« Nouvelle Vague » : Linklater rend hommage à Godard

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Photo : Harald Krichel / Wikimédia

Nouvelle Vague de Richard Linklater revient sur les jours fondateurs d’un mouvement qui bouleversa le cinéma mondial. À travers le tournage d’À bout de souffle, le cinéaste américain revisite l’esprit de Jean-Luc Godard, sa liberté et sa recherche d’un art en mouvement.

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« Nouvelle Vague » : Richard Linklater dialogue avec Jean-Luc Godard

« Nouvelle Vague » : Linklater rend hommage à Godard

Richard Linklater s’empare d’un mythe fondateur : celui de À bout de souffle, premier long-métrage de Jean-Luc Godard, tourné à la hâte en 1959 et devenu l’étendard de la Nouvelle Vague. Dans Nouvelle Vague, son nouveau film présenté en compétition à Cannes, le réalisateur américain ne cherche pas à sacraliser une époque, mais à en comprendre le mouvement intérieur — celui d’un cinéma qui s’invente en marchant.

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Richard Linklater, un cinéaste connu pour des œuvres comme Boyhood ou la série Before, jette un regard à la fois pointu et libre sur les débuts d’une œuvre qui a radicalement changé la façon de filmer, de monter et de concevoir les images. Le film, en noir et blanc et bercé par des airs de jazz, nous plonge dans les vingt jours de tournage d’À bout de souffle, entre improvisation et un joyeux chaos créatif.

Godard, alors critique passionné aux Cahiers du cinéma, y apparaît comme un jeune homme avide de casser les codes. Autour de lui, ses camarades – Chabrol, Truffaut, Rivette, Rohmer – préparent, sans forcément le réaliser, une véritable secousse artistique. Le scénario, griffonné à la hâte dans le métro, devient le point de départ d’un film qui ose bousculer la hiérarchie des plans et l’ordre établi des raccords. Linklater dépeint cette insouciance pleine de méthode avec une justesse qui oscille entre le documentaire et le jeu de miroirs.

Le réalisateur choisit de mettre l’accent sur le contraste entre les méthodes de Godard et les contraintes de la production. L’absence de maquillage, les scènes interrompues, les dialogues improvisés à la dernière minute : tout contribue à retranscrire cette envie de filmer la vie sans artifice. Jean Seberg, Belmondo, le producteur Georges de Beauregard – chacun incarne, à sa manière, les tiraillements d’un tournage fragile, constamment menacé par l’épuisement et l’incompréhension.

Linklater ne cherche pas à copier, mais à comprendre l’impulsion créatrice. Il s’intéresse à la façon dont un film, presque improvisé, devient un manifeste. En quelques plans, il souligne la radicalité du montage godardien : ne jamais couper là où on s’y attend, ne jamais figer ce qui est en mouvement. Ce refus du confort visuel, cette confiance en l’imprévu, se transforment chez Linklater en une réflexion profonde sur le cinéma lui-même.

Nouvelle Vague n’est ni une biographie de Jean-Luc Godard, ni une simple reconstitution historique. C’est un échange entre deux réalisateurs séparés par le temps, mais liés par la même curiosité : celle de saisir l’instant, d’en préserver l’énergie. Le film nous ramène à l’effervescence d’une époque où le cinéma, encore jeune, se réinventait à chaque prise.

Sans exagération ni nostalgie, Linklater redonne vie à l’élan fondateur de 1959 : celui d’une caméra libérée, d’un langage nouveau, d’un art qui ne cherche pas à imiter le réel, mais à le révéler. Dans cet hommage discret, le cinéaste américain signe un film sur la création, sur la foi qu’elle demande, et sur l’idée que toute transformation profonde commence par un acte de rébellion.

Nouvelle Vague a été présenté en sélection officielle en compétition au Festival de Cannes le 17 mai 2025.
Le film sortira en salles en France le 8 octobre 2025.
Aux États-Unis, il sera projeté en salles le 31 octobre 2025 avant sa disponibilité sur Netflix à partir du 14 novembre.
À Cannes, l’accueil a été enthousiaste, avec un ton de célébration du cinéma et une ovation notable.
La société Netflix a acquis les droits du film après sa première cannoise, assurant une diffusion plus large.

Photo de couverture @ Wikimédia
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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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