« Makam » de Michel Arkach
Makam de Michel Arkach
Par Djalila Dechache
Une rencontre importante
Il est des rencontres qui transforment une vie. Michel Arkach est de celle-là.
Je voulais le rencontrer depuis longtemps, lorsqu‘il faisait des émissions artistiques sur Radio Orient Paris. Mais cela c’était avant. Aujourd’hui à la faveur de la sortie de son livre si bien nommé Makam (mode artistique) je me suis armée de mon courage, faisant fi de ma timidité pour le rencontrer.
Il me reçoit très gentiment chez lui, avec le sens de l’hospitalité qui sied, là où il vit le plus clair de son temps avec les élèves et les professeurs, là où il dispense son art, celui du Oud et de la chanson, c’est-à-dire à son conservatoire de musique orientale qu‘il a créé dès sa venue en France à Paris. Parce qu’il est chanteur aussi, forcément, il est un merveilleux musicien et une mer.
Il me présente son conservatoire de musique orientale, avec son frère Philippe musicien également, avec ses locaux où chaque apprenant est pris en main individuellement par un professeur et la salle collective qui permet aux étudiants et étudiantes de se produire devant l’ensemble des élèves une fois par mois.Exercice stimulant qui permet de s’exposer et se mesurer aux autres.
Michel Arkach a ressenti un appel à la musique lorsqu’il avait 10 ans au Liban, cette terre si imprégnée d’art, d’histoire, de musiques et de voix sublimes, lui, le petit bonhomme déjà si sensible. Sa grande sœur lui offre son premier Oud et voici le début une aventure fabuleuse qui ne le quittera pas.
Un pédagogue hors pair
Il fait ses classes au Conservatoire de Beyrouth comme il se doit et reçoit son diplôme de fin d’études bien mérité au bout de 11 ans d’études. Il décide de créer un conservatoire à Beyrouth avec Philippe son frère.
A 23 ans ; il crée son « coup de folie » comme il le dit, un conservatoire privé à Paris avec son frère Philippe qui le rejoindra un peu plus tard. Ils sont totalement seuls sans amis, ni famille, ni connaissances.
Après avoir passé quelques années dans un appartement transformé en lieu d’apprentissage du Oud dans le 17ème arrondissement de Paris, il s’installent dans le 19ème parisien, rue de la Moselle dans ce local sur deux étages qui parachève son installation.
Depuis toutes ces années à Paris, plus de 7000 étudiants auront été formés à la musique , éduqués à la culture orientale. Parmi eux des professeurs de musique qui cherchent à comprendre le mystère du 1/4 de ton si spécifique, et un bon nombre d’élèves français.
Un Oudiste inoubliable
Dans son bureau, plusieurs Ouds accrochés au mur, ils semblent avoir connus de très riches heures avec leur propriétaire. A un moment donné Michel Arkach a joué un morceau avec l’un de ses Ouds. J’ai été saisie par la manière dont cet instrument résonnait, émettait un son plus que réel, d’une beauté rarement entendue.
Je voudrais signaler un sublime concert réalisé à la Cigale salle mythique de Paris où il a été invité par le chef d’Orchestre Gaby Odeïmi avec 40 musiciens et musiciennes et une chorale magnifique. La salle était pleine à craquer, Michel Arkach en Guest star, y a interprété de manière magistrale le fameux morceau historique Asturias d’Issac Albaniz créé à l’origine pour guitare, immortalisé par Farid al Atrache au Oud.
Michel Arkach a interprété ce morceau à l’Oud, qui résonne encore dans le cœur du public.
C’est cela Michel Arkach, un musicien de génie avec une grande humilité et générosité. Il a enregistré plusieurs albums et s’est produit dans de nombreuses salles de spectacles françaises (Paris, Nancy, Marseille…).
Il est aussi fondateur et directeur du conservatoire de musique orientale de Paris, un homme généreux, jovial, compréhensif et humain.
Si Farid al Atrache se serait réincarné, il le serait sûrement en Michel Arkash, tant l’amour du premier guide et inspire le second.
Le livre Makam, guide de musique orientale
Il lui a fallu presque trois ans de travail pour compiler notamment ce qui définit la musique orientale et son fameux quart de ton en substance.
La musique orientale est basée sur la monodie, où la mélodie est monophonique et construite sur un système extrêmement riche de modes mélodiques appelés « makams » hérités d’une longue histoire venue d’Irak, à la différence de la musique occidentale, basée sur la polyphonie et l’harmonie.
Sur les 124 pages, 64 sont composées de textes de présentation de la gamme, des makams, des instruments, des artistes et des conseils pratiques pour choisir et utiliser l’instrument-roi, le Oud. Ensuite en seconde partie, les 50 pages suivantes correspondent à différentes et précieuses partitions de chanteurs et chanteuse stars, Farid al Atrache, Om Kalthoum et Mohamed Abdel Wahab. L’ouvrage se lit très agréablement que l’on soit musicien ou pas.
Il est totalement nécessaire à qui veut découvrir, comprendre et pratiquer la musique orientale. Il a très vite trouvé sa place parmi les livres dédiés à ma musique, et devrait faire partie de toutes les bibliothèques, des conservatoires, des magasins de musique, d’instruments et plus encore dans tous les pays francophones dans un premier temps. Gageons qu’il ne tardera pas à être traduit en anglais et en arabe, il deviendra alors un vade-mecum pour tous et toutes.
Michel Arkach, Makam éditions Jets d’encre 2024
Djalila Dechache
- Conservatoire de musique orientale de Paris, 3 passage de la Moselle 75019 Paris, métro Laumière, Tél : 0142410707.
- Makam guide musical de Michel Arkash Editions Jets d’encre
- La cigale Paris concert Michel Askash Guest Star , Takassim’oud Takassim Oud Michel Arkash le 9 avril 2017 Orchestre Gaby Odeimi
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