Le Musée des Beaux-Arts de Boston consacre une rétrospective inédite à Rachel Ruysch, pionnière de la nature morte, intitulé « Rachel Ruysch: Artist, Naturalist, and Pioneer »
Rachel Ruysch: Artist, Naturalist, and Pioneer (Rachel Ruysch : artiste, naturaliste et pionnière) au Musée des Beaux-Arts de Boston
Le Musée des Beaux-Arts de Boston (MFA) met à l’honneur Rachel Ruysch (1664-1750), une grande dame de la peinture du Siècle d’or néerlandais, du 23 août au 7 décembre 2025. C’est la toute première fois qu’une exposition complète lui est consacrée, soulignant la fascination que suscitent son travail précis et étonnamment moderne, à la croisée de l’art et de la science.
Longtemps oubliée, éclipsée par les hommes peintres de son époque, alors qu’elle était très célèbre de son vivant, Rachel Ruysch reprend aujourd’hui la place qu’elle mérite. L’exposition, intitulée « Rachel Ruysch : Artiste, observatrice de la nature et pionnière », regroupe 35 de ses plus belles œuvres, dont certaines jamais montrées au public, ainsi que des exemples de plantes et d’animaux provenant des collections de l’Université Harvard. Ce mélange entre peinture et sciences naturelles met en lumière l’incroyable capacité d’observation de l’artiste et son rôle dans la diffusion des connaissances aux XVIIe et XVIIIe siècles.


Un voyage au cœur de l’univers de Ruysch
L’exposition est conçue comme une promenade à travers la carrière de Rachel Ruysch. Elle commence par son enfance, passée dans le cabinet de curiosités de son père, Frederik Ruysch, un spécialiste d’anatomie et de botanique. Des microscopes, des papillons et des reptiles, qui l’ont directement inspirée, sont présentés à côté de ses premières peintures. On peut notamment admirer un portrait réalisé dans son atelier (1692, Metropolitan Museum of Art) par Michiel van Musscher, qui témoigne de la reconnaissance précoce de son talent.


L’exposition met également en avant les échanges artistiques et scientifiques entre femmes : on découvre, aux côtés de Rachel, les œuvres de sa sœur Anna Ruysch, de Maria Sibylla Merian et d’Alida Withoos. Ces rapprochements soulignent l’importance des femmes dans la construction des connaissances et des images de la nature à une époque où l’intérêt pour la science grandissait.
Art et époque coloniale
Les natures mortes de Ruysch, souvent composées de fleurs et d’espèces venues d’Asie, d’Afrique ou des Amériques, montrent aussi l’expansion des Pays-Bas à travers le monde. Une partie de l’exposition, intitulée « Fleurs d’Empire », replace ces tableaux dans un contexte plus large de commerce des plantes, de pouvoir et d’exploitation, rappelant les liens étroits entre l’art, la science et l’histoire du monde.


Rachel Ruysch, la peintre des fleurs éternelles
Rachel Ruysch (1664 – 1750) occupe une place singulière dans l’histoire de l’art baroque. Née à Amsterdam dans une famille cultivée, elle est la fille du médecin et anatomiste Frederik Ruysch, célèbre pour ses collections de curiosités naturelles. C’est dans cet environnement scientifique et artistique que la jeune Rachel s’initie très tôt à l’observation minutieuse du monde végétal et animal, une sensibilité qui marquera durablement son œuvre.
Formée auprès du peintre Willem van Aelst, elle développe une maîtrise exceptionnelle de la nature morte florale, un genre alors en plein essor aux Pays-Bas. Très vite, ses compositions raffinées et vibrantes attirent l’attention des amateurs d’art. En 1701, Rachel Ruysch franchit une étape décisive : elle devient la première femme admise à la Guilde des peintres de La Haye, une reconnaissance institutionnelle rare pour une artiste de son temps.
Son talent franchit bientôt les frontières. En 1708, elle est appelée à Düsseldorf, où elle occupe la fonction prestigieuse de peintre de cour de l’Électeur palatin Jean-Guillaume de Neubourg-Wittelsbach. Cette nomination illustre l’ampleur de sa réputation dans toute l’Europe. Ses toiles, foisonnantes de fleurs, fruits, papillons et insectes, se distinguent par une virtuosité technique remarquable : elle parvient à restituer la fragilité des pétales et l’éclat des couleurs tout en insufflant une énergie vitale à ses compositions.
Contrairement à nombre de ses contemporaines, Rachel Ruysch ne cesse jamais de peindre, conciliant son rôle de mère de dix enfants avec une carrière artistique florissante. Elle signe ses œuvres jusque dans un âge avancé, allant jusqu’à mentionner son âge sur certaines toiles, comme un manifeste de persévérance et de longévité créative.
Rachel Ruysch s’éteint en 1750 à Amsterdam, laissant derrière elle une œuvre prolifique qui témoigne d’un regard à la fois scientifique et poétique sur la nature. Aujourd’hui encore, ses tableaux sont célébrés pour leur richesse chromatique, leur précision naturaliste et leur capacité à transformer un simple bouquet en une véritable scène vivante.

Autour de l’exposition
Cette exposition, organisée en collaboration avec l’Alte Pinakothek de Munich et le Toledo Museum of Art, sera accompagnée d’un beau livre, la première étude de référence sur Ruysch depuis plus de 70 ans. Des événements ouverts à tous – conférences, ateliers et discussions – viendront compléter l’exposition, invitant à réfléchir aux liens entre l’art, la nature et notre société.
Agenda
Exposition « Rachel Ruysch : Artiste, naturaliste et pionnière »
Musée des Beaux-Arts de Boston (MFA)
Du 23 août au 7 décembre 2025