L’Institut du monde arabe dévoile les lauréats de la 3e édition de son Prix du design (4-14 septembre 2025). Une exposition célèbre talents émergents, artisanat, impact social et mémoire architecturale.
Prix du design 2025 : cinq lauréats qui réinventent la création arabe
Une exposition met en lumière les projets primés
L’Institut du monde arabe (IMA) lève le voile sur les heureux élus de la troisième édition de son Prix du design, un événement désormais essentiel pour célébrer l’inventivité contemporaine qui jaillit du monde arabe et de sa diaspora. L’exposition,organisé du 4 au 14 septembre 2025, met en lumière les projets primés dans cinq catégories, mélangeant nouveaux talents, artisanat, implication sociétale et reconnaissance d’une carrière remarquable.
Bahraini-danish : L’étoile montante
Le Prix Talent émergent est décerné au cabinet d’architecture bahraini-danish (Bahreïn-Danemark) pour « Surface! » (2024). Ce studio, passionné par l’histoire, la culture et l’environnement qui l’entoure, explore divers domaines – design d’objets, bijoux, mobilier, installations et architecture intérieure. « Surface! » est né d’une résidence à AlUla : un système astucieux de demi-tubes en acier inoxydable qui s’emboîtent, se transformant en écran, palissade, cloison ou mobilier. Cette modularité en fait un lien entre espaces, matériaux et publics, tout en proposant une réflexion sur l’adaptabilité et la durabilité.

Studio Saffar : L’artisanat repensé

Le Prix de l’artisanat contemporain revient à Studio Saffar (Koweït-Liban) pour « Dual Domes » (2022-2025), une œuvre imaginée par la designer koweïtienne Kawther Alsaffar. Formée au design industriel à la Rhode Island School of Design puis au Royal College of Art de Londres, elle fonde Studio Saffar en 2014 pour remettre l’artisanat local au centre. Les « Dual Domes », réalisés grâce à une technique de double coulée de métaux développée avec le maître artisan Mahir Mohammad, symbolisent à la fois la beauté des savoir-faire ancestraux et leur adaptation aux défis d’aujourd’hui. Leur fabrication s’appuie sur une communauté d’artisans et sur des matières premières locales, célébrant ainsi une économie circulaire et bienveillante.

Creative Space Beirut : Un modèle d’engagement social et environnemental
Le Prix de l’Impact – Arab Bank Switzerland récompense l’institution libanaise Creative Space Beirut. Cofondée en 2011 par Caroline Shalala-Simonelli et Sarah Hermez, cette école gratuite de mode a bouleversé l’accès à l’éducation créative au Liban en éliminant les obstacles financiers. Elle propose un cursus de trois ans qui met le talent avant les avantages. Les étudiants explorent la durabilité, l’artisanat patrimonial et les réalités sociétales contemporaines. L’école transmet aussi des pratiques respectueuses de l’environnement, comme la teinture naturelle, le recyclage ou la conception zéro déchet, formant une nouvelle génération de créateurs à la fois compétents, conscients et impliqués.

Ala Tannir : Une réhabilitation comme acte de résistance

Le Grand Prix est décerné à l’architecte et conservatrice Ala Tannir (Liban) pour « And from my heart I blow kisses to the sea and houses » (2024). Passée par le Carnegie Museum of Art, le MoMA, la Biennale de Venise et la Triennale de Milan, elle consacre son projet à la réhabilitation d’une maison des années 1920 sur le littoral de Beyrouth. Loin des méthodes classiques de conservation, elle utilise des approches artistiques expérimentales pour transformer le lieu en laboratoire culturel. Dans une ville marquée par l’instabilité et la spéculation immobilière, ce geste créatif devient un acte discret mais fort de résistance contre l’effacement de la mémoire urbaine.

Elias Khuri : Mémoire et identité architecturale

Enfin, le Prix du jury est attribué à l’architecte palestinien Elias Khuri, né en 1975 à I’billin, en Galilée. Diplômé de l’Université polytechnique de Milan, il explore le lien entre environnement bâti, nature et valeurs humaines, en s’inspirant de l’architecture vernaculaire des villages palestiniens, y compris ceux effacés après 1948. Son projet « Maison des Douze Oliviers » a déjà été primé pour son sérieux engagement éthique. Basé à Haïfa, Khuri poursuit une démarche qui tisse mémoire, patrimoine culturel et identité paysagère, affirmant l’architecture comme support de continuité et de présence.

Une vision du futur ancrée dans l’héritage
En réunissant ces parcours et projets, le Prix du design de l’IMA met en évidence un dialogue riche entre tradition et modernité. De l’artisanat revisité à l’innovation sociale, de la mémoire préservée aux expérimentations architecturales, les lauréats de 2025 représentent une vision du design à la fois enracinée et tournée vers l’avenir.