Le premier film de la réalisatrice mexicaine Victoria Franco, Twelve Moons, sera présenté en avant-première ce samedi au Festival de Tribeca, dans la catégorie Compétition internationale de fiction.
« Twelve Moons » dévoile un premier extrait avant sa première à Tribeca : Un regard intime sur les injonctions faites aux femmes
Un extrait du film a été dévoilé, introduisant une œuvre introspective portée par l’actrice Ana de la Reguera avec une mise en scène à la fois sobre et expressive.
Produit par Michel Franco, le frère de la réalisatrice, et distribué à l’international par Match Factory, Twelve Moons suit le voyage intérieur de Sofia, une architecte de quarante ans vivant à Mexico. Affectée par une perte douloureuse, Sofia tente de jongler entre ses aspirations personnelles et les pressions sociales, notamment autour de la maternité, de la réussite et de la féminité.
Dès le début de l’extrait, Sofia apparaît aux prises avec des addictions – alcool, drogues – qui ne sont pas stigmatisées mais présentées comme des symptômes d’un mal-être face au conformisme social. Victoria Franco souligne l’importance de représenter avec empathie ceux qui se sentent en décalage avec les normes. « En tant que femme, il y a une pression supplémentaire pour avoir un enfant, fonder une famille, être parfaite. J’admire celles qui résistent à ces attentes », dit-elle.
La caméra suit Sofia dans sa lente perte émotionnelle et professionnelle, montrant une femme qui perd ses repères mais cherche, à travers ses failles, une certaine authenticité. Elle est décrite comme une architecte « éthique », convaincue que les lieux influencent émotionnellement leurs occupants. Le film incorpore des bâtiments emblématiques de Mexico, notamment ceux de Luis Barragán, dont l’architecture résonne avec l’état d’esprit de Sofia.
Twelve Moons a été filmé en noir et blanc pour focaliser l’attention sur les émotions et les états d’esprit. La photographie de Sergio Armstrong G. joue sur les ombres et formes géométriques, rappelant à la fois le film noir et le néoréalisme italien. « Nous avons tourné très librement, souvent sans plan fixe. Sergio a su traduire l’instabilité émotionnelle du personnage par le visuel », explique Franco.
Cette approche intuitive, axée sur le présent, s’accompagne d’un tournage chronologique, inspiré en partie par Michel Franco. Cela a permis à Ana de la Reguera de s’immerger progressivement dans la psychologie de son rôle, que la réalisatrice qualifie d’« organique ».
Fameuse pour ses rôles entre Hollywood et le cinéma latino-américain, Ana de la Reguera joue Sofia avec une grande profondeur. « Elle a une compréhension intuitive du personnage. Parfois, je ressentais qu’elle portait ce personnage en elle depuis longtemps. » Aux côtés d’elle, Enrique Arreola complète un casting qui reflète l’atmosphère feutrée du film.
Un film en équilibre entre douleur et liberté, Twelve Moons explore les tensions modernes autour du corps, de la maternité, de la réussite et de l’aliénation. Il évite les démonstrations excessives pour adopter un ton feutré, presque silencieux, à l’image des espaces de Barragán. Le film se veut comme un miroir émotionnel, où chaque plan, chaque silence, chaque structure architecturale reflète un état intérieur.
Victoria Franco travaille déjà sur son prochain projet : un film centré sur une adolescente à New York. Mais pour l’instant, Twelve Moons marque son entrée remarquée dans le cinéma d’auteur international, porté par une vision personnelle et une sensibilité unique.
Festival de Tribeca – Première de Twelve Moons
Section : Compétition internationale de fiction
Réalisatrice : Victoria Franco
Avec : Ana de la Reguera, Enrique Arreola
Production : Michel Franco
Ventes internationales : Match Factory
Cinématographie : Sergio Armstrong G.
