Aude Souchier
Lumière et matière, comme reliance avec la vie
Par Michel Bénard
Artiste multidisciplinaire
Ce sera vers Aude Souchier que je porterai mon regard. Notre artiste n’est pas venue à la sculpture en priorité, ni de façon innée. En fait elle est une artiste multidisciplinaire pour qui l’appel des arts passa déjà par l’expérience théâtrale, sorte d’acte social, manière de se rapprocher de l’humain, ce fût une véritable passion et un grand plaisir, les deux allant difficilement l’un sans l’autre. Jeu du dédoublement où l’acteur s’infiltre dans l’identité d’un autre. Aude Souchier s’initia à l’art de la comédie en fréquentant divers ateliers théâtraux, que lui proposa le SEL, une association culturelle à Sèvres, puis le parcours initiatique se poursuivit jusqu’aux célèbres cours Florent à Paris, véritable pépinière de comédiens.

Cependant sa boulimie fera qu’elle s’orientera vers la mise en scène dans une pièce de Luidgi Pirandello. Elle participera également à diverses pièces, ainsi qu’à l’écriture d’un scénario de film. Coté théâtre Aude Souchier, caresse d’autres projets, principalement celui de créer une pièce s’exprimant sur les violences faites aux femmes et que tout couvre hypocritement de silence

Fort est de constater que notre amie est une personnalité aux possibilités démultipliées, théâtre, écriture, poésie, peinture et belle révélation la sculpture que nous découvrons ici ce soir.
La métamorphose ne s’est pas faite spontanément, du théâtre, de la scène où tout passe par l’expression et le jeu du corps, un nouvel appel se fît sentir, se profila doucement, soudain elle éprouva une sensation d’étouffement, elle perçut son seuil et ressentit la nécessité de s’exprimer au travers de l’éventail des arts graphiques, principalement être en contact avec la matière dont nous sommes issus.

Aude Souchier ira même plus loin au fond d’elle-même, car elle voudrait écrire les mots qu’elle ne peut pas peindre et peindre les mots qu’elle ne peut pas écrire. Fermons le cercle, sans oublier l’importance que va prendre la sculpture qui est le contact direct avec la matière. La terre devient une espèce de fascination, une projection d’énergie intérieure. La sculpture apparait dans la vie de notre amie comme une révélation, une expression entre conscience et inconscience, mais une belle manière de se sentir plus poche de la création donc de la vie.
Besoin viscérale de pétrir la terre, de sentir sous la main les volumes prendre corps, elle écoute le chant de la terre et le murmure de la pierre qui guident sa métamorphose. Le sculpteur est celui ou celle qui œuvre sur la pierre du monde de demain, sorte de parfum d’éternité.
Aude Souchier a suivi les formations de divers ateliers de sculpture où elle travailla la terre, le verre, la pierre, l’émaillage etc.
Chaque artiste se sent des affinités avec divers prédécesseurs. En ce qui concerne notre amie elle portera son regard sur des maitres comme, Camille Claudel, Niki de Saint Phalle, Chana Orloff, Antoine Bourdelle, Aristide Maillol, Jean-Baptiste Carpeau, Jean-Antoine Houdon etc.
Les thèmes récurrents chez Aude Souchier sont associés à la condition féminine, à la préservation de la planète et aux dramatiques aberrations des guerres qui grondent particulièrement actuellement sous l’instance des psychopathes qui gouvernent et se permettent de décider sans consultations du sort de millions d’individus.
La sculpture est un acte d’amour, une reliance avec la vie, car c’est la métamorphose de la matière, la mutation des lignes et volumes et la révélation de la création originelle, le mythe de Pygmalion n’est jamais très loin.
Rien de sophistiqué dans les œuvres d’Aude Souchier, les sujets sont simples, la matière demeure naturelle, presque brute, rugueuse. Il nous arrive de croiser quelques notes d’humour sorte de chant de l’innocence qui compense avec la réalité de la société.
Au travers de ses sculptures cette dernière recherche l’espérance, l’amour, l’humour, l’homme confronté aux éléments et la liberté..
Pour Aude Souchier, une œuvre authentique peut devenir un grand miracle lorsqu’elle atteint le cœur.