Le projet de biopic consacré à Debbie Harry, muse électrique de la scène punk et chanteuse du groupe Blondie, vient d’être annoncé. L’occasion de retracer un parcours qui dépasse les cadres du rock et du glamour, pour raconter une artiste qui a transformé son époque en brouillant les frontières entre la musique, la mode et l’image.
Debbie Harry : du CBGB au grand écran, l’icône Blondie racontée en biopic
Par la rédaction
Le film sur la vie de Debbie Harry, aujourd’hui âgée de 80 ans, promet de revisiter un pan entier de la culture new-yorkaise des années 1970 et 1980. Peu d’informations ont encore filtré, mais le projet serait porté par un studio indépendant, avec pour ambition de restituer l’énergie brute des débuts de Blondie et la personnalité insaisissable de sa chanteuse. Ce biopic, plus que la célébration d’une légende, s’annonce comme une lecture d’époque : celle d’une ville, d’un son et d’une femme qui a refusé d’être réduite à une image.
Des débuts discrets avant la foudre
Née Angela Trimble à Miami en 1945, adoptée à quelques mois par un couple du New Jersey, Debbie Harry grandit dans un environnement tranquille, loin des projecteurs. Mais la soif d’indépendance la pousse très jeune vers New York. Après des emplois ordinaires, elle trouve dans la scène underground un espace de liberté. Serveuse au club Max’s Kansas City, elle observe les figures montantes du punk et se construit une identité artistique en marge du système.
Blondie : entre punk, pop et avant-garde
En 1974, elle fonde Blondie avec le guitariste Chris Stein. Ensemble, ils intègrent le bouillonnement du CBGB, temple du punk new-yorkais où se croisent Talking Heads, Television et les Ramones. Blondie s’impose rapidement par un style hybride : rock, disco, reggae, new wave.
Leur succès mondial, notamment avec Heart of Glass (1979) et Call Me (1980), consacre un son avant-coureur : des rythmes synthétiques, une ironie pop, une esthétique urbaine. Debbie Harry, avec sa voix claire et son regard perçant, devient l’un des visages les plus reconnaissables du tournant musical de la fin des années 70.
Une image façonnée par l’ambivalence
Contrairement à d’autres figures féminines du rock, Debbie Harry ne s’est jamais définie comme symbole, mais comme présence. Blond platine, lèvres rouges et attitude distante : son image semble calculée, mais elle naît d’un instinct artistique. Son apparence brouille les codes du punk masculin et de la séduction publicitaire.
Elle devient malgré elle une icône féministe, sans l’avoir revendiqué : simplement parce qu’elle a occupé la scène à égalité avec les hommes, en affirmant un contrôle total sur son image et sa musique.
Au-delà de la scène : cinéma et expérimentations
Parallèlement à Blondie, Debbie Harry mène une carrière solo et cinématographique. Son premier album, KooKoo (1981), conçu avec le duo Chic, fusionne funk et science-fiction. Plus tard, elle collabore avec des artistes variés : Iggy Pop, Moby, Étienne Daho.
Au cinéma, elle travaille avec David Cronenberg dans Videodrome (1983), film culte sur la manipulation par l’image, puis apparaît dans plus de trente productions indépendantes. Chaque apparition semble prolonger le jeu entre réalité et fiction qu’elle cultive depuis ses débuts.
Ruptures et renaissances
Après la séparation de Blondie en 1982, la chanteuse se retire pour s’occuper de Chris Stein, guitariste et cofondateur du groupe, atteint d’une maladie auto-immune rare. Stein, compagnon de route et ancien partenaire de Debbie Harry, est aussi l’un des principaux compositeurs de Blondie et le créateur de son esthétique sonore singulière. Leur retour en 1999 avec No Exit rappelle la force intacte du duo : la chanson Maria devient un nouveau succès mondial. Depuis, Blondie a continué à enregistrer et à tourner, jusqu’à Pollinator (2017), confirmant leur rôle de passeurs entre générations.
Héritage et actualité d’une icône
Debbie Harry n’a jamais cessé de se réinventer. Son héritage dépasse la musique : il touche à la représentation de la femme dans l’industrie culturelle. De Madonna à Lady Gaga, nombreuses sont celles qui lui doivent un certain droit à l’audace.
Ce biopic, s’il parvient à capter la vérité de son parcours, devra montrer plus qu’une star : une artiste qui a traversé la modernité sans jamais s’y dissoudre.



