Un autoportrait d’Adélaïde Labille-Guiard rejoint les collections du château de Versailles

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Autoportrait Adélaïde Labille-Guiard (1749 - 1803) Pastel sur papier Ovale. H. 62 ; L. 51 cm / H. 78 ; L. 68 cm (encadré) signé et daté en bas à gauche : « Labille F. Guiard 1782 » - Cadre ancien (d’origine ?) en bois sculpté et doré © Studio Sebert pour Taja

Le château de Versailles a préempté, lors d’une vente à Paris, un rare autoportrait au pastel de la peintre Adélaïde Labille-Guiard, datant de 1782. Une œuvre majeure qui souligne la place des femmes artistes dans l’histoire de l’art du XVIIIe siècle.

Acquisition exceptionnelle au château de Versailles : un autoportrait d’Adélaïde Labille-Guiard rejoint les collections nationales

Le 17 décembre 2025, le château de Versailles a exercé son droit de préemption pour acquérir un autoportrait au pastel d’Adélaïde Labille-Guiard, présenté lors d’une vente publique chez Tajan, à Paris. Signé et daté de 1782, ce portrait représente l’artiste vêtue d’une élégante robe de satin, tenant palette et pinceaux, prête à immortaliser un modèle dans son atelier.

Précédant l’autoportrait de 1785, conservé au Metropolitan Museum of Art à New York, cette œuvre témoigne déjà de la maîtrise exceptionnelle du pastel par Labille-Guiard. La délicatesse des tonalités, l’effet vaporeux des mousselines et la profondeur du regard traduisent son habileté technique et son sens aigu du détail. L’œuvre fut exposée pour la première fois au Salon de la Correspondance en juin 1782, avant de réapparaître au Salon de 1783, en face de l’autoportrait au chapeau de paille d’Élisabeth Vigée Le Brun, alors que les deux artistes venaient de devenir académiciennes.

Adélaïde Labille-Guiard
Autoportrait Adélaïde Labille-Guiard (1749 – 1803) Pastel sur papier Ovale. H. 62 ; L. 51 cm / H. 78 ; L. 68 cm (encadré) signé et daté en bas à gauche : « Labille F. Guiard 1782 » – Cadre ancien (d’origine ?) en bois sculpté et doré © Studio Sebert pour Taja

L’autoportrait souligne le statut de Labille-Guiard en tant que femme peintre accomplie et reconnue, à l’égal de ses pairs masculins et de Vigée Le Brun. Contrairement à sa consœur qui se met en scène à l’extérieur, Labille-Guiard choisit son atelier comme décor, affirmant sa maîtrise et son rôle actif dans la création artistique.

Cette acquisition enrichit le cabinet des arts graphiques de Versailles, fondé au début du XXe siècle et riche de plus de 30 000 œuvres, dont 1 500 dessins. Ces dernières années, plusieurs acquisitions majeures ont renforcé ses collections : le portrait de La Borde par Carmontelle (2022), des portraits d’enfants royaux par Simon Vouet et Rosalba Carriera (2024), ou encore un portrait du comte de Provence par Vigée Le Brun (2025).

L’autoportrait de Labille-Guiard, connu depuis longtemps de la conservation du château, s’inscrit dans la préparation d’une exposition monographique sur l’artiste. Il rejoint l’ensemble unique de portraits de l’Académie royale de peinture et de sculpture, où les femmes sont rares. Il rappelle également les liens privilégiés de l’artiste avec les filles de Louis XV et le comte de Provence, qu’elle a souvent représentés à l’huile ou au pastel.

Un autoportrait d’Adélaïde Labille-Guiard rejoint les collections du château de Versailles
Autoportrait avec deux élèves Adélaïde Labille-Guiard 1785 Huile sur toile New-York, Metropolitan Museum of Art © DR
Un autoportrait d’Adélaïde Labille-Guiard rejoint les collections du château de Versailles
Autoportrait au chapeau de paille Élisabeth Vigée Le Brun 1782 Huile sur toile Londres, National Gallery © DR

Par cette acquisition, Versailles souligne l’importance d’Adélaïde Labille-Guiard dans l’histoire de l’art du XVIIIe siècle et rend hommage à une virtuose du portrait féminin dont l’œuvre mérite aujourd’hui une reconnaissance à la hauteur de son talent.

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Joséphine Baker
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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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