Poésie

Hana al-Bawab Poussière de diamant

Hana al-Bawab, Poussière de diamant

Les jeudis Hyacinthe

Sans doute beaucoup se demanderont-ils si je connais l’arabe pour traduire de l’arabe vers le français. Oui, je traduis volontiers de l’arabe, langue que je parle couramment, en comptant à mon arc plusieurs dialectes. C’est malheureusement le contraire que je ne peux faire : traduire vers l’arabe. Mais j’ai un Doppelgänger…

Trêve de paroles inutiles… Voici une voix inédite en français et il y en aura d’autres sur ces pages…

Née le 17 octobre 1977, Hana al-Bawab est titulaire d’un doctorat en langue arabe. Autrice de plusieurs de recueils de poèmes, dont Mur des yeux muets, La malédiction, des poètes, L’appel du courlis, elle codirige avec le peintre Mohammad al-Ameri la maison d’édition Khototwadhilal  qui publie les lettres arabes et mondiales traduites (poésie, roman, nouvelle et essai).

Nous proposons à nos lecteurs des extraits de son nouveau recueil de poèmes, Poussière de diamant, qui vient de paraître en 2021 avec des dessins de l’artiste Mohammad al-Ameri.

 

Poèmes choisis de Hana al-Bawab

Murmures à l’oreille des diamants

Qu’est-ce que je suis impatiente de le revoir, plus impatiente que mes yeux qui l’ont dessiné et représenté comme le meilleur souvenir d’un temps qui peut-être s’en ira à jamais, qui peut-être reviendra.

Mes yeux te réclament… Les yeux qui ont pleuré jusqu’à se noyer dans un long sanglot, toi seul qui as laissé mes yeux supplier sur les chemins de ton monde, les chemins sont partis au loin et les souterrains de la nuit ont habité mes yeux, qui sortira ceci de cela ?

Hanaël

Il est 4 h 54

La voix de Fayrouz qui chante « Mon bien-aimé veut la lune »

 

Hiver des diamants

Aux calomniateurs… j’ai un cœur

Qui s’est enhardi face à ceux qui l’ont piétiné

Je suis le phénix géniteur de l’amour

Qui en a cultivé les couleurs

Et pour qui à la fête de l’amour

Le jour de fête les cloches ont sonné

Et le nom diamanté a été tracé

Et calligraphié pour l’aimé

Afin de témoigner que dans mes poumons

J’ai caché sa respiration

Il m’a perdu et l’amour s’est perdu

Depuis que j’ai cru les délateurs

À sa gauche son charbon

À ma droite les diamants

L’univers est dans mes yeux

Le battement en était la mesure

Sera-t-il satisfait que les gens de la poésie

En soient les protecteurs

J’ai goûté à la blessure de la flûte

Quand j’ai essayé les coupe-roseaux

Il me fait des reproches et la faute est

À celui qui rumine ses doutes

Imagine que Dieu te garde

Mon cœur est devenu son feuillet

Mes yeux l’éclat du miroir

Et mes côtes son cahier

 

Le chant des diamants

J’ouvrirai de nouveau pour toi la porte de mon âge,

pour te voir et profondément

contempler tes yeux

qui portent l’éclat de mes yeux

qui jamais ne se trompent en te voyant,

je te verrai et du bout de mes doigts,

je toucherai ton visage enfantin,

tout est beau en toi, voici tes yeux devant moi,

tes yeux qui ont vu la lumière de mon amour,

et tes lèvres qui ont chanté pour notre amour

l’insomnie des poèmes antiques du temps oublié,

alors nous les avons accrochés sur les rideaux du passé révolu,

pour qu’autour d’eux se réunissent tous les papillons de l’univers,

qu’ils liront comme un air de tristesse et d’oubli.

Lire aussi

Souffle inédit

Magazine d'art et de culture. Une invitation à vivre l'art. Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *