Sophie-Mathilde Tauss, une femme de réflexion
Par Michel Bénard
Sophie-Mathilde Tauss est une femme de réflexion qui a besoin de s’intérioriser avant de s’abandonner à la création, son œuvre contient ses vibrations intérieures, elle transmet à la matière ses fréquences de créativité.
Les sources de sa création lui viennent d’une mémoire ancestrale qui remonte à l’origine du modelage, de la transformation de la terre, car le souffle de la sculpture lui fût transmis par l’art de la poterie qu’elle alla découvrir en Grèce.
Tout commence par la simple transformation d’une poignée de glaise qui doucement et timidement va muter en Aphrodite ou Orphée.
Depuis les balbutiements premiers, beaucoup de chemin fut parcouru et Sophie-Mathilde Tauss aime à rappeler que sa quête artistique passa déjà par le théâtre, la médecine psychiatrique et la psychanalyse. Mais en finalité tout participe du même principe, car le sens profond de la médecine comme celui de l’art c’est déjà vouloir préserver la vie et dispenser autour de l’humanité de la beauté et un peu plus de paix.
Sculpteur reconnu et de renom Sophie-Mathilde Tauss a un riche parcours et une forte expérience de la pratique du métier de sculpteur, ici nous parlons d’un métier, d’une maitrise, car la sculpture, la vraie, appartient à un art majeur qui ne cohabite pas très bien avec l’amateurisme et moins encore avec le dilettantisme. Oui il s’agit ici bien d’un métier, la créativité s’imposera naturellement après.
La sculpture est un acte de naissance, un voyage ponctué de silence.
Sophie-Mathilde Tauss est une initiée, familiarisée avec les expositions, les galeries, et salons les plus prestigieux,quant aux reconnaissances et distinctions ses tiroirs doivent en regorger, mais j’en resterai là, car je ne voudrais pas mettre en porte à faux sa discrétion et modestie. Par ailleurs j’éviterai de vous imposer un long cursus, afin de nous recentrer au cœur de la création pure.
La facture porte la signature personnelle du savoir-faire en sorte de rendre visible l’invisible., restituer de l’intensité aux volumes en permettant à la matière d’accrocher la lumière, sorte de sacralisation de l’œuvre.
Souvent certains critiques ont évoqué Auguste Rodin, ou Camille Claudel pour situer la démarche de Sophie-Mathilde Tauss, ce qui est partiellement une erreur car l’œuvre de cette dernière est beaucoup plus intériorisée, voire spiritualisée, les anges ici ont des ailes d’or.
Nous pourrions tout autant rapprocher l’œuvre de Sophie-Mathilde Tauss d’un Christophe Charbonnel, d’un Jivko, également d’un Marc Petit et beaucoup mieux sans doute d’un Georges Jeanclos.
Il y a un fil conducteur entre la signification, la profondeur et la gravité de l’œuvre, ce qui nous confronte au « signifiant-signifié. »
C’est à la fois un poème de vie, un cri et une déchirure. Chaque œuvre est composée de langue et de larmes d’argile qui contiennent le sel de la vie. Chez Sophie-Mathilde Tauss le geste créateur est complémentaire de son rythmeintérieur, la création est synonyme d’extension.
Par la maitrise de son art elle parvient à l’éclosion secrète de son âme. La sculpture est un long voyage initiatique ponctué de questionnement et de silence, où tout n’est plus qu’une question d’équilibre et d’harmonie.
Sophie-Mathilde a ce pouvoir de nous transporter dans un monde mythique ou légendaire dont l’univers est un concentré de poésie, de rêverie, de mythes en errance entre le spirituel et le symbolisme onirique, sorte de symbolisme où le fantastique n’est jamais bien loin.
Le sculpteur restera toujours le maître de ce merveilleux mystère, de savoir faire pleurer les pierres.
N’oubliez pas que sculpter c’est remplir un vide, combler une absence.
Michel Bénard
Lauréat de l’Académie française.
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.