De Tale of Us à Anyma : la mutation d’une voix mélodique

Lecture de 6 min
Photo : ObAnyma / Wikimédia

Matteo Milleri, connu jusqu’ici comme moitié du duo Tale of Us, s’est métamorphosé en Anyma : un projet solo à l’intersection de la musique, de l’image et de la technologie. À travers cette mutation, il dessine une techno augmentée — non pas pour surprendre, mais pour tisser des ponts entre la matière sonore et le monde virtuel.

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Anyma, techno immersive : vers l’expérience totale

De duo à individu : le mouvement vers Anyma

Matteo Milleri partage le passé du duo Tale of Us avec Carmine Conte, une aventure qui l’a forgé dans les teintes mélodiques de la techno et de la house.
Mais Anyma n’est pas la rupture : c’est une extension. Dès 2021, Milleri inaugure ce projet solo pour explorer des territoires où musique, art visuel et technologies interagissent librement.
Le projet commence avec des EP comme Claire — accompagné d’un clip NFT — et Sentient. Ces premières balises révèlent un désir de dépasser le format « DJ + pistes » pour recomposer un paysage sensoriel où l’auditeur est invité à habiter la partition visuelle autant que sonore.

Cette transition — du collectif à l’individuel — laisse entrevoir un artiste qui s’affirme, non pas par l’affirmation d’un nouveau style, mais par l’élan de l’expérimentation.

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Anyma
Anyma Afterlife Printworks Novembre 2022 – Photo : ObAnyma / Wikimédia

L’architecture d’une techno augmentée

La trame sonore

Le son d’Anyma puise dans les racines mélodiques — techno, house, électronique — tout en ménageant des respirations ambient, dramatiques ou planantes.  Mais il ne se contente pas de jouer des mélodies : il les agence comme des signes, des impulsions dans un espace fluide.

Le récit visuel

Ce qui distingue vraiment Anyma, c’est la dimension visuelle — un récit numérique projeté dans l’espace. Dans ses spectacles, des personnages comme Eva traversent des architectures imaginaires, en mutation, parfois suspendus au-dessus du public.
À la Sphere de Las Vegas, The End of Genesys s’est donné comme une « opéra cybernétique » : lumière immersive, écrans massifs, spatialisation extrême. Un témoin sur Reddit l’exprimait ainsi :

« You are absolutely ENGULFED head to toe in visuals … Videos will never do justice to the experience in person. »

L’audience n’est plus seulement spectatrice, mais entremêlée au décor. Les visuels ne sont pas un ornement, mais la chair du spectacle.

La technologie au service de l’émotion

Anyma intègre des techniques d’IA, de réalité augmentée et de blockchain (NFT) pour affiner cette relation entre son et pixel. Le clip Claire, par exemple, est accompagné d’un NFT à grande échelle, une expérimentation de l’art numérique lié à la musique.
Dans les spectacles vivants, la synchronie entre musique et visuel s’appuie sur des outils sophistiqués : le défi est de faire dialoguer le code et l’oreille, sans que l’un prenne le pas sur l’autre.

Ainsi, la techno devient augmentée : elle ne vise pas l’étalage technique, mais un lecteur amplifié du sensible. La technologie n’est plus simple alliée, mais extension des émotions.

Anyma
Photo : ObAnyma / Wikimédia

Entre lumière et densité

  • Sphere, Las Vegas : première résidence électronique dans ce lieu monumental. The End of Genesys y fut présenté en plusieurs soirées, chacune achevant des bilans de tickets épuisés.
  • Collaboration avec Grimes, Sevdaliza, Ellie Goulding : des passerelles vers des voix externes, mais toujours ramenées dans l’univers visuel d’Anyma.
  • Genèse d’un récit : l’album Genesys (2023) et Genesys II déploient une mythologie introspective autour de thème de la naissance, de l’évolution et de la rupture entre nature et technologie.
  • Spectacles immersifs en actes : selon les médias, les performances sont souvent divisées en plusieurs actes, chacun jouant une variation visuelle, comme un roman-scénique.

En suspension : enjeux et tensions

Dans cette quête, quelques équilibres restent fragiles. L’un d’eux est la frontière entre l’art visuel et la musique : quand l’éclat visuel devient dominant, où repose la place de l’auditeur ?
D’autre part, l’usage de technologies comme l’IA ou la blockchain stimule des débats — entre innovation et authenticité.
Enfin, le projet Anyma déconstruit la hiérarchie classique artiste / public : il réclame une réceptivité plus active — ce qui ne s’impose pas toujours.

Pourtant, ce risque est consubstantiel à sa démarche : un pas hors des rails, une invitation à l’errance sensorielle.

L’attention aujourd’hui se tourne vers ses prochaines apparitions — notamment à Rock en Seine, ou dans d’autres scènes européennes, où l’attente est palpable. Ces moments seront des passerelles entre le monde extraordinairement construit d’Anyma et la fragilité de l’instant partagé avec un public.

L’horizon est dessiné : continuer la trilogie Genesys, inventer d’autres formes, d’autres architectures vivantes. Mais, plus profondément, proposer une voie où la techno ne danse pas seule — où elle se fait paysage, mémoire, pulsation de ce qui relie l’homme au miroir numérique.

Photo de couverture @ Wikimédia
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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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