Entre fauvisme et sensualité, Rémi Caritey, où la toile devient miroir d’âme et d’émotion.
Par Michel Bénard
Rémi Caritey vient de l’Est, plus précisément de Metz, ville chargée d’histoire où est né également un certain Paul Verlaine. C’est justement sur ces terres rudes que Rémi Caritey cherche un peu de douceur et de sensualité.
Il n’est pas un autodidacte au sens où nous pourrions l’entendre, car il travailla durant huit années dans l’atelier « Oh les beaux jours » avec une artiste peintre marquante et talentueuse, Claire Arnal. Ce sera en fait dans ce contexte qu’il se découvrit peintre « sensualiste » mais pas exclusivement, car il y a dans son œuvre une grande part d’humanisme, comme son tableau « Les barbelés » tellement d’actualité dans cette société malade de son hypocrisie, de ses obscurantismes religieux, de ses corruptions politiques et autres hystéries déclinant des pouvoirs.
Sa peinture que nous pourrions situer dans l’école du « fauvisme expressionniste » est un acte social.
Pour lui la toile blanche est la possibilité d’une aventure à part entière, une sorte de face à face avec soi-même, c’est un peu comme une succession d’images s’accumulant sur le grain de la toile, pour atteindre à la fin, la synthèse de n’en plus faire qu’une, sorte de concentré de la pensée, qui couche après couche devient stratifications de la vie. L’art est pour lui une aventure intérieure qui passe par la sensibilité et les ressentis. Un résumé de couches successives de la vie comme il aime à le souligner. Ici la création est un long processus, une lente métamorphose des phases de l’existence.
Devons-nous en déduire pour autant qu’une œuvre pour Rémi Caritey est une sorte d’autoportrait, un dépouillement ? Une sorte de miroir traversé par toutes les facettes du questionnement ? Pourquoi pas !
Remi Caritey est un artiste sensible et avec lui nous sommes vite rattrapés par l’émotion. La vie, la joie, le rêve, l’amour, la mort.
Notre artiste n’est pas sous influences intellectuelles, il est plutôt dans l’acte immédiat, l’action de nos différentes phases terrestres, il est sous l’effet plus naturel des signes, des traces, du pressentiment d’une lutte entre la matière et l’esprit, jusqu’à tenter de parvenir à atteindre l’unité, la fusion.
Chez Rémi Caritey de formation classique ne l’oublions pas, le dessin est maitrisé, le trait est affirmé, l’écriture est puissante et personnelle, sa matière est belle onctueuse, lourde et généreuse comme ses femmes auxquelles il rend hommage. Ces termes d’écoles de « Fauvisme expressionniste » et « Sensualité érotique » ne sont pas liés au hasard. Ses nus portent à la fois les sceaux de l’amour et de la beauté, mais aussi les stigmates des drames de l’humanité des déchirures sociétales.
Rien d’étonnant à cela, car il travailla aussi dans l’atelier d’un maitre du genre, Jean-Yves Guionet, acteur du mouvement : « Expressionnisme sensualisé » l’expérience fut porteuse et très symptomatique des fibres sensibles de notre peintre.
Sous forme de conclusion, dans une œuvre d’art le plus important n’est pas nécessairement visible, mais plus précisément le ressenti invisible qu’il faut percevoir, le silence qu’il faut savoir écouter.