Joëlle Thienard – Poésie
Mercredi en poésie avec Joëlle Thienard
Le rose du soir
Quel est ce rose qui vient
soulever les nuages
échappée du soleil
au couchant de ce jour
Est-ce la paix qui descend
sur l’ombre des montagnes
l’espoir qui prend forme
retombée des étoiles
quand le noir sera là
pour coucher l’horizon
et lasser l’inquiétude ?
Est-ce le signe aimant
que tout serait douceur
aux confins des violences
domptées ?
Est-ce la certitude
de la naissance plus forte
que la mort
l’existence des contrastes
et la joie de nos sens ?
Ou est-ce le lien secret
qui unit tous les hommes ?
C’était en tous les cas
un pont vers ces couleurs
qui nous donne l’espoir
qu’entre gris et lumière
la Paix pourrait venir…
L’écriture est un vaste pays
L’écriture est un vaste pays
ou s’abritent tour à tour
un foisonnement d’essences
sous un soleil radieux
ou la lune dans l’ombre
la rencontre des mondes
Lac
miroir de l’être
ou flots tumultueux
d’une mer en colère
nuages en transparence
herbes folles, en tous sens
elle est l’ilot perdu
infini de cadences.
En rimes ou sage prose
louant ou dénonçant
ses rives sont d’étranges
refuges
Apercevoir, sentir,
sonner ou se maudire
la seule certitude
est ce vaisseau torride
qui franchit tous les flots
se moquant de la forme
ou d’elle, prisonnière
Poésie, liberté
images certifiées
effroi d’une révolte
contemplation soudaine
elle aurait tous les droits
surtout fidélité
à celui qui la trace
en toute impunité…
Séparation
Laissons donc au passé
Les souvenirs heureux
N’entamons pas les rires
Ni les soirées complices
Se mêlant aux sourires
Des rêves éclos ensemble
Laissons les songes partir
De notre vie projetée
Heureuse et sans regret
Les envies les oui mais
Laissons la peine courir
Les chauds les froids
Pareil
Les coups du sort aussi
Quand les passions s’épuisent
La pluie se mêlerait
Aux moindres des soupirs
Laissons donc, oui, partir
Les semblants de désirs
Et les fausses paroles
Qui ne s’inscriraient pas
Dans le moindre avenir
Laissons les souvenirs
Tracer leur devenir
Pour que toujours subsiste
Notre amour de la vie….
Spontanéité
La spontanéité est une fleur fragile
si fragile qu’en un rien
elle pourrait sans couleur
ni pétales
s’enfermer dans des règles
qui atteignent sa vie
Laissez là s’exprimer
en dehors des vouloirs
des plans et des déliés
à vouloir tout savoir
Laissez-la s’exprimer
du fond du cœur
même
si elle vous choque un peu
elle ne connait que « j’aime »
J’aime oui
J’aime non
le présent est l’arpège
qui sous-tend sa musique
et dans le vent résonne
en un mot
quelques phrases
La spontanéité
est la sœur
de la sincérité
Ne la tuez jamais
car elle est synonyme
d’amour et liberté.
Si
Si
la radicalisation
effrénée
est
partout
L’encerclement
du mental
parade à la peur
de l’inconnu
différence
Si
le cœur est
sous le joug
enfermé
prisonnier
de qui
ne veut voir le vôtre
les errances
qui le font
battre
par-delà
le temps
Alors
Naît
La mort de l’humanité.
Poèmes inédits
Joëlle Thiénard
Avec un parcours toujours mené en fonction de sa passion pour la littérature, Joëlle Thiénard a exercé bien des métiers : d’enseignante à productrice de films et réalisatrice, sa carrière professionnelle s’est toujours doublée d’écrits : chansons, scénarii, poésies et journaliste correspondante. Elle donne naissance à un premier recueil de poèmes « À vol d’oiseau » quand elle décide de relier enfin ses écrits. Celui-ci sera suivi de nombreux autres ouvrages, dont collectifs et d’un premier roman, son rêve d’enfant. D’autres recueils, romans dont deux pour la jeunesse continuent d’enrichir ce parcours. Elle vit actuellement entre Paris et le sud de la France.
Poèmes proposés par l’ambassadrice de Souffle inédit Claudine Bertrand