Décès de l’écrivain espagnol Javier Marías

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Photo : Monsieur Chatouille / Wikimédia

L’écrivain espagnol Javier Marías, auteur de Un cœur si blanc et Demain dans la bataille pense à moi, est décédé à 70 ans à Madrid. Romancier, traducteur et académicien, il laisse une œuvre majeure, traduite dans plus de 40 langues.

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Javier Marías, la disparition d’un grand écrivain espagnol

L’auteur de Un cœur si blanc et Demain dans la bataille pense à moi s’est éteint à 70 ans à Madrid

L’écrivain espagnol Javier Marías est décédé le dimanche 11 septembre, à l’âge de 70 ans, des suites d’une pneumonie provoquée par le Covid-19, a annoncé sa maison d’édition. Hospitalisé plusieurs mois à Madrid, l’auteur laisse derrière lui une œuvre considérable, traduite dans plus de quarante langues et publiée dans une soixantaine de pays.

Né le 20 août 1951 à Madrid, Javier Marías était à la fois romancier, traducteur, éditeur et journaliste, figure discrète mais essentielle des lettres espagnoles contemporaines. Il avait été élu en 2008 à l’Académie royale espagnole, où il occupait le siège R. Fils du philosophe Julián Marías, compagnon de route d’Ortega y Gasset, il grandit dans un environnement intellectuel profondément marqué par la littérature et la pensée critique.

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Un écrivain de la mémoire et du secret

Après des études de philosophie et de lettres, Javier Marías enseigne à Oxford, puis à l’université Complutense de Madrid. Son œuvre se distingue par une écriture élégante et introspective, où se mêlent l’ironie, la réflexion morale et le mystère.
Son premier grand succès international, Le roman d’Oxford (Todas las almas, 1989), s’inspire directement de ses années britanniques. Il y explore les thèmes de l’identité, de la duplicité et de la solitude. Suivent Un cœur si blanc (Corazón tan blanco, 1993) et Demain dans la bataille pense à moi (Mañana en la batalla piensa en mí, 1994), deux chefs-d’œuvre qui imposent définitivement sa voix singulière dans la littérature européenne.

Marías était aussi traducteur de classiques anglais, notamment Thomas Hardy, Laurence Sterne et Vladimir Nabokov, dont il admirait la musicalité et la précision stylistique. Cette pratique de la traduction nourrissait sa propre prose, dense et subtile, souvent comparée à celle de Proust ou de Henry James.

Un esprit libre et indépendant

Homme d’une grande exigence morale, Javier Marías refusait toute compromission. En 2012, il déclina le Prix national de Narration attribué pour son roman Les Enamourments (Los enamoramientos), expliquant qu’il ne souhaitait recevoir aucune distinction « venant de l’État ». Cet acte de cohérence, loin d’être isolé, traduisait sa conception éthique de la littérature : un espace de liberté, sans soumission au pouvoir.

Jusqu’à son hospitalisation, l’écrivain tenait une chronique hebdomadaire dans le quotidien El País, où il partageait ses réflexions sur la politique, la société et le langage. Sa disparition laisse un vide dans le paysage littéraire espagnol et européen, mais son œuvre, entre ombre et lucidité, continue de dialoguer avec les lecteurs du monde entier.

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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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