La Tour de Glace, le nouveau film de Lucile Hadzihalilovic avec Marion Cotillard et Clara Pacini, explore la frontière entre conte, réalité et vertige cinématographique.
La Tour de Glace : Marion Cotillard, muse glaciale dans le conte moderne de Lucile Hadzihalilovic
Avec La Tour de Glace, en salles depuis le 17 septembre 2025, Lucile Hadzihalilovic signe une œuvre aussi troublante que raffinée. Libre adaptation de l’univers d’Andersen, le film entremêle récit initiatique, drame psychologique et réflexion méta-cinématographique.
Une atmosphère hypnotique
Le film plonge le public dans les années 70, en suivant Jeanne (Clara Pacini), une jeune fille en cavale qui se réfugie auprès de Cristina (Marion Cotillard), une célébrité charismatique et mystérieuse. Leur lien, oscillant entre admiration et emprise, révèle une image troublante où la naïveté se confronte à la perversion du pouvoir et de l’envie.
Hadzihalilovic met en scène une réalisation très soignée : des plans immobiles, des lumières expressives, un jeu de miroirs et de moments silencieux. La photographie de Jonathan Ricquebourg magnifie les oppositions entre la lumière vive des paysages montagneux et l’obscurité des plateaux de tournage, conférant au film une qualité presque envoûtante.

Marion Cotillard, reine insaisissable
Marion Cotillard est absolument saisissante dans le double rôle de Cristina et de la Reine des Neiges. Elle est à la fois distante et sensuelle, forte et vulnérable, rendant parfaitement la complexité de son personnage. En face d’elle, Clara Pacini, une véritable découverte, se fait remarquer par une présence incroyablement forte, plus basée sur une authenticité profonde que sur une démonstration de jeu.
August Diehl, dans un rôle plus effacé mais néanmoins remarquable, apporte une tension subtile à l’ensemble.
Forces et limites
Le charme du film se trouve dans sa façon de raconter une histoire à travers des images et des sons magnifiques, en privilégiant les émotions et les sensations plutôt que des explications claires. La musique, un mélange de compositions classiques et de sons plus modernes, enrichit l’expérience et la rend encore plus immersive.
Toutefois, cette façon de faire, qui prend son temps et invite à la contemplation, pourrait ne pas plaire à tout le monde. Le rythme posé, le peu de dialogues et le scénario qui devient de plus en plus flou demandent de se laisser porter. Les spectateurs habitués à des histoires plus traditionnelles pourraient avoir du mal à s’y retrouver dans ce monde de rêve.

Une œuvre singulière
« La Tour de Glace » n’est pas juste un film pour se détendre ni une version différente d’une histoire connue : c’est plutôt une réflexion profonde sur la façon dont on voit les choses, ce qu’on garde en tête et la fin de la vie. En mélangeant ce qui est réel et ce qui est extraordinaire, Hadzihalilovic crée un cinéma qui captive vraiment, à la fois délicat et difficile à oublier, et qui laisse une impression forte.