Le Red Sea International Film Festival 2025 dévoile une sélection riche et audacieuse, où de nouveaux talents rencontrent les voix majeures du cinéma mondial.
Red Sea IFF 2025 : dix films pour comprendre un monde en bascule
Par la rédaction
Le Red Sea International Film Festival dévoile cette année une programmation dense où s’entremêlent fictions, documentaires et œuvres hybrides venues d’Afrique, du monde arabe et d’Asie. Parmi ces films, certains se distinguent par la manière dont ils interrogent les tensions politiques, les fractures sociales et les mouvements de populations qui dessinent le monde d’aujourd’hui. Dix titres, issus de la compétition comme des sections parallèles, composent un ensemble qui éclaire l’exil, la mémoire et les résistances discrètes.
Les 10 films à ne pas manquer
Cette sélection n’est pas un palmarès. Elle propose simplement un chemin, une manière de lire le festival à travers des films où le réel affleure.
Barni
Le film somalien suit la disparition d’une fillette et la façon dont une famille, un voisinage et tout un territoire absorbent cette absence. Au-delà de l’intrigue, Barni interroge les fragilités contemporaines : celles des enfants, des familles en marge, et des communautés soumises aux tensions politiques. Le récit est direct, sans détours, porté par une mise en scène qui capte l’essentiel.
Lost Land
Tourné en langue rohingya, Lost Land occupe une place rare dans le paysage cinématographique international. Le film revient sur la fuite, l’errance et la lutte d’une communauté poursuivie dans son propre pays. La caméra accompagne des personnages qui cherchent un terrain stable où vivre, loin des violences. En filigrane, la question du droit à exister s’impose comme une ligne directrice.
Allah Is Not Obliged
Adapté du roman d’Ahmadou Kourouma, ce film d’animation aborde la guerre à hauteur d’enfant. Loin d’adoucir le récit, l’animation ouvre un espace où la lucidité prend une forme inattendue. Le parcours du jeune Birahima retrace les conflits, les groupes armés, les fuites successives. Ce choix de mise en image révèle l’ampleur d’un chaos historique qui dépasse le cadre géographique.
Hijra
L’histoire s’ouvre sur une disparition, une autre encore, qui pousse une fillette et sa grand-mère sur les routes. Hijra n’est pas un film d’exil comme les autres : il s’attache surtout à la relation intergénérationnelle et à la pensée migratoire telle qu’elle se transmet dans les gestes, les silences et les récits. Le film s’attarde sur la manière dont les familles portent les ruptures.
Palestine 36
Cette œuvre convoque un moment fondateur : la révolte de 1936 contre le mandat britannique. Palestine 36 revisite cet épisode avec sobriété, en révélant ce qu’il dit encore aujourd’hui des luttes pour la souveraineté, de la mémoire entravée et des archives qui peinent à se reconstituer. Le film se place à distance du spectaculaire pour privilégier la précision et le retour aux sources.
Unidentified
Un homme disparaît dans le désert. À partir de cette disparition, le film construit une enquête qui dépasse le cadre policier. Les pistes mènent vers les zones grises du pouvoir, les frontières mouvantes et les non-dits d’une société en pleine mutation. Unidentified fait du paysage un espace politique où chaque déplacement devient une forme de prise de position.
Truck Mama
Le portrait d’une femme camionneuse en Afrique de l’Est ouvre une réflexion sur le travail, les routes et les rapports de force sociaux. Le film suit une héroïne qui circule entre les villes et les marges, confrontée à un quotidien rude et à des structures économiques difficiles. Truck Mama propose un regard attentif sur les réalités que l’on évoque peu : les mobilités féminines et les métiers de l’ombre.
The Last Refugee
The Last Refugee explore le déracinement à travers la trajectoire d’un homme contraint de fuir. Le film suit l’adaptation, la difficulté de recommencer ailleurs et la sensation persistante de perte. Il formule une interrogation simple : que devient une vie lorsqu’elle doit se réinventer dans un espace qui ne lui appartient pas encore ?
Children of the Fire
Dans ce documentaire, la guerre apparaît du point de vue des plus jeunes. Le film recueille des récits, des traces, des gestes qui témoignent d’une enfance marquée par les violences et les déplacements forcés. Children of the Fire observe sans pesanteur, cherchant à comprendre ce que les conflits laissent en héritage.
Dust Road
Avec Dust Road, le cinéma saoudien donne à voir un territoire où se croisent pauvreté, routes secondaires et existence en marge. Le film ne cherche pas le spectaculaire ; il avance par petites touches, révélant des vies qui persistent en dehors des transformations majeures du pays. Une plongée sobre dans un quotidien rarement représenté.
Lire le festival autrement
Ces dix films ne forment pas un bloc homogène, mais un ensemble de trajectoires brisées, de résistances discrètes et de quêtes d’équilibre. Ils racontent des espaces souvent absents des circuits dominants, des territoires où la vie se réorganise malgré les ruptures. À travers eux, le festival propose une lecture aiguë du monde, où la fiction et le documentaire dialoguent pour éclairer ce qui demeure fragile.
La femme au cinéma : un espace en mouvement
Au-delà des films présentés cette année, le Red Sea International Film Festival poursuit son engagement envers la création féminine et les récits qui interrogent la place des femmes dans l’industrie. La présence de Juliette Binoche, figure majeure du cinéma mondial, rappelle combien les voix féminines continuent de remodeler les imaginaires et d’élargir les perspectives. En dialogue avec de jeunes réalisatrices venues de régions diverses, elle participe à mettre en lumière des trajectoires singulières, souvent fragiles, mais déterminées. Cette édition 2025 confirme ainsi le rôle du festival comme espace où se tissent de nouvelles solidarités artistiques et où la femme, devant ou derrière la caméra, peut affirmer sa vision.
Photo de couverture @ Wikimédia




