Ali Batrouni et Mourad Harbaoui : Entre dialogue visuel et affrontement poétique au Club Tahar Haddad
Convergence / Divergence d’Ali Batrouni et Mourad Harbaoui
Les jeudis littéraires d’Aymen Hacen
Le Club Culturel Tahar Haddad reçoit les deux artistes visuels Ali Batrouni et Mourad Harbaoui pour une exposition au titre significatif : Convergence/Divergence, et ce du vendredi 18 avril (vernissage à 17 heures) au samedi 3 mai 2025.
Ali Batrouni, né le 8 mars 1960, s’associe donc à Mourad Harbaoui, qui, lui, est né le 4 août 1970, pour un véritable dialogue visuel. Ce n’est peut-être pas les deux font la paire, mais chez ces deux artistes authentiques, sans doute y a-t-il convergence et, à plus forte raison, divergence.


Cette exposition sera pour nous l’occasion de nous poser un certain nombre de questions sur la présence des arts dans notre pays, d’un point de vue organisationnel et institutionnel, mais aussi du point de vue de la pratique en soi. Il y a en effet beaucoup de réflexions qui peuvent être suscitées par cette matière qui peut être qualifiée de magmatique, tant elle est riche, diverse, vierge, violente, mobile et surtout complexe à définir.
Convergence/Divergence se présentera sous la forme d’une exposition d’une dizaine de tableaux pour chacun des deux artistes. Tableaux de grande dimension. Un mètre sur un mètre. Jusqu’à 1m 40 x 1m 40.
Ces détails techniques ne doivent pas nous empêcher de voir lesdites Convergence/Divergence, puisque si Ali Batrouni se situe plus du côté d’une approche graphique de l’art, Mourad Harbaoui est, quant à lui, un artiste moderne au sens fort du terme, avec un travail permanent sur les aplats et la gestualité.
De même, si Mourad Harbaoui est plutôt spontané et quelque part innocent avec une projection à la fois pure et libre, voire gestuelle sur la surface, le rapport à l’espace et au temps, Ali Batrouni opère ― et de son propre aveu ― en faisant appel à un cynisme volontairement bestial. Avec cela, la palette de l’un est douce sans être froide ; de l’autre sanguine, chaude, brûlante.
Nous avons de ce point de vue un réel affrontement visuel, mais il s’agit plus d’un dialogue entre ces deux peintres ou, mieux, artistes visuels, dont on se demande s’ils appartiennent à la même génération ou non, tant ils convergent et divergent, dialoguent en rompant le silence de la toile blanche, puis s’envolent chacun de son côté, pareils à ces albatros, vastes oiseaux des mers, qui couvrent en l’occurrence de leurs toiles notre champ visuel, suscitant en nous maintes sensations, et nous invitant à des réflexions infinies.
Convergence/Divergence, oui, nous permettant de regarder, précisément de voir sans regarder, car, en compagnie d’Ali Batrouni et de Mourad Harbaoui, les murs du mythique Club Tahar Haddad et de toute la médina de Tunis, vont s’élargir, s’ouvrir, s’envoler, pour nous libérer.