Hassen Doss invité de Souffle inédit

Musique
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Crédit @Ines

Rencontrez Hassen Doss, ténor tunisien à la carrière internationale, qui conjugue opéra, création musicale et scènes prestigieuses de Carthage à Salzbourg.

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Le ténor tunisien Hassen Doss entre opéra et modernité

Entretien conduit par Monia Boulila

Hassen Doss, ténor à la voix puissante et lumineuse, est l’un des pionniers du chant lyrique en Tunisie. Formé à l’Institut Supérieur de Musique de Tunis puis en Europe, il a remporté en 2011 le Prix « Jeune espoir » au concours international Vienne en Voix en France. Son parcours l’a mené des scènes tunisiennes aux festivals internationaux, de l’Opéra de Munich aux rendez-vous prestigieux de Salzbourg ou El Jem. Entre opéra, créations originales et concerts populaires, il s’impose comme un artiste singulier qui fait dialoguer l’héritage lyrique avec une modernité ouverte sur le monde.

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Hassen Doss en concert à l'avenue Habib Bourguiba

Rencontre

M.B : Vous êtes considéré comme l’un des précurseurs du chant lyrique en Tunisie. Grâce à vos rencontres décisives avec Joël Heuillon et Henry Runey, vous vous êtes orienté vers l’opéra. Qu’est-ce qui vous séduit encore aujourd’hui dans cet univers ?

Hassen Doss : Ce qui m’a frappé dès mes débuts, c’est l’extrême finesse de la musique classique et la discipline qu’elle exige. Le chant lyrique demande une rigueur absolue, mais il offre aussi une liberté unique. Lorsque je chante, je ressens une plénitude incomparable. C’est cette rencontre entre l’exigence, la beauté et l’émotion qui nourrit encore ma passion.

M.B : En Tunisie, choisir l’opéra reste un chemin rare et exigeant. Quels obstacles avez-vous rencontrés ?

Hassen Doss : L’opéra est encore peu connu en Tunisie, parfois mal perçu. Au départ, il fallait éveiller la curiosité, expliquer ce qu’était le chant lyrique. J’ai voulu le rendre accessible en multipliant les concerts, les apparitions et en créant des ponts avec d’autres styles. Le public tunisien est curieux, et c’est cette relation de confiance et de passion partagée qui m’a permis de l’emmener vers cet univers.

M.B :Votre parcours vous a conduit à vous former en Allemagne et en Italie, mais aussi à chanter en France, en Autriche ou en Angleterre. Qu’ont représenté pour vous ces expériences internationales et les rencontres qu’elles vous ont offertes ?

Hassen Doss : Elles ont été une véritable école de vie. Rencontrer des professeurs et des artistes venus d’horizons différents m’a ouvert à d’autres manières d’aborder l’opéra. J’ai appris que la formation ne s’arrête jamais. Aujourd’hui encore, je travaille avec un professeur italien : je crois qu’un artiste doit rester un éternel étudiant.

M.B : Vous avez incarné Don Basilio, Rigoletto et bien d’autres rôles. Quel est aujourd’hui votre rêve scénique ?

Hassen Doss : Mon rêve n’est pas tant de découvrir de nouveaux rôles que de chanter ceux que j’aime le plus sur les grandes scènes internationales. Interpréter La Bohème ou Carmen dans des théâtres mythiques, c’est le but que je poursuis.

Hassen Doss invité de Souffle inédit

M.B : Avec vos spectacles Tayer et El Maestro, vous mêlez lyrique, musique tunisienne et danse. Quel sens donnez-vous à ces créations ?

Hassen Doss : Mon fil conducteur est de faire dialoguer mes racines tunisiennes avec l’opéra. Être un ténor arabe implique de porter cette identité sur scène. Mes spectacles cherchent à unir la richesse de notre tradition musicale avec la force du chant lyrique, pour proposer une expérience à la fois familière et inédite.

M.B : Vous avez chanté à Carthage, El Jem, Salzbourg… Comment vivez-vous ces scènes différentes ?

Hassen Doss : Chaque lieu a son âme : l’acoustique, l’histoire, le public changent tout. Je reste fidèle à l’esprit de mes concerts, mais j’adapte certains choix au contexte, que ce soit une œuvre, un effectif instrumental ou une atmosphère particulière. C’est un équilibre entre cohérence personnelle et respect du lieu.

M.B : Comment voyez-vous l’évolution de la vie culturelle en Tunisie ?

Hassen Doss : La Tunisie est un pays de musique et de passion. Notre peuple aime les voix et les projets ambitieux. Je crois que la musique peut jouer un rôle clé pour nourrir l’imaginaire collectif et renforcer le rayonnement artistique de notre pays.

Hassen Doss invité de Souffle inédit

M.B : Le public vous surnomme « voix d’or ». Que représente pour vous ce titre ?

Hassen Doss : C’est un immense honneur, mais aussi une responsabilité. Derrière ce surnom, il y a une attente, l’image d’un pays qu’on porte par sa voix. Cela m’oblige à donner le meilleur de moi-même, toujours avec humilité, en sachant que c’est avant tout une marque de confiance et d’amour.

M.B : Quels sont vos projets à venir ?

Hassen Doss : Mon prochain défi me conduit en Chine, où je représenterai la Tunisie en tant qu’ambassadeur culturel et musical. Je chanterai sur CCTV, la chaîne la plus regardée au monde, le 27 septembre 2025.  C’est une occasion exceptionnelle de représenter la Tunisie et de faire découvrir notre patrimoine musical sur une scène internationale.

M.B : Merci à Hassen Doss pour cet échange sincère. Avec passion et rigueur, il continue de bâtir un parcours où chaque note sert à la fois la musique et la Tunisie, faisant rayonner son pays bien au-delà de ses frontières. Bonne chance à lui pour son prochain voyage en Chine, où il portera fièrement la voix et l’âme de la Tunisie sur la scène internationale.

Monia Boulila
Déléguée de la Société des Poètes Français
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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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