Un siècle après sa parution, Gatsby le Magnifique ( The Great Gatsby) de F. Scott Fitzgerald inspire une nouvelle adaptation. Netflix confie au réalisateur oscarisé Stephen Gaghan la mission de réinventer le roman dans un décor contemporain, celui de la Silicon Valley.
Gatsby le Magnifique renaît dans la Silicon Valley avec Netflix : du rêve américain à l’ère numérique
Près d’un siècle après avoir dépeint l’Amérique des Années folles, le mythe de Jay Gatsby s’apprête à renaître sous une forme inattendue. Netflix a acquis le projet Valley of Ashes, une adaptation libre et moderne de Gatsby le Magnifique confiée à Stephen Gaghan, scénariste oscarisé pour Traffic et réalisateur de Syriana. Le film, encore en préparation, promet de transposer la quête d’amour et de réussite du héros de Fitzgerald dans l’univers impitoyable de la technologie et des milliardaires de la côte ouest américaine.
Le scénario, écrit par Gaghan lui-même, se déroulera à San Francisco, au cœur de la Silicon Valley. À la place des villas de Long Island et des fêtes démesurées des années 1920, le film devrait explorer les excès d’un autre âge : celui des start-ups, des fortunes numériques et du culte de la réussite individuelle. Derrière ce décor contemporain, l’histoire reste universelle : celle d’un homme obsédé par un idéal, dans une société où le succès se confond avec l’apparence.
Peu de détails ont filtré sur le ton du film ou la distribution, mais le projet séduit déjà par son ambition. Gaghan produira Valley of Ashes via sa société Super Emotional, en collaboration avec la productrice Jennifer Fox, déjà à ses côtés sur Syriana. Les dirigeants de Netflix auraient été conquis par la vision du cinéaste, saluant la modernité de cette relecture d’un classique de la littérature américaine.
Publié en 1925, Gatsby le Magnifique raconte la fascination de Nick Carraway pour son voisin, Jay Gatsby, un millionnaire mystérieux qui organise de somptueuses réceptions pour reconquérir Daisy Buchanan, l’amour perdu de sa jeunesse. Derrière les paillettes et le luxe, Fitzgerald dressait le portrait d’une société en quête d’illusion, où le rêve américain se teinte de mélancolie.
Ce roman emblématique a inspiré de nombreuses adaptations. La plus célèbre demeure celle de 2013, réalisée par Baz Luhrmann pour Warner Bros., avec Leonardo DiCaprio dans le rôle de Gatsby, Carey Mulligan en Daisy et Tobey Maguire en narrateur. Fidèle à son style baroque, Luhrmann avait transformé le roman en fresque visuelle éclatante, rythmée par une bande-son mêlant jazz et hip-hop.
Avant lui, Jack Clayton avait signé une version plus classique en 1974, avec Robert Redford et Mia Farrow, sur un scénario de Francis Ford Coppola. Cette adaptation, tournée pour Paramount, reste marquée par son esthétique élégante et son regard désabusé sur la richesse et la solitude. D’autres versions moins connues ont vu le jour dès 1926, 1949 et même sous forme de téléfilm en 2000.

Avec Valley of Ashes, Netflix parie sur une transposition audacieuse. En déplaçant le drame de Fitzgerald dans un monde de données et de puissance technologique, Stephen Gaghan semble vouloir questionner la permanence du rêve américain. Gatsby ne serait plus un magnat du jazz mais un entrepreneur façonné par la logique des algorithmes, cherchant à combler le vide de son ambition dans une société obsédée par la réussite.
Loin d’un simple exercice de style, cette adaptation pourrait ainsi offrir un regard critique sur notre époque, où la promesse de liberté se heurte à la domination des géants du numérique. Dans la vallée des cendres modernes, les illusions de Gatsby trouvent un nouveau terrain pour se consumer.



