Le Red Sea International Film Festival s’empare du cinéma muet

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Charlie Chaplin 1915 - Photo : PD Jankens / Wikimédia

À Djeddah, le Red Sea International Film Festival (Festival du film de la mer Rouge) célèbre sa cinquième édition avec un hommage inédit au cinéma muet. Pour la première fois en Arabie saoudite, des films de Charlie Chaplin, Buster Keaton et Laurel & Hardy seront projetés avec un accompagnement musical en direct. Une initiative audacieuse qui fait dialoguer le patrimoine mondial du 7e art avec une scène saoudienne en pleine renaissance.

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Le réveil d’un trésor : le Red Sea International Film Festival redonne voix aux géants du rire silencieux

Le décor est planté : du 4 au 13 décembre 2025, à Djeddah, le Red Sea International Film Festival (RSIFF) dévoile sa section « Treasures », un plateau de six œuvres restaurées emblématiques de l’histoire du cinéma. Parmi elles, un événement inédit dans le royaume : une séance muette accompagnée en direct par un orchestre.

Ce geste, à la fois artistique et symbolique, s’inscrit dans une dynamique de transformation culturelle. L’Arabie saoudite, où les salles de cinéma n’ont rouvert qu’en 2018 après plusieurs décennies d’interdiction, affirme aujourd’hui sa volonté de devenir une plateforme internationale de création et de diffusion cinématographiques.

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Une séance muette magistrale

Le point d’orgue du programme « Treasures » est sans conteste la séance muette en direct : un concert-projection dirigé par le musicien britannique Neil Brand, spécialiste du cinéma muet. Il accompagnera au piano — soutenu par un percussionniste — trois courts-métrages légendaires : The Immigrant de Charlie Chaplin, One Week de Buster Keaton, et Liberty de Laurel & Hardy.

L’expérience vise à recréer la magie des projections d’autrefois : un écran, un musicien, et la salle plongée dans le charme d’un rire universel. Pour le public saoudien, cette rencontre avec le patrimoine comique du XXᵉ siècle constitue une véritable première, un moment de découverte et de transmission.

Un hommage au patrimoine mondial du cinéma

Outre cette séance exceptionnelle, le RSIFF présente plusieurs restaurations majeures : deux films égyptiens mythiques, Aïda (1942) et Nashid Al-Amal (1937) de Ahmed Badrakhan, portés par la voix d’Oum Kalthoum, magnifiquement restaurés en 4K.

S’ajoutent à cette sélection : Spellbound (1945) d’Alfred Hitchcock, The Big Blue (1988) de Luc Besson, et Umrao Jaan (1981) de Muzaffar Ali — autant de chefs-d’œuvre qui traversent les époques et les continents. Le programme affirme ainsi la vocation du festival : créer un espace de dialogue entre les cultures et les époques, où le cinéma devient le langage commun.

Un tournant pour la scène saoudienne

En accueillant ces projections, le Red Sea International Film Festival franchit une étape déterminante. Il ne se contente plus d’être un lieu de diffusion, mais devient un acteur du patrimoine cinématographique mondial. Cette ouverture vers le passé s’articule avec le dynamisme de la production locale : de jeunes cinéastes saoudiens, notamment des réalisatrices, y trouvent une scène internationale pour présenter leurs œuvres.

Le directeur général de la Red Sea Film Foundation, Faisal Baltyuor, souligne : « Redonner vie à ces films, c’est reconnecter le public saoudien à la beauté originelle du cinéma, et affirmer que l’histoire du septième art appartient à tous. »

Un rire universel sous le ciel de Djeddah

Ce retour aux sources du cinéma, dans un pays tourné vers l’avenir, dit beaucoup sur la manière dont la culture saoudienne redéfinit sa place dans le monde. Derrière les rires muets de Chaplin ou Keaton se dessine une autre promesse : celle d’un cinéma sans frontière, capable de rassembler les spectateurs autour d’une émotion partagée.

Ainsi, du silence naît une parole : celle d’un art universel qui traverse les mers, les langues et les époques. Sous le ciel de Djeddah, la mer Rouge s’offre comme un nouvel écran où se reflètent les visages éternels du cinéma.

Photo de couverture @ Wikimédia
Le festival
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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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