’alcôve la femme détiendrait-elle le monde entre les objets, déciderait-elle du devenir de l’homme ? Telle est son énigme grimée, son dialogue avec l’âme sur la toile de l’astrale sans embarquement pour la « terra incognita ».

Gérard Beaulieu : aux confins du rêve et du temps

 J’oserai soulever la question, faudrait-il décrypter dans ses icones féminisées quelques clés prémonitoires les énigmes du destin.
Qu’importe où ces méandres graphiques aux arcanes pigmentées risquent de nous conduire.  Être artiste pour Gérard Beaulieu c’est déjà revendiquer son besoin d’authenticité sa soif d’amour universel c’est respecter toutes les passerelles de vie et oser encore croire en l’homme.
C’est porter son regard et tendre tout entier vers un possible devenir plus lumineux avec cette notion de beauté devenant une nécessité naturelle.

Michel Bénard
Vice-Président de la Société des Poètes Français
Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Art et de Lettres

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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