Entre Paris et la Normandie, Nhu Minh Ngô façonne une œuvre où se rejoignent tradition millénaire, inspiration naturelle et quête intérieure. Céramiste et sculpteure, elle poursuit dans la matière un dialogue patient avec le monde.
L’art silencieux de Nhu Minh Ngô
Par Michel Bénard
Nhu Minh Ngô, comme son nom nous en informe est d’origine vietnamienne.
En marge de la sculpture et de la céramique Nhu Minh Ngô fît une carrière dans les relations internationales. Elle fût formée à Liège, Paris Sorbonne et Paris II. Une grande partie de sa carrière se déroula chez Hertz, attachée plus particulièrement aux gares et aéroports.
Mais un talent sommeille en elle et l’attirance pour le modelage, la sculpture n’est jamais bien loin, plus qu’un violon d’Ingres c’est un péché mignon. Commence alors une formation dans l’atelier renommé de Monique Hubert et puis perfectionnement avec Roger Vigent dans l’ancien atelier de Matisse.
Libérée depuis un certain nombre d’années de ses obligations professionnelles Nhu Minh Ngô se consacre entièrement à la sculpture, la céramique et artiste complète au dessin, ce qui à priori semble logique, car il est rare qu’un bon sculpteur ne porte pas en lui quelques prédispositions de bon dessinateur.
Ainsi notre amie se partage entre Paris et la Normandie terre de cœur.

Les éléments naturels sont partis intégrants et omniprésents dans son œuvre, ils sont le plus souvent sources de créations, d’ailleurs est-il plus grande source d’inspiration que la nature, tout y joue un rôle influent, coquillages, galets, rochers, bois flottés, matières de base de la création en succession d’influence. Formes, fonds, nuances, supports etc.
La force et la beauté de la nature distille en Nhu Minh Ngô une source créative. Naturellement fidèle à la tradition elle travaille à l’ancienne, à la main, technique millénaire. Elle utilise aussi le tour mais avec modération.
L’art de la poterie est sans doute l’un des plus vieux métiers du monde. Depuis des millénaires l’occident, les celtes, les Grecs etc façonnent la terre, mais les pays les plus dominants sont la Corée, le Japon, la Chine, le Cambodge, le Vietnam avec une formule précieuse d’émaillage.
La poterie où tout est axé sur le geste de l’intelligence de la main, est un artisanat d’art qui marque depuis toujours l’évolution des civilisations et qui demeure omniprésent dans la vie au quotidien. Mais il y a chez tous les potiers, les céramistes, un côté alchimiste où la magie et le mystère conservent une place essentielle, c’est tout l’énigme symbolique des quatre éléments, l’air, l’eau, la terre, le feu.
Alchimiste de la matière par son geste de création, le céramiste transmute la vie où il insuffle une inspiration infinie et éternelle. C’est ainsi que je perçois Nhu Minh Ngô qui par son art nous transmet la mémoire d’un souffle de pérennité.
Pour cette exposition notre amie a retenu la symbolique de la cérémonie du thé dont l’importance est majeure dans le monde entier, mais particulièrement en Extrême-Orient.
L’origine du thé est une longue histoire qui remonte pratiquement à 3000 ans et selon une légende son avenant très poétique remonte à l’époque l’empereur Shennong, des feuilles de thé se seraient détachées d’une branche pour tomber dans une jarre d’eau chaude que l’empereur faisait bouillir, ainsi serait née la formule du thé.
Depuis la consommation du thé s’est répondue sur la surface de la planète. Elle est la boisson la plus consommée au monde.
A chaque pays ses méthodes et traditions, le Japon est sans doute à ce propos le pays qui a le plus sacralisé la cérémonie du thé, en essaimant dans les autres pays satellites de l’Extrême-Orient.
Selon les poètes et philosophes le thé permet de mieux penser.
Appelé « le fou du thé » le poète Lu Tung écrit « Je ne m’intéresse nullement à l’immortalité, mais seulement au goût du thé. »
Nous trouvons aussi d’autres citations de lettrés telles que : « La sagesse de tout l’univers se trouve dans une tasse de thé. » ou encore : « On boit du thé pour oublier le bruit du monde. » ou encore aboutissement suprême : « Le chemin du paradis passe par la théière. »
Ainsi, sans nul doute c’est bien pour cela que notre amie Nhu Ming Ngô, crée avec amour autant de belles théières remplies de poésie et de beauté.
Michel Bénard
Vice-Président de la Société des Poètes Français
Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Art et de Lettres







