À Paris, le musée Marmottan Monet est passé d’un hôtel particulier dédié au Premier Empire à une institution majeure de l’impressionnisme. Son évolution repose sur une série de legs décisifs qui ont fait émerger la première collection mondiale de Monet.
Un musée, une histoire : comment le musée Marmottan Monet à Paris est devenu le premier musée Monet au monde ?
Par la rédaction
Musée Marmottan Monet Paris : d’un hôtel particulier impérial au sanctuaire de l’impressionnisme
À Paris, au bord du parc du Ranelagh, le musée Marmottan Monet occupe un hôtel particulier du Second Empire qui n’était pas destiné à devenir un musée. L’histoire commence en 1882, lorsque Jules Marmottan acquiert l’ancien pavillon de chasse du duc de Valmy. Collectionneur passionné par le Moyen Âge, la Renaissance et le Premier Empire, il transforme la demeure en un espace où se déploie une vision personnelle de l’histoire de l’art.
À sa mort, en 1883, son fils Paul Marmottan hérite du lieu. Juriste et spécialiste de l’art napoléonien, il développe un fonds remarquable dédié au Consulat et à l’Empire, enrichissant l’ensemble d’objets d’art, de tableaux et de mobilier. Sa volonté de préserver une cohérence historique se traduit par une organisation précise des salons, conçus comme un ensemble muséal avant l’heure.

En 1932, Paul Marmottan lègue l’hôtel particulier, ses collections et sa bibliothèque à l’Académie des Beaux-Arts, à condition qu’ils deviennent un musée ouvert au public. Le musée Marmottan ouvre à Paris en 1934. Il présente alors un parcours centré sur les arts anciens et l’époque napoléonienne.
Un premier changement survient en 1957 avec la donation de Victorine Donop de Monchy, fille du docteur Georges de Bellio, proche de nombreux peintres impressionnistes. Plusieurs œuvres de Monet, Renoir, Morisot, Pissarro, Sisley et d’autres maîtres entrent au musée. Cet apport fait évoluer l’identité du lieu et ouvre progressivement la voie à une relecture de ses collections.

La date clé reste 1966. Michel Monet, dernier héritier du peintre, lègue à l’institution l’intégralité de ce qu’il possède : tableaux, œuvres acquises par son père, séries tardives, et peintures conservées à Giverny. Parmi elles figure Impression, soleil levant, tableau emblématique de 1872 auquel l’impressionnisme doit son nom. Ce legs transforme instantanément le musée Marmottan Monet en première collection mondiale de l’artiste.

Pour accueillir ces ensembles, une salle souterraine conçue par Jacques Carlu est inaugurée en 1971. Elle présente les œuvres de Monet dans un espace pensé pour la lumière, les formats et les exigences de conservation des toiles tardives, notamment les Nymphéas.
Les enrichissements se poursuivent : en 1981, la collection d’enluminures Wildenstein apporte plus de trois cents miniatures médiévales ; en 1985, la donation Sergeant-Duhem réunit un ensemble d’œuvres du XIXe siècle ; en 1993, le legs Rouart fait entrer au musée le premier fonds mondial dédié à Berthe Morisot, avec peintures, dessins et documents provenant de la famille.

Aujourd’hui, le musée Marmottan Monet rassemble un arc chronologique rare, de l’enluminure médiévale à l’impressionnisme. Sa transformation illustre la manière dont un hôtel particulier consacré au Premier Empire est devenu, par l’effet combiné des legs successifs, un musée incontournable pour comprendre la trajectoire de Monet et l’évolution des collections privées vers le domaine public.



