Les Enfants Rouges : Une œuvre bouleversante de Lotfi Achour

Cinéma
Lecture de 5 min

Les Enfants Rouges : Une œuvre bouleversante de Lotfi Achour couronnée au JCC 2024

Le long métrage Les Enfants Rouges de Lotfi Achour, récompensé par le prestigieux Tanit d’Or lors des 35èmes Journées Cinématographiques de Carthage, est une immersion poignante dans une réalité brutale et méconnue. Inspiré de faits réels qui ont marqué la Tunisie en 2015 et 2017, ce film explore les conséquences d’actes terroristes survenus dans les montagnes de Méghilla, tout en dénonçant l’indifférence des autorités et la souffrance des familles oubliées.

Une histoire ancrée dans le réel

Le film s’appuie sur les tragédies vécues par Mabrouk et Khalifa Soltani, deux frères bergers victimes d’assassinats barbares perpétrés par des groupes terroristes. Lotfi Achour traduit cette réalité en suivant le destin d’Achraf, un adolescent de 14 ans, et de son cousin Nizar, 16 ans, qui vivent dans un environnement isolé fait de montagnes et de paysages arides. Leur quotidien simple, rythmé par la garde du troupeau et leurs rêves juvéniles, bascule lorsque des terroristes attaquent violemment, tuant Nizar et laissant Achraf comme messager d’un acte abject.

Une plongée dans le traumatisme

Avec une mise en scène immersive et poignante, Les Enfants Rouges explore les émotions complexes d’Achraf face à l’horreur qu’il vient de vivre. Entre hallucinations, perte de repères et déshydratation, le jeune survivant lutte pour alerter les siens et surmonter un choc émotionnel insoutenable. Le film joue habilement sur la limite entre réalité et imaginaire, créant une atmosphère onirique qui illustre les ravages psychologiques causés par une telle violence.

Une critique sociale et politique

Au-delà de l’histoire individuelle d’Achraf, le film dénonce l’indifférence des autorités et la négligence envers les régions marginalisées de Tunisie. La souffrance de la famille, incarnée par une performance émouvante de Latifa Gafsi dans le rôle de la mère, s’étend au voisinage et reflète une détresse collective. Le récit souligne l’urgence de la justice et de la reconnaissance des victimes, tout en mettant en lumière la résilience de ceux qui restent.

Lotfi Achour : un cinéaste engagé

Réalisateur de renom, Lotfi Achour s’est toujours distingué par son approche audacieuse et son engagement pour des causes sociales. Avec Les Enfants Rouges, il continue de donner une voix aux laissés-pour-compte tout en affirmant sa maîtrise cinématographique. Achour témoigne de sa volonté de préserver la mémoire de ces tragédies, d’éveiller les consciences et de lutter contre l’oubli.

Une œuvre visuellement et émotionnellement marquante

Le film se distingue par sa photographie captivante, qui mêle les panoramas majestueux de la nature tunisienne au poids émotionnel des évènements. Entre le silence des montagnes et le chaos des émotions humaines, Achour offre un contraste saisissant qui transporte le spectateur au cœur de l’histoire. La musique et le montage subtils renforcent l’impact de ce récit poignant.

Réalisation : Lotfi Achour
Scénario : Natacha de Pontcharra, Doria Achour, Sylvain Cattenoy, Lotfi Achour
Producteurs : Anissa Daoud, Sébastien Hussenot, Lotfi Achour
Co-producteurs : Gwennaëlle Libert, Tatjana Kozar, Jacques-Henri Bronckart, Joanna Szymańska, Edyta Janczak-Hiriart, Krystyna Kantor, Olfa Ben Achour
Production : A.P.A (Artistes Producteurs Associés), La Luna Productions, Versus Production, ShipsboyDécors : Mohamed Mouhli
Image : Wojciech Staroń
Montage : Ewin Ryckaert, Malek Chatta, Anne-Laure Guégan
Son : Aymen Labidi
Musique : Jawhar Basti, Venceslas Catz
Interprètes : Ali Hleli, Yassine Samouni, Wided Dabebi, Younes Naouar, Latifa Gafsi, Jemii Lamari, Salha Nasraoui, Mounir Khazri, Noureddine Hamami, Eya Bouteraa, Rayen Karoui…
Distribution : Nour films

Une reconnaissance méritée

Le Tanit d’Or des JCC 2024 attribué à Les Enfants Rouges consacre non seulement une œuvre cinématographique exceptionnelle, mais aussi une démarche artistique courageuse et nécessaire. Ce film, véritable cri d’alerte contre l’injustice et l’oubli, restera gravé dans les mémoires comme une œuvre essentielle de la cinématographie tunisienne et mondiale.

Le cinéaste
Lire aussi
Cinéma
Partager cet article
Suivre :
Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
Laisser un commentaire