Hassouna Mosbahi : l’écrivain tunisien du déracinement et de la mémoire s’est éteint.
Disparition de Hassouna Mosbahi, plume majeure de la littérature tunisienne
Hassouna Mosbahi, grande figure de la littérature tunisienne contemporaine, s’est éteint le 4 juin 2025 à l’âge de 75 ans, après un long combat contre la maladie.
Né en 1950 dans le village de Dhahibat, près de la ville d’al-‘Ala, au gouvernorat de Kairouan, Mosbahi s’est imposé au fil des décennies comme l’un des écrivains les plus sensibles et les plus engagés de sa génération, tant en Tunisie qu’à l’étranger.
Après des études de lettres françaises à Tunis, il est brièvement enseignant avant d’être exclu de l’Éducation nationale pour raisons politiques dans les années 1970. Contraint à l’exil, il s’installe en Allemagne à partir de 1985, à Munich, où il collabore avec la prestigieuse revue Fikrun wa Fann (Pensée et Art) et devient une voix incontournable de la critique et de la médiation culturelle entre le monde arabe et l’Occident.
Auteur d’une œuvre dense, traduite en plusieurs langues, Hassouna Mosbahi a exploré dans ses romans et nouvelles les thématiques du déracinement, de la mémoire, de la solitude et de la modernité troublée. Il a publié des titres majeurs tels que Hallucinations de Tréches (1995), L’Adieu à Rosalie (2001), Nouara du laurier-rose (2004), Une histoire tunisienne (2008), Les épines et le jasmin (2015), ou encore Sur les quais de l’exil (2022). Son écriture allie une grande rigueur stylistique à une acuité psychologique remarquable.
Il a également marqué le genre de la nouvelle, avec des recueils comme L’histoire de la folie de ma cousine Hania (1985) et La Nuit des étrangers (1997), salués par la critique et récompensés par plusieurs prix littéraires.
Parmi les distinctions reçues, figurent le Prix du ministère tunisien de la Culture pour la nouvelle (1986), le Prix Toucan de la fiction à Munich (2000), et le prestigieux Prix Mohammed Zefzaf de la fiction arabe (2016), pour l’ensemble de son œuvre.
Installé à Hammamet depuis son retour en Tunisie en 2004, Hassouna Mosbahi n’a jamais cessé d’écrire, de publier et de défendre une littérature exigeante, ancrée dans l’histoire et ouverte sur le monde.
La Tunisie perd un écrivain lucide, libre, profondément attaché à ses racines tout en portant une voix universelle. Le ministère des Affaires culturelles a salué un homme « engagé, passionné, dont l’œuvre continuera à faire rayonner la culture tunisienne au-delà des frontières ».