Actrice, réalisatrice et chanteuse, Noémie Merlant trace depuis plus d’une décennie un parcours singulier, guidé par la curiosité et le désir d’expression sous plusieurs formes. Sans éclat tapageur, elle construit une œuvre en mouvement, à la croisée du regard, du geste et de la voix.
L’odyssée artistique de Noémie Merlant : voix, regards et récits
Par la rédaction
Née à Paris en 1988, Noémie Merlant grandit à Rezé, près de Nantes. Très jeune, elle s’initie au chant et à la danse avant de suivre une formation d’actrice au Cours Florent. Après quelques débuts dans le mannequinat, elle choisit la scène et l’écran comme véritables terrains d’expression.

L’actrice
Elle fait ses premiers pas au cinéma à la fin des années 2000, et son nom commence à circuler au fil de rôles discrets mais habités. En 2016, elle se distingue dans Le Ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar, où elle incarne une adolescente sous emprise. Trois ans plus tard, elle connaît une reconnaissance internationale avec Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, où son interprétation de Marianne, peintre du XVIIIᵉ siècle, révèle une intensité rare et mesurée.
Depuis, elle a multiplié les registres : Les Olympiades de Jacques Audiard, L’Innocent de Louis Garrel (pour lequel elle reçoit le César du meilleur second rôle féminin en 2023), ou encore Baby Ruby, film américain de Bess Wohl. Chez Noémie Merlant, le jeu semble toujours guidé par une attention sincère à la vérité du personnage. Elle ne force rien ; elle habite, elle observe, elle cherche à comprendre avant d’incarner.
La réalisatrice
Derrière la caméra, Noémie Merlant explore d’autres voies. Dès 2017, elle signe le court métrage Je suis #unebiche, qui reçoit le prix Canal+ au Nikon Film Festival. Elle poursuit avec Shakira (2020), portrait d’une jeune femme rom en quête d’émancipation, avant de réaliser son premier long métrage, Mi iubita, mon amour (2021). Ce film, tourné entre la France et la Roumanie, raconte l’amour entre une jeune Française et un garçon rom.
En 2024, elle présente Les Femmes au balcon, coécrit avec Céline Sciamma. Le film, porté par un trio féminin, confirme sa volonté d’aborder les liens humains avec délicatesse, dans un équilibre entre réalisme et poésie.
Comme réalisatrice, Merlant s’intéresse à la manière dont les êtres se regardent et se révèlent. Ses films privilégient le geste, le silence, le mouvement du corps plutôt que le discours. On y retrouve la même sensibilité que dans son jeu d’actrice : une attention à ce qui se dit sans mots.
La chanteuse
Avant même de tourner, Noémie Merlant chantait. La musique est son premier langage, celui qu’elle pratiquait déjà enfant. En 2016, elle enregistre un titre, Fate, en collaboration avec Kat May pour la bande originale du film À tous les vents du ciel (Christophe Lioud). Ce titre figure sur les plateformes de streaming (Apple Music, Spotify) et sur des bases discographiques (Discogs). Son univers musical, encore discret, traduit une recherche intérieure : chanter pour dire autrement, pour laisser une place au souffle, à la fragilité, à la vibration.
Pour elle, chanter n’est pas une activité secondaire, mais plutôt une façon de maintenir une connexion directe avec l’émotion brute, authentique. Cela crée un lien entre l’actrice et la metteuse en scène : l’une incarne, l’autre structure l’image, et la chanteuse amplifie la résonance.
Une richesse latente
Noémie Merlant appartient à cette génération d’artistes qui refusent de se laisser enfermer dans un seul rôle. Actrice reconnue, réalisatrice prometteuse et musicienne discrète, elle avance sans stratégie apparente, avec la patience des créatrices qui laissent le temps façonner leur œuvre.
À travers ses trois voix – le jeu, le regard et le chant – se dessine une même fidélité : celle à la sincérité du geste. Dans un paysage où tout s’accélère, Noémie Merlant poursuit un chemin à la fois lucide et sensible, elle éclaire une facette de sa recherche, de sa manière d’être au monde. Une trajectoire où l’art demeure un moyen d’écoute du monde, et de soi.