Audrey Ismaël reçoit le premier Prix Girls support Girls de la Femme de l’année au Festival du Film de Demain. Une distinction forte qui salue le parcours singulier d’une compositrice engagée, à la croisée des récits intimes et des enjeux collectifs du cinéma contemporain.
Audrey Ismaël, première lauréate du Prix Girls Support Girls de la Femme de l’année au Festival du Film de Demain

À Vierzon, une première édition pleine de sens. Le 4 juin lors de la cérémonie d’ouverture du Festival du Film de Demain, le collectif Girls support Girls a inauguré un prix inédit : celui de la Femme de l’année. Cette première distinction a été remise à Audrey Ismaël, autrice-compositrice au parcours remarqué dans l’univers du cinéma et des séries, en reconnaissance d’une œuvre musicale puissante, traversée par la sensibilité et la résilience des figures féminines qu’elle accompagne à l’écran.
La remise du prix s’est tenue en présence de nombreuses personnalités : les membres du jury Anouk Grinberg, Victor Solf, Esther Garrel, Louis Cattelat, Elsa Bennett, Nessim Chikhaoui, ainsi que la comédienne Corinne Masiero et la réalisatrice Diane Kurys, dont le film Moi qui t’aimais ouvrait cette édition du festival.
Une compositrice au service des récits de femmes
Figure montante de la musique de film, Audrey Ismaël s’est illustrée récemment par des bandes originales marquantes : Le Consentement de Vanessa Filho, La Voie royale de Frédéric Mermoud, Diamant brut d’Agathe Riedinger ou encore Le Royaume de Julien Colonna. Ces œuvres, toutes centrées sur des portraits de jeunes femmes confrontées à des trajectoires complexes, résonnent avec le style d’écriture d’Ismaël : une musique incarnée, organique, où le violoncelle – proche de la voix humaine – tient souvent une place centrale.
Issue d’une double culture, elle puise aussi dans ses racines réunionnaises une richesse rythmique et mélodique singulière. Dans Marmaille de Grégory Lucilly, elle mêle les sonorités du maloya à la musique traditionnelle, allant jusqu’à prêter sa propre voix en créole à une berceuse finale.
Autodidacte, elle fait ses débuts avec Gueule d’ange avant de signer les musiques des séries Les Grands, Germinal, Vortex, qui lui valent deux fois le Prix de la meilleure musique au Festival de la Rochelle (2019, 2022). Elle travaille actuellement sur Le Secret de Khéops, long-métrage de Barbara Schultz (sortie prévue en mars 2025), dans lequel elle marie oud, percussions égyptiennes et influences rock pour raconter autrement.
Une distinction pensée comme un acte de reconnaissance collective
Créé par Vanessa Djian et Karolyne Leibovici, le collectif Girls support Girls œuvre depuis quatre ans à créer un espace d’échanges et de solidarité pour les femmes du secteur audiovisuel. Ce nouveau Prix de la Femme de l’année s’inscrit dans cette dynamique : « Ce prix, nous le mûrissons depuis de nombreux mois. Loin d’être une récompense de plus, il incarne le pouvoir du collectif au service de celles qui façonnent l’industrie audiovisuelle d’aujourd’hui et de demain », affirment les fondatrices.
Le choix d’inscrire cette remise de prix au sein du Festival du Film de Demain s’est imposé comme une évidence : « Un alignement naturel sur le terrain des valeurs », selon elles. Le co-fondateur du festival, Louis-Julien Petit, salue quant à lui une initiative « en parfaite résonance avec notre volonté de porter des récits qui nous invitent à voir le monde différemment ».
Une artiste engagée, un avenir déjà célébré
L’année 2024 a été marquante pour Audrey Ismaël, honorée en décembre par le Festival des Arcs, qui lui remettra le prix Révélation de la compositrice de musique de film. En parallèle, ses œuvres continuent de résonner sur les écrans, notamment avec ANAON (diffusé sur Prime Video depuis le 4 avril), La Maison des femmes de Mélisa Godet, et Badh de Guillaume de Fontenay, à venir en salles.
Ce premier Prix Girls support Girls vient ainsi consacrer une trajectoire déjà dense, traversée par une recherche constante d’authenticité sonore et d’engagement artistique. Une tradition est née à Vierzon – à la croisée du collectif et du sensible, du cinéma et de la musique.