L’autrice haïtienne Yanick Lahens reçoit le Grand Prix du roman de l’Académie française 2025 pour Passagères de nuit, une fresque poétique et résistante dédiée aux femmes et à la mémoire des peuples.
L’autrice haïtienne Yanick Lahens lauréate du Grand Prix du roman de l’Académie française
Une romancière haïtienne à l’honneur
Le Grand Prix du roman de l’Académie française 2025 a été attribué, le 30 octobre, à l’écrivaine haïtienne Yanick Lahens pour son ouvrage Passagères de nuit, publié aux éditions Sabine Wespieser. L’élection fut serrée : la lauréate a obtenu 11 voix contre 10 pour Pauline Dreyfus (Un pont sur la Seine), devançant Alfred de Montesquiou (Le Crépuscule des hommes).
Ce prix, doté de 10 000 euros, récompense chaque année depuis 1915 une œuvre de langue française distinguée pour sa qualité littéraire. Il précède de quelques jours les autres grands prix d’automne : le Femina, le Goncourt, le Renaudot et le Médicis.
À 71 ans, Yanick Lahens succède au Franco-Vénézuélien Miguel Bonnefoy, lauréat en 2024 avec Le Rêve du jaguar.
Une œuvre ancrée dans la mémoire et la résistance
Née à Port-au-Prince en 1953, Yanick Lahens est l’une des grandes voix de la littérature haïtienne contemporaine. Professeure, essayiste et romancière, elle s’attache depuis plusieurs décennies à raconter la complexité de son pays, sa beauté et ses blessures. Elle avait déjà obtenu en 2014 le prix Femina pour Bain de lune, roman magistral sur la mémoire et les destins croisés d’une famille haïtienne.
Dans Passagères de nuit, l’autrice tisse un hommage d’espoir et de résistance à travers plusieurs générations de femmes. D’Elizabeth, née en 1818 à La Nouvelle-Orléans, à Régina, issue d’un milieu modeste en Haïti un demi-siècle plus tard, elles incarnent la persévérance et la dignité face aux tragédies de l’Histoire.
Ces “passagères de nuit”, selon la métaphore du roman, traversent les époques et les mers, marquées par la mémoire des bateaux négriers et la condition des femmes noires. L’éditrice Sabine Wespieser évoque une œuvre “où le mot d’ordre est de toujours avancer sans se retourner”.
Une consécration pour une littérature exigeante
Avec cette distinction, l’Académie française salue une écriture lucide, poétique et engagée, qui explore la transmission, l’identité et la mémoire collective. Passagères de nuit s’inscrit dans la continuité du travail de Yanick Lahens : une littérature de la résistance, éclairée par la tendresse et la conscience de l’Histoire.
Ce Grand Prix du roman consacre également la maison d’édition indépendante Sabine Wespieser, fondée en 2002 et reconnue pour la qualité de son catalogue francophone. Fidèle à ses auteurs, l’éditrice a déjà vu plusieurs de ses publications distinguées par de grands jurys littéraires.

Une voix qui relie Haïti et le monde
Yanick Lahens incarne aujourd’hui une figure majeure de la littérature francophone. À travers son œuvre, elle relie les mémoires d’Haïti, des Antilles et de l’Afrique, donnant à entendre les voix longtemps effacées par l’Histoire.
Le Grand Prix du roman de l’Académie française vient couronner ce parcours exemplaire, celui d’une autrice qui écrit pour transmettre, se souvenir et espérer.
 
					 
							
 
				
 
			 
                                
                              
		

 
									