Zaïko Langa Langa célèbre un demi-siècle de rumba avec Makinu

Lecture de 4 min

Symbole vivant de la rumba congolaise, Zaïko Langa Langa revient avec Makinu, un nouvel EP disponible en digital. Cinquante ans après sa création, l’orchestre fondé à Kinshasa continue d’écrire l’histoire musicale du continent africain, sous la direction de Jossart N’yoka Longo.

Zaïko Langa Langa : L’orchestre congolais revient avec un nouvel EP entre héritage et modernité

Plus qu’un groupe, Zaïko Langa Langa incarne une mémoire collective, une pulsation qui traverse les époques et les frontières. Fondé le 24 décembre 1969 à Kinshasa, l’orchestre a façonné la bande sonore d’une génération avide de liberté, imposant un style unique, le « Style Zaïko » : une rumba nerveuse, rythmée, teintée de funk et d’énergie urbaine. C’est cette identité sonore, forgée dans les rues et les clubs de la capitale congolaise, qui a conduit Zaïko à devenir une référence mondiale.

Zaïko Langa Langa - Makinu

Le nouvel EP Makinu s’inscrit dans cette continuité. Composé de quatre titres – Mbrouss, Awa Te, Souvenir Masa et Chez Pana Fereira – le disque célèbre à la fois l’héritage du groupe et son appétit d’innovation. Les trois premières chansons sont signées Jossart N’yoka Longo M’vula, figure tutélaire et dernier pilier de la formation originelle, tandis que Chez Pana Fereira est une création de Zola Tempo, arrangeur du projet. L’ensemble déploie une énergie communicative, un sens du rythme et du chœur qui rappelle les grandes heures de la rumba zaïroise.

Premier extrait du disque, Mbrouss annonce la couleur : une nouvelle danse, une chorégraphie entraînante, un groove irrésistible. Fidèle à sa vocation première – faire danser les corps autant que les esprits – Zaïko renoue ici avec la vitalité populaire de ses débuts. Derrière la légèreté apparente, Makinu témoigne d’une fidélité à la rumba comme art de vivre, langage collectif et célébration du lien social.

Depuis ses premiers concerts à Kinshasa, Zaïko Langa Langa s’est imposé comme un tremplin pour une génération d’artistes. Le groupe a vu naître et s’épanouir des figures majeures : Papa Wemba, Pépé Felly, Evoloko Jocker, Mary Joe… Tous ont contribué à propager l’esprit Zaïko, ce mélange d’audace musicale et de modernité. En 1974, lorsque le monde entier avait les yeux tournés vers le mythique combat Ali-Foreman, Zaïko était déjà là, sur scène, aux côtés de James Brown et Tina Turner, inscrivant la rumba congolaise dans l’histoire culturelle mondiale.

Au fil des décennies, l’orchestre a su se réinventer sans jamais renier ses origines. Chaque époque a trouvé dans Zaïko une résonance particulière : celle d’une jeunesse africaine en quête d’expression, d’une société qui danse ses espoirs et ses luttes. Aujourd’hui, Makinu en est la nouvelle traduction, un projet où la mémoire rencontre la modernité.

Porté par la voix toujours reconnaissable de Jossart N’yoka Longo, ce nouvel EP rappelle que la rumba congolaise n’appartient pas seulement au passé : elle demeure un art en mouvement, traversé par les influences du temps, mais toujours fidèle à sa source. L’annonce prochaine de concerts confirme cette vitalité retrouvée.

Cinquante ans après sa naissance, Zaïko Langa Langa continue de faire vibrer les pistes du monde entier. Avec Makinu, l’orchestre légendaire célèbre la continuité d’une œuvre collective, une musique née dans les faubourgs de Kinshasa et devenue patrimoine universel.

Instagram
Xavier Chezleprêtre
Lire aussi
Partager cet article
Suivre :
Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
Aucun commentaire