Le documentaire One to One : John and Yoko de Kevin Macdonald explore dix-huit mois de vie, d’amour et de luttes à New York, où Lennon et Ono firent de l’art et de la politique un même geste de liberté.
« One to One : John and Yoko », couple d’éclats
Entre archives vibrantes et musique réinventée, One to One : John and Yoko nous plonge dans l’intensité new-yorkaise des années 1970. Le film éclaire le pouvoir créatif et militant d’un couple mythique qui, loin de la Beatlemania, tenta de concilier art, utopie et résistance.
Un couple face au tumulte du monde
En 1971, John Lennon et Yoko Ono laissent derrière eux le luxe du manoir d’Ascot pour s’installer dans un petit appartement de Greenwich Village. Ce déménagement, de la campagne anglaise à la ville américaine, représente un véritable changement de vie. Le couple y découvre une liberté inédite, stimulée par la contre-culture et les combats militants. « Vive la révolution ! » s’exclame Lennon, persuadé que la musique a encore le pouvoir de changer les choses.
Le film documentaire de Kevin Macdonald, co-réalisé avec Sam Rice-Edwards, se concentre sur cette période intense de dix-huit mois, de l’automne 1971 à mars 1973. C’est le moment où le chanteur s’éloigne pour de bon de son image de Beatles pour se réinventer en homme impliqué, aux côtés d’une artiste déjà expérimentée dans l’art de la performance et de la remise en question. Ensemble, ils transforment leur relation en une plateforme d’expression politique.
Des archives vibrantes
Avec des scènes jamais vues et l’unique concert entier du duo, « One to One : John and Yoko » nous replonge dans l’enthousiasme d’une période particulière. Les moments filmés se succèdent comme des souvenirs : Lennon versant de l’argent pour sortir des prisonniers noirs, chantant pour la liberté du poète John Sinclair, ou improvisant avec Allen Ginsberg. Ces petits bouts, avec une musique remise au goût du jour par Sean Ono Lennon, raniment un temps où la musique était étroitement liée au combat pour le changement.
Le film n’a pas de voix off. Il préfère laisser les images et les sons raconter l’histoire, en créant une expérience presque physique. Kevin Macdonald, qui a déjà fait des films sur Marley et Whitney, continue d’explorer le thème des artistes dont la vie est aussi importante que leur art. Grâce à un montage soigné, il réalise un portrait à la fois informatif et rempli d’émotion d’un couple qui n’arrêtait jamais de se transformer.
Yoko Ono, l’art comme résistance
Si Lennon occupe le centre de l’écran, Yoko Ono demeure son point d’équilibre. Plasticienne, performeuse et musicienne, elle défie depuis toujours les frontières entre art et vie. Ses installations, aujourd’hui exposées à la Tate Modern, prolongent l’esprit d’expérimentation qui animait leurs années new-yorkaises. Dans le film, elle apparaît à la fois muse et moteur, articulant l’énergie brute du rock à la rigueur conceptuelle de l’art contemporain.
À 91 ans, son œuvre résonne encore comme un appel à la conscience. One to One rappelle combien son influence, longtemps occultée, irrigue les pratiques artistiques et politiques de notre temps.
Un miroir d’époque
Imaginez New York au début des années 70 : un véritable bouillonnement social. Nixon est à la Maison Blanche, les conflits armés s’éternisent, et les citoyens s’unissent pour faire entendre leur voix. C’est dans ce contexte que John Lennon et Yoko Ono débarquent, non pas en simples spectateurs, mais en participants engagés, bien décidés à se joindre au chœur de la contestation. Le documentaire se concentre moins sur le déroulement précis des événements que sur l’ambiance générale : celle d’une époque tumultueuse où l’art devient un moyen d’expression et de lutte au quotidien.
Ce n’est ni un hommage ni une hagiographie, mais un regard attentif sur un moment où le rock, la poésie et la politique se rencontraient. L’excès, la confusion, la sincérité aussi — tout ce qui fait la beauté des révoltes.
Une traversée
One to One : John and Yoko sera projeté en France les 11 et 12 octobre 2025 sur plus de deux cents écrans. Plus qu’un documentaire musical, c’est une traversée — celle d’un couple qui voulut faire du monde une œuvre ouverte. Kevin Macdonald ne cherche pas à mythifier : il montre, avec pudeur, la fragilité et la force d’une époque où dire, chanter et agir ne faisaient qu’un.
Photo de couverture @ Wikimédia