« Hot Milk » : Emma Mackey, Fiona Shaw et Rebecca Lenkiewicz parlent d’échec et de suicide assisté
La réalisatrice britannique Rebecca Lenkiewicz présente cette semaine son premier long-métrage, Hot Milk, en compétition à la Berlinale. Adaptation du roman éponyme de Deborah Levy publié en 2016, ce drame psychologique est porté par un trio d’acteurs fascinants : Emma Mackey, Fiona Shaw et Vicky Krieps.
Le film suit Rose (Fiona Shaw), une mère souffrant d’une énigmatique maladie osseuse, et sa fille Sofia (Emma Mackey). En quête d’un remède, elles se rendent dans une station balnéaire espagnole pour consulter le charismatique Dr Gomez (Vincent Perez). Ce dernier oscille entre l’image d’un sage perspicace et celle d’un charlatan opportuniste, nourrissant ainsi l’ambiguïté du récit.
L’intrigue se déploie dans une atmosphère moite et pesante, où chaque dialogue semble dissimuler une tension sous-jacente. Sofia, à la croisée des chemins entre la loyauté envers sa mère et l’affirmation de sa propre identité, rencontre Ingrid (Vicky Krieps), une figure fascinante et insaisissable qui déclenche en elle un mélange de désir et de confusion.
Rebecca Lenkiewicz, qui s’est illustrée comme scénariste avec Ida de Paweł Pawlikowski et She Said, adopte ici un ton bien différent. Contrairement à la rigueur documentaire de son précédent scénario, Hot Milk se distingue par sa construction elliptique et son onirisme latent. La mise en scène épure les décors au profit d’un climat sensoriel, amplifié par une bande-son étrange et hypnotique. Les plages arides et les eaux troubles de cette fausse Andalousie (le film a en partie été tourné en Grèce) deviennent le miroir des tensions internes des personnages.
Fiona Shaw incarne avec brio une mère à la fois tyrannique et vulnérable, prisonnière de son propre corps et de ses illusions. Emma Mackey, quant à elle, navigue entre la soumission et l’émancipation avec une subtilité remarquable. Leur relation, marquée par un amour étouffant et des non-dits accablants, constitue le véritable cœur du film.
Au-delà de la simple chronique familiale, Hot Milk interroge la transmission des traumatismes et l’emprise psychologique exercée par une mère sur sa fille. Le film explore les notions de sacrifice, de culpabilité et de manipulation affective avec une intensité qui bouleverse.
Si le film maintient une structure narrative volontairement fragmentaire, il n’en reste pas moins percutant. La conclusion, déconcertante, ne livre aucune résolution facile, laissant au spectateur le soin de combler les vides et d’interpréter les silences.
Avec Hot Milk, Rebecca Lenkiewicz signe une première réalisation exigeante, aussi belle qu’insaisissable, qui déploie toute la complexité des relations mère-fille à travers un prisme fascinant et troublant.
Titre : Hot Milk
Festival : Berlin (Compétition)
Réalisatrice : Rebecca Lenkiewicz
Scénariste : Rebecca Lenkiewicz (d’après le roman de Deborah Levy)
Acteurs : Emma Mackey, Fiona Shaw, Vicky Krieps, Vincent Perez, Patsy Ferran
Agent commercial : HanWay Films
Durée : 1 h 32 min