Robert Badinter, de la plaidoirie à la bande dessinée : le combat réédité

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@ Glenat

À l’occasion de la panthéonisation de Robert Badinter, les éditions Glénat republient L’Abolition. Le combat de Robert Badinter, une bande dessinée signée Marie Bardiaux-Vaïente et Malo Kerfriden. Un ouvrage dense et émouvant qui retrace, avec rigueur et humanité, la lutte décisive de l’ancien garde des Sceaux contre la peine de mort.

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L’Abolition. Le combat de Robert Badinter : un roman graphique pour la mémoire et la justice

Le 9 octobre 2025, Robert Badinter entre au Panthéon, date anniversaire de l’abolition de la peine capitale en France. À cette occasion, les éditions Glénat rééditent et enrichissent L’Abolition. Le combat de Robert Badinter, roman graphique initialement paru en 2021. Cette nouvelle édition, augmentée d’un dossier documentaire, offre une plongée rare dans le parcours d’un homme dont la conviction a transformé la justice française.

Robert Badinter, de la plaidoirie à la bande dessinée

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Écrit par Marie Bardiaux-Vaïente, docteure en histoire et spécialiste du mouvement abolitionniste, et illustré par Malo Kerfriden, l’ouvrage s’impose comme une fresque historique et morale, traversée par les grandes tensions du XXᵉ siècle. La rigueur documentaire du scénario s’unit à la force visuelle du dessin pour rendre compte d’un combat d’une intensité à la fois politique, éthique et intime.

Tout commence en 1972, lorsque l’avocat Robert Badinter échoue à sauver son client, Roger Bontems, condamné à mort et guillotiné aux côtés de Claude Buffet. Ce drame devient pour lui un point de non-retour. L’homme de loi se fait alors militant, puis ministre, jusqu’à obtenir l’abolition de la peine de mort le 9 octobre 1981. Le roman graphique met en lumière ces étapes décisives, en les inscrivant dans un récit fluide où se croisent procès emblématiques, débats parlementaires et portraits d’une société encore divisée.

Mais l’ouvrage ne se contente pas de raconter une victoire politique. Il explore la dimension profondément humaine de ce combat. En alternant les époques, Marie Bardiaux-Vaïente rappelle les blessures fondatrices de Badinter : la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon, en 1943, au cours de laquelle son père fut arrêté par Klaus Barbie. Lorsque ce dernier est jugé en 1987 pour crimes contre l’humanité, Badinter, devenu garde des Sceaux, choisit de ne pas céder à la vengeance. C’est ce fil, tendu entre la douleur et la justice, que la bande dessinée déroule avec pudeur et précision.

L’art de Malo Kerfriden accompagne ce récit avec une grande justesse. Son trait, parfois austère, souvent vibrant, confère aux scènes de tribunal et aux visages une intensité rare. Loin de toute emphase, son dessin traduit l’atmosphère d’une époque où la guillotine, encore présente, symbolisait le dernier bastion d’un ordre révolu. Le lecteur perçoit la lente bascule d’une société, les résistances, les doutes, mais aussi la clarté d’une conviction : celle que la justice ne peut se confondre avec la vengeance.

La réédition comprend un dossier historique inédit, retraçant la chronologie de l’abolitionnisme et les principaux acteurs de ce combat en France et en Europe. Ce travail de mémoire prolonge le message de Robert Badinter, rappelant que l’abolition fut le fruit d’une longue maturation collective, bien au-delà de la seule loi de 1981.

En rééditant cette œuvre au moment où l’homme entre au Panthéon, Glénat inscrit la mémoire de Robert Badinter dans la culture visuelle contemporaine. L’Abolition devient ainsi un outil de transmission, une manière d’enseigner autrement la justice, le courage et la dignité. C’est aussi un rappel discret mais nécessaire : si la peine de mort a disparu en France, le combat pour les droits humains, lui, ne s’achève jamais.

Wikipédia
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Souffle inédit est inscrit à la Bibliothèque nationale de France sous le numéro ISSN 2739-879X.
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