Poésie

Entretien avec Georges de Rivas – Hyacinthe

Entretien avec Georges de Rivas : « Pour moi la poésie n’est pas un fait littéraire »

Les jeudis d’Hyacinthe

Né en Oranie au sein d’une famille originaire de Grenade en Andalousie, Georges de Rivas parle le français et l’espagnol, ses deux langues maternelles, ainsi que le dialectal de sa terre de naissance.

Poète, il s’inscrit volontiers dans le sillage du lyrisme épique et poursuit une quête spirituelle et humaine qui, de l’exil à la révélation, font de lui une voix singulière de notre temps…

Rencontre avec Georges de Rivas 

Hyacinthe : Pour commencer, pouvez-vous nous parler de vous, de votre vie, de votre vie en écriture et du rôle que vos origines multiples jouent dans vos œuvres ?

Georges de Rivas : Je suis né sur l’autre rive de la mer en Oranie et le berceau de ma famille se trouve en Andalousie. Mes ancêtres ont connu l’exil sur une autre rive de la Mer à la suite de plusieurs années de sécheresse.

L’espagnol est ma langue affective maternelle, parlée par ma communauté dans la sphère privée, voire publique. Mon âme fut ainsi soumise à trois inclinations, le français, l’espagnol aux intonations andalouses, et l’arabe dialectal parlée au cours de mon enfance.

Ce mélange du génie de chaque langue, transfigurée par une immense joie de vivre allait parfois jusqu’à la plus totale dissociation du son et de tout sens littéral. Un au-delà de l’Éros grammairien ouvrait ainsi les voies à je ne sais quelle langue perdue, oubliée dans les annales du cosmos, réminiscence d’une langue éolienne échappant à tout crédo d’école ou armature syntaxique. Une sorte de langue du paradis, celui de l’enfance en résonance avec la patrie céleste immémoriale, qui n’empêchait pas une compréhension toute intuitive, exhalaison d’une « langue de l’âme pour l’âme « jaillie de l’exaltation imaginative qui animaient nos courses effrénées et la fantaisie de nos jeux.

Une langue de poètes insensés montait comme un parfum de voix originelles parmi les ors du crépuscule se poursuivant dès le premier sommeil, lorsque l’enfant épuisé tombait alors dans un immense puits constellé d’images et de sonorités cosmiques.

Ainsi ai-je pu saisir d’instinct que l’âme humaine pouvait aimanter l’avènement de sa voix singulière, hâter la venue de sons inouïs, habiter une parole antérieure à toute règle syntaxique et ces noms inconnus apparus sous forme d’hapax énigmatiques.

Énigmatiques et énigmatiques, ils semblaient imprégnés d’un souffle prophétique. Et ne reste que la nostalgie de cette parole descendue sur les nacelles du silence et les eaux-vives de l’enfance où baignent depuis toujours les Grands Transparents de l’éternel génie poétique, chers au surréalisme et à la parole d’André Breton : « Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le visible et l’invisible, le réel et le surréel cessent d’être perçus contradictoirement. »

Une telle vision avait été précédée et semble-t-il vécue avec plus d’intensité et de profondeur par Novalis dans ses Fragments : « Nous sommes plus étroitement liés à l’invisible qu’au visible ».

Poésie de la Révélation inspirée par une vision orphique du monde où le poème allié à la musique déploie au-dessus du néant les ailes d’un lyrisme flamboyant. A la frontière illusoire du réel et de l’imaginaire.

Cette enfance au contact de trois peuples et de plusieurs confessions a ouvert mon cœur à l’universel, à l’essence et au devenir du génie méditerranéen. Mais plus encore, s’étant produite dans une ambiance « primitive » très naturelle et fantaisiste, l’influence de l’enfance m’apparaît primordiale : c’est ce vécu «  archaïque » qui aura contribué à faire prévaloir la jubilation de la voix vive, la résonance au mystère de la parole, et sa précellence sur toute saisie immédiate du sens qui pour moi est Poésie.

Poésie au-delà de toute écriture ! Poésie du mystère de la vie, poésie du Tout-monde chère à Édouard Glissant, mais aussi Poésie d’outre-monde et de l’outre-passement.

Poésie du dépassement des conditions naturelles, Poésie de l’outre-pas, voire du trépas : les trois pas que l’âme vivrait après l’abandon de son corps physique et qui se nomme la mort. C’est cet au-delà qu’évoquait André Malraux dans son livre Lazare : « Je ne crains pas la mort, mais le trépas », écrivait-il alors.

C’est cette vision orphique du monde qui est affirmée par l’un des plus profonds poètes contemporains, Michael Edwards : Le poète anglais, professeur au Collège de France écrit dans son livre « Le Génie de la poésie anglaise » (Les Belles lettres) : « La tâche de la poésie n’est pas de se confronter à la mort, mais selon la poétique de Milton et de Blake de s’ouvrir ici et maintenant à ce qui existe au-delà de la mort ». Au-delà de la descente d’Orphée aux enfers en quête de son Eurydice − la Catabase- existe aussi depuis le poïein chrétien, et la vision de Dante − l’Anabase − ou ascension spirituelle de l’âme, du poète de Florence, qui à l’inverse d’Orphée au cours de sa remontée des Enfers suivie par Eurydice − est ici précédé par Béatrice sur la voie qui le conduit au paradis. Et l’on ne peut passer ici sous silence la parole de Saint-John Perse au sujet de Dante dans son Discours de Florence (700ème anniversaire de sa naissance) : « Il a vécu à hauteur d’homme des temps qui ne sont pas le temps de l’homme ».

Toute cette vision du monde, cette perception suprasensible habitait mon enfance favorisée précisément par l’éclatante beauté sensible de mon pays d’origine.

C’est là que j’ai bu l’eau-vive d’une parole primitive, saisie à même sa source vibratoire-incantatoire, que d’aucuns nomment présence du Logos et ma joie d’une déclinaison originelle de la parole, jubilation oraculaire de l’âme au sceau de son essence, la voix et sa tessiture singulière, présence comme tissée d’augurales réminiscences prénatales. Voix comme advenue des avenues de quelque au-delà. D’où ma réticence innée au passage de l’inspiration dans l’écrit. Comme l’écrit Novalis dont je me sens si proche : « On ne comprend pas le langage, parce que le langage lui-même ne se comprend pas, ne veut pas comprendre. Le vrai Sanscrit parlait pour parler, parce que la parole était son plaisir et son essence » La parole inspirée qui vient du cœur est tout comme l’espérance à elle-même présence et oraison éternelle de l’espérance. C’est dans ce sens que le Grand Éphésien Héraclite a pu dire : « Dans l’âme humaine existe un Logos qui se développe par lui-même » Ou encore René Char disant : « Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d’eux ». Les mots seraient donc investis d’un pouvoir de connaissance échappant à notre entendement Éminente résonance à la vision de Hölderlin pour qui tout – notre mystère ontologique – procéderait du langage.

Hölderlin écrit dans son poème : « VOCATION DU POETE » p. 780 la Pléiade : « Le Père, lui étend un voile

de nuit sacrée, afin qu’il nous reste un lieu. »

Dans ce poème extraordinaire, tant de choses sont dites ! L’essentiel est ici la vision que le Divin – le monde spirituel- nous demeure voilé …Afin qu’il nous reste encore un lieu – un mystère à découvrir, dans l’outre-pas, au cours du trépas.

Question existentielle, essentielle, déjà formulée par René Char dans les Matinaux : « Toute la question sera de savoir si la mort met le point final à tour. Mais peut-être notre cœur n’est-il formé que de la réponse qui n’est pas donné ? »

« Comment vivre sans inconnu devant soi » ? affirme encore René Char.

Hyacinthe : Quels sont vos modèles, références et maîtres à penser aussi bien littéraires que politiques ? De quel œil voyez-vous la littérature contemporaine ?

Georges de Rivas : Je parlerai plutôt de rencontres. Dans le sens que donne Jung à « la synchronicité ou principe de relation a-causale. » Du vide quantique procède l’expansion de l’univers mais aussi l’infinité des événements que nous rencontrons, comme si les choses étaient écrites. C’est ce qu’écrit René Char au sujet du poème « Les mots semblent avoir été écrits ailleurs ». Je viens d ‘évoquer un certain nombre de poètes qui résonnent en mon cœur, en affinité avec mon âme ; j’emploie ce mot à dessein, car je crois en l’éternité de l’âme.

Et cette éternité n’était-elle pas présupposée à travers les mots du grand poète et héros de la Résistance, le Capitaine Alexandre ? : « C’est le ciel qui a le dernier mot, mais il le dit à voix si basse que nul ne l’entend jamais. » C’est pourquoi je ferai également mienne la parole de Salah Stétié : « A toute échelle manque le barreau de l’ange. »

Sans oublier le poète à l’ample rythme prosodique, à l’ampleur imaginative et à l’immense souffle périodique Saint-John Perse qui lors de son discours de Réception du Prix Nobel (Stockholm 1960) l’acheva par ces mots :

« Poète, celui-là qui rompt pour nous l’accoutumance ! »

Tard venu à l’écrit – mais y trouvant désormais grande et secrète joie- je ne suis pas en manque mais peut-être en excès d’inspiration. J’ai du mal à concevoir la mise en forme définitive d’une œuvre. Plusieurs sont en attente et je ne suis nullement pressé de publier, ayant peu de contacts dans le monde de l’édition et peu soucieux de m’y atteler.

Et quelle ne fut pas ma surprise de recevoir la haute distinction du Festival International – Letras en La Mar – à Puerto-Vallarta (Mexique) où j’étais l’invité spécial représentant la France. Comme aurait pu le dire aussi notre cher ami Salah Stétié qui a intitulé ses Mémoires : L’Extravagance. Oui l’extravagance est inhérente à l’extranéité originaire de la parole poétique. Il aura suffi d’un concours de circonstances pour que je sois invité à parler – en espagnol- du mythe d’Orphée et Eurydice en résonance avec mon œuvre « Orphée au rivage d’Évros » qui venait de paraître en cette année 2017.

Petite anecdote : c’est le 28 avril 2017 que j’ai reçu à l’université le prix du Festival, exactement 28 années, jour et heure, après ma rencontre avec mon épouse. Voyez comme tout cela est étrange, voire extravagant. Et comme cela est laborieux du point de vue modeste du fatum destinal.

Autre anecdote : j’ai dormi dans la maison de Liz Taylor… sans le savoir ! J’étais hébergé par son filleul… Je dirai un jour ce que j’ai vécu là.

Il reste que le contexte dans lequel nous nous trouvons en France, l’écho relatif qu’y rencontre la poésie ne laissent pas d’être préoccupants mais bien que source de souffrance, cela nous est aussi aiguillon de l’espérance.

Car il y a indéniablement de grandes et belles voix au sein de la poésie contemporaine, à commencer par Angèle Paoli, qui vient de résumer, ce que j’éprouve, dans son entretien accordé à la Revue Terre à Ciel : je la cite : « Je travaille à l’oreille, le visuel vient ensuite. L’écriture de la prose est spontanée, le poème me demande plus de temps de réflexion. D’autant que la poésie d’aujourd’hui a beaucoup à voir avec la prose. Il me semble. Ce qui fait que je ne sais plus en quoi la poésie que je lis est poésie. »

Question ouverte, aujourd’hui débattue en Amérique du Sud : « Est- ce que le vers libre n’est pas aujourd’hui à bout de souffle ? Surtout s’il n’a plus ni souffle, ni rythme, ni musicalité ? Ce qui n’est absolument pas le cas de la prose poétique d’Angèle Paoli, grande poète pour laquelle « la peinture comme la poésie, comme le musique et les autres arts en général ont à voir avec « l’éternel ». Comme en écho à la parole de René Char : « Si nous habitons un éclair, il est le cœur de l’éternel.

J’aime beaucoup la vision poétique, le style et la présence de grands poètes qui se tiennent à l’écart, dans le bruissement d’une parole loin du bruit de ce monde et de la société du spectacle : François Cheng, Christian Bobin. Dans ce même registre, dans un mode d’expression très profonde et feutrée, j’apprécie hautement Enza Palamara inspirée par le nuage d’inconnaissance et dont la dernière œuvre s’intitule si justement : Le nuage, paru aux éditions Poiesis (que vous avez évoqué lors d’un récent et magnifique entretien, me semble-t-il).

Comment ne pas évoquer l’immense poète Adonis, avec lequel je me sens en totale résonance, surtout à travers ces paroles essentielles que je cite : « C’est l’imaginaire, le rêve, l’inconnu, le mythos qui doivent être la source de l’urgence poétique. C’est en eux que réside ce qui pourrait renouveler en l’homme ses dimensions cosmiques, perdues ou oubliées. »

Cette revisitation des mythes constitue la source de mon inspiration et en ce sens je suis heureux d’être le contemporain du poète Adonis.

Je ne voudrais pas clore ce chapitre sans évoquer Carolyne Cannella, poète, traductrice et musicienne, qui à mes yeux est une grande figure de la création contemporaine, avec laquelle je me sens en affinité élective quant aux choix et références poétiques, à commencer par Rûmi, Dante, Saint-Jean de la Croix et bien d’autres. J’aime la concision, le lyrisme fulgurant et imagé de ses poèmes, et je suis heureux et reconnaissant qu’elle ait accordé sa  voix d’or à quelques-uns de mes poèmes les plus essentiels , à travers la chaîne Youtube «  GataXanga » qu’elle anime avec ferveur et hauteur de vues, faisant honneur et place aux plus grands poètes de tous les temps. Je citerais l’une de ses dernières œuvres parues aux éditions Alcyone ayant pour titre : « Parcelles d’infini ».

En résumé :

S’agissant de mes affinités en poésie, j’ai pu en révéler un certain nombre dans mon Essai : La Poésie au péril de l’Oubli, L’Harmattan 2014.

Une part essentielle de ces mêmes affinités a été exprimée lors de ma Conférence : « Orphée et les Romantiques » à l’occasion du premier Salon de la poésie à Valbonne (11 juillet 2021). Elle sera mise en ligne sur Youtube mais également publiée.

Souffle inédit- est ce qui pourrait bien qualifier l’essence de ma poésie, surtout mes deux dernières œuvres : « Orphée au rivage d’Évros », ainsi que « La Beauté Eurydice ».

S’agissant de ma quête dans le paysage contemporain :

Pour moi la poésie n’est pas un fait littéraire, elle est événement intérieur parole inspirée, expérience spirituelle qui trouve sa source dans l’enfance et sans doute dans l’existence prénatale. Elle est une sorte de visitation sonore, bréviaire de l’éclair et évangile de la brève lumière.

Réverbération musicale de la Musique des sphères, elle est intensité de la présence et nomination de l’innomé, et au bord des gorges nouménales, défilé de la parole qui défie tout mensonge ou insincère idéal. Le poète est mû par l’amour et l’Aletheia, la quête de la vérité.

Révélation de notre mystère ontologique par l’ouverture infinie à l’Autre, le poème nous invite « à devenir Autre » comme le dit si bien Mahmoud Darwich : « Paix, paix sur toutes choses, j’irai à la rose du voisin ».Ouverture à notre essence transcendantale, au Moi supérieur, car « Je est un Autre ».

L’ouverture à l’Autre, n’est pas l’altération de notre identité, c’est aux sources de l’altérité que se désaltère notre soif d’absolu et de vérité. Dans ce passage qui est celui de l’abîme du chorismos, séparation du visible et de l’invisible, c’est le poète qui se tient entre les mondes et par la manne du langage – dont l’essence est surnaturelle dévoile ce qui est le lieu même de la Révélation.  Dévoilement et Révélation forment un couple indissociable tout comme le silence et la parole, à savoir Eurydice et Orphée, et tout cela

« Par la grâce d’un langage où se transmet le mouvement même de l’être. » comme l’écrit magnifiquement Saint-John Perse.

Hyacinthe : Comment avez-vous vécu la crise sanitaire ? Avez-vous écrit à cette occasion ? La poésie peut-elle servir de remède ?

Georges de Rivas : Au tout début de la crise sanitaire, j’ai été atteint par la Coronavirus. Je m’en suis guéri en dix jours grâce à un traitement homéopathique. Pour faire un peu d’humour, n’est-il pas avéré que les grands devanciers courent les premiers à l’abîme Que l’on me pardonne cette insolence ; il reste que je n’ai pu alors poursuivre une œuvre en cours et elle n’est toujours pas achevée.

Je n’ai pas été dérangé par la crise sanitaire, car j’aime la solitude et la simplicité, loin de la société du spectacle. Et la vie de famille nombreuse est très importante.

Hyacinthe : Vous semblez être actif sur les réseaux sociaux. Est-ce un choix de communication, d’écriture ou de vie ? La poésie peut-elle se servir de ce type de médias pour être partagée, continuer à exister ?

Georges de Rivas : Je suis venu en somme par hasard dans le monde de la poésie (écrite) J’ai eu plusieurs vies auparavant et plusieurs métiers. J’ai été notamment très engagée dans la problématique des minorités en Europe Centrale et Orientale.

Ayant peu d’inclinations pour l’informatique et les réseaux sociaux, je m’y suis lancé à titre expérimental. J’ai découvert que « la poésie sera faite par tous » ; En d’autres termes j’ai eu l’occasion de lire de beaux, voire très beaux poèmes. Avec cette qualité d’innocence (et de spontanéité) qui est la marque reconnue d’un poète comme Hölderlin (à mes yeux, à mon ouïe intérieure, condition essentielle) Cela n’empêche pas bien sûr la présence de quelques malveillances, y compris hélas entre poètes. Sans doute pas davantage que dans des sphères plus officielles).

Hyacinthe : Si vous deviez tout recommencer, quels choix feriez-vous ? Si vous deviez incarner ou vous réincarner en un mot, en un arbre, en un animal, lequel seriez-vous à chaque fois ? Enfin, si un seul de vos textes devait être traduit dans d’autres langues, en arabe par exemple, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

Georges de Rivas : Je ne crois pas à la métempsychose, mais je suis convaincu de la réalité de la réincarnation : de l’entéléchie ou de l’être éternel qui constitue notre véritable individualité. Me trouvant dans le nuage d’inconnaissance, je ne trouve pas d’images qui m’ouvriraient quelques chemins. Disons que j’aimerai être la réincarnation du Roi Saint-Louis, doté de nouveaux moyens intellectuels et politiques pour rendre plus de justice efficiente en ce monde.

Ou alors,- tout simplement en toute modestie apparaître comme l’Orphée réincarné – ou son émanation ne me déplairait pas non plus ; (j’espère que mon humour au second degré ne vous aura pas échappé).

J’ai du mal à faire un choix, parmi les poèmes que j’ai écrits (ceux que j’ai publiés).

Mon inclinaison pour une poésie qui serait « révélation d’un mystère demeuré mystère » m’amène à vous proposer ce poème figurant à la dernière page de ma dernière œuvre : « La Beauté Eurydice ».

Georges de Rivas : Poème choisi 

Je dois aussi vous dire que j’ai ouvert mon livre au hasard et suis ainsi tombé sur ce poème qui me tient profondément à cœur.

 

Au royaume du Brasier ardent

Au royaume du brasier ardent, les amants

Vêtus d’étincelante et seule tunique d’or

S’endorment parmi les songes où se parlent

Voiliers des nuées, les vivants et les morts

 

Dormaison divine, demeure de brûlante oraison

Dans la nuit d’été inondée de stellaires clartés

Et d’eaux-mères moirées de nocturnes mystères

Leur nudité éthérisée arbore, orée d’éternité,

Les armoiries exilées de leur corps immémorial

Argile sigillée aux rayons d’iridescente aurore

Soufflé en l’athanor de l’Androgyne primordial

 

 

Dieux oublieux d’un augural dessein, votre silence

Fut le lit nuptial où s’enfanta leur rêve de terre future

Et palpitaient parmi les bleuités renouées de l’Azur

Leurs cœurs éblouis en cet Éden d’amour sans mesure

 

 

Au royaume du brasier ardent, leurs lèvres écloses

Exhalaient les senteurs de la Rose qui ne meurt jamais

Ases qui leur ouvrez les grilles de cette divine closeraie

Soufflez en la gaze de lumière, cette pure et sainte extase

Où leurs baisers de rubis embrasent un ciel azuré de topaze

 

Ases qui nous avez ouvert les portes de cette céleste closerie

Gardez la ferveur du chant égrené au rosaire de ce Mystère

Roseraie en fleurs où notre joie demeure, rosée de nos cœurs !

 

Poème extrait de La Beauté Eurydice, éditions Alcyone, 2019.

Le poète

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Souffle inédit

Magazine d'art et de culture. Une invitation à vivre l'art. Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.

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