Fatiha BENZEBIBA – Mercredi en Poésie
Mercredi en Poésie avec Fatiha Benzebiba
Âme humaine
(Poème extrait du « souk des ânes »)
Je suis terriblement déçue.
De l’âme humaine.
Diablement conçue.
Où elle nous mène ?
Pétrie de mal.
Elle répand la haine.
Et comme d’un régal.
Elle se nourrit de peine.
Complexe et compliquée.
Elle jalouse, elle se venge.
Ses arcanes imbriqués.
Ont des facettes étranges.
Elle aime mais peut détester.
Et elle nuit quand elle aime.
Elle est incapable de se délester.
De son amour pour elle-même.
Elle dévaste et peut enrager.
Si elle est démunie d’un dû.
Elle va jusqu’à tout ravager.
S’il ne lui est pas rendu.
Impie, volage, impudique.
Elle abhorre tous les liens.
Son amour à sens unique.
L’empêche de faire du bien.
Elle esclavage ses valeurs.
Pour une victoire éphémère.
Et elle convoite les honneurs.
Pour satisfaire ses chimères.
Sa folie des grandeurs.
La plonge dans l’obscurité.
Elle couRt après des leurres.
Et des plaisirs non mérités.
Sauvage, cupide, insidieuse.
Elle réclame toujours davantage.
Sa nature orgueilleuse.
La maintient en otage.
Cruelle, insatiable, déloyale.
Elle est à l’appât de conquêtes.
Féroce, indomptable, partiale.
A tous les abus, elle est prête.
Elle survole, elle effleure, elle lacère.
Selon le profit qu’elle tire.
Le malheur des uns est son repaire.
Et leurs chagrins l’attirent.
Elle vit dans le tourment.
Toujours sur le qui-vive.
Son appétit gourmand.
La mène à la dérive.
Elle vit dans la crainte.
De perdre ses amas.
Toute joie éteinte.
Est son unique panorama.
L’âme humaine.
Continuera à me décevoir.
Sa nature malsaine.
Annihile tout espoir.
Je suis terriblement déçue.
De l’âme humaine.
Qui est souvent perçue.
Comme un diable sur scène.
Je ne peux vivre
(Poème extrait de « fragments de mots…maux »)
Je ne peux vivre dans l’attente.
Mon cœur s’enflamme, s’impatiente.
Pourtant, il essaie, il tente.
De taire sa passion latente.
Il est de nature ardente.
De peu, il ne se contente.
Il veut maintenir incandescente.
Sa braise renaissante.
Je ne peux vivre dans l’attente.
Mon âme m’interpelle, torturante.
Elle s’ennuie des senteurs entêtantes.
Des amours tièdes, florissantes.
Je ne peux vivre cette attente.
Mon esprit se représente.
Les images miroitantes.
Des romances palpitantes.
Je ne peux vivre dans l’attente.
Paresseuse, désespérante.
Pour la première fois, j’expérimente.
Ses facettes déplaisantes.
On ne récolte de l’attente.
Que des joies fuyantes.
Des espérances chancelantes.
Et des larmes brûlantes.
Je ne peux vivre dans l’attente.
Mon cœur vibre sans détente.
Femmes, aimez-vous
(Extrait de « faut pas arrêter de rêver carpe diem »)
Femmes, aimez-vous.
Et soyez fières de vos exploits.
Le bonheur est au rendez-vous.
Vous avez le gite et l’emploi.
Vous êtes maitresses de vos vies.
Et pouvez exaucer vos envies.
Ne laissez pas des us vieillis.
Vous encercler comme un treillis.
Ce ne sont pas quelques chiffres.
Qui détermineront votre beauté.
Les plus belles sont qui s’empiffrent.
Sans se soucier de leur décolleté.
Aimez vos silhouettes, vos cheveux,
Vos échecs et vos éclats de rire.
Nul n’a dit que les yeux bleus.
Sont les seuls qui attirent.
Rousses, brunes ou châtain.
Vous êtes la source et la finalité.
Votre grâce chaque matin.
Se renouvelle pour l’éternité.
Etre mannequin est un métier.
Non une application à suivre.
Créez votre propre sentier.
Et tracez les mots de votre livre.
Chaque défaut est un charme.
Qui vous rend particulière.
Chaque force est une larme.
Qui rehausse votre lumière.
Vous resplendissez à chaque défi.
Sans poudre ou rouge à lèvres.
Votre courage de petite fille,
Vous a mûri, sans être mièvre.
Femmes, levez-vous.
Honorez le culte de la féminité.
Tous les saints lui vouent.
Une vénérable sacralité.
Femmes, aimez-vous.
Vous êtes belles à tout âge.
Nul ne sait mieux que vous.
Asservir le maquillage.
Femmes, insurgez-vous.
On vous emprisonne dans des clichés.
Vous avez brisé tous les tabous.
Et tous les obstacles, fétichés.
Femmes, aimez-vous,
Vous êtes de valeureuses guerrières.
Vous avez apprivoisé les rêves fous.
Sans entacher les bonnes manières.
Femmes, révoltez-vous.
On vous reproche de tout vicier.
Pourtant, quand tout se floue.
Vous êtes l’œil du justicier.
Le monde s’abreuve de votre courage.
Et l’enfance repose dans vos bras.
Selon un vieil adage.
Ce que femme veut, elle l’aura.
Foncez toujours sans rien craindre.
Les chemins s’ouvriront sous vos pas.
La témérité va vous étreindre.
Et la victoire sera votre appas.
Soyez les dignes héritières.
De vos mères et vos aïeules.
Dont les bravoures séculières.
Sont répandues comme des glaïeuls.
Femmes, aimez-vous.
Vous n’avez rien à vous reprocher.
Vous êtes parfaites, cela s’avoue.
Est bienheureux,
Celui que vous approchez.
Femmes, aimez-vous.
Vous êtes les gardiennes du temple
Où tout s’agenouille et se dévoue
Pour suivre votre exemple.
Quand vous décidez d’aimer,
Vous donnez une promesse.
Généreuse de votre tendresse,
Sans détours, vous vous exprimez.
Femmes, aimez-vous.
Vous êtes l’origine de l’amour.
Qui peut mieux que vous.
Se vanter de donner le jour.
Fatiha BENZEBIBA
Fatiha BENZEBIBA, née en 1978 à Oran en Algérie, est une passionnée de poésie, pour qui versifier est aussi essentiel que respirer. Elle a commencé à écrire à l’âge de 18 ans, lorsque sa grand-mère, qui l’avait élevée, est tombée malade. Cet événement a profondément marqué Fatiha et a déclenché en elle un flot poétique ininterrompu. Depuis, elle n’a arrêté d’écrire, publiant à ce jour sept recueils de poésie avec des maisons d’édition françaises. Son premier recueil, intitulé « Valeurs » , a été publié en 2009 aux éditions du Panthéon. Ensuite, trois autres recueils ont été publiés chez EDILIVRE : « Le monde des grands » en 2014, « Kaléidoscope » en 2015, et « Carnets d’adolescence » en 2017. Plus récemment, elle a publié trois recueils aux éditions du Net : « Le souk des ânes » en 2021, « Fragments de mots…maux » en 2022, et « Faut pas arrêter de rêver carpe diem » en 2023.
Sa poésie, riche et variée, explore principalement les méandres de l’âme humaine. Fatiha est particulièrement curieuse de comprendre ce qui pousse certaines personnes à nourrir des ténèbres intérieures. Elle est sensible aux fluctuations émotionnelles des êtres humains et cherche à comprendre les raisons de leur mal-être, tout en trouvant la méchanceté absurde. Elle privilégie et admire les âmes bienveillantes et généreuses, qu’elle considère comme naturellement bonnes. En parallèle, elle écrit également de la poésie romantique et douce, soulignant que ce genre littéraire a pour vocation d’embellir le monde et d’exalter les sentiments.
Sur le plan personnel, Fatiha a suivi des études de droit et est diplômée de l’université d’Oran. Elle exerce actuellement le métier de juriste dans une entreprise.
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