Avec Dracula : A Love Tale, Luc Besson revisite le mythe du vampire dans une fresque gothique ambitieuse, visuellement envoûtante mais émotionnellement creuse, où l’amour éternel peine à émouvoir.
Dracula : A Love Tale de Luc Besson : quand l’éternité lasse

Luc Besson fait son retour dans le domaine du fantastique le 30 juillet 2025 avec « Dracula : Une Histoire d’Amour ». Avec un budget de 45 millions d’euros et une distribution internationale, le réalisateur s’attaque à l’un des mythes les plus revisités de la littérature : le Dracula de Bram Stoker. Malgré une esthétique soignée et une production ambitieuse, cette relecture romantique a du mal à convaincre pleinement.
Dès les premières images, Besson impose son style : costumes magnifiques, décors élaborés et une lumière extrêmement travaillée. La Transylvanie médiévale, comme le Paris du XIXe siècle, sont représentés avec un luxe visuel certain. La musique ample et dramatique de Danny Elfman contribue à créer une atmosphère théâtrale.
Pour incarner Dracula, Caleb Landry Jones offre une performance intense, peaufinant chaque geste, chaque souffle, dans une interprétation qui fait de son vampire un dandy blessé plutôt qu’un monstre. À ses côtés, Zoë Bleu – dans le double rôle d’Elisabeta et Mina – charme par sa fraîcheur et son intensité, bien que le personnage qui lui est attribué reste écrit à travers une perspective masculine limitative.
Cependant, au cœur de cette grosse production, l’amour – censé être l’élément central du récit – semble étrangement artificiel. Le film commence par une scène de sexe violente, suivie d’une série de clichés romantiques sans profondeur. Là où le roman suggère et laisse planer le doute, Besson insiste. Là où Coppola insufflait une passion mystique, « Dracula : Une Histoire d’Amour » hésite entre le mélodrame adolescent et un fantasme esthétisé.
Sur le plan narratif, le film se veut accessible. Les dialogues sont simples, agrémentés d’humour (notamment grâce au duo médecin/prêtre interprété par Guillaume de Tonquédec et Christoph Waltz), et les séquences s’enchaînent rapidement. Cette approche, assumée par le réalisateur, révèle un penchant pour le rythme et une image soignée. Mais cette fluidité formelle dissimule mal les lacunes du scénario : motivations imprécises, relations peu développées et un arc dramatique qui peine à captiver.
Le Dracula de Besson abandonne le mystère pour se concentrer sur une quête amoureuse qui s’affaiblit à force d’être répétée. Le vampire, ici, n’est ni effrayant ni énigmatique : il est un homme brisé, certes, mais sans véritable évolution dramatique. Sa malédiction devient un prétexte à un déploiement esthétique plutôt qu’à une réflexion sur l’éternité, la perte ou le désir.
Un film mitigé
L’objectif de Luc Besson est clair : proposer une version plus humaine et romantique du mythe, débarrassée des aspects monstrueux. Mais en effaçant les ambiguïtés et les tensions du personnage, le cinéaste dilue ce qui faisait la force du mythe de Stoker : cette hésitation entre l’attirance et le dégoût, l’amour et la mort, l’humain et l’inhumain.

« Dracula : Une Histoire d’Amour » est un film visuellement riche, mais dramatiquement inégal. Il témoigne de l’ambition persistante de son réalisateur, qui retrouve ici une certaine liberté créative, mais au prix d’une vision trop édulcorée, parfois indulgente et profondément superficielle.
Fiche technique
Titre : Dracula : A Love Tale
Réalisation : Luc Besson
Avec : Caleb Landry Jones, Zoë Bleu, Christoph Waltz, Guillaume de Tonquédec, Matilda De Angelis
Durée : 2h09
Genre : Drame, fantastique, horreur
Sortie : 30 juillet 2025
Distributeur : SND