À seulement vingt-cinq ans, Hunter Schafer occupe une place singulière dans le paysage artistique international. Mannequin reconnue, actrice révélée par Euphoria, scénariste et réalisatrice en devenir, elle développe une œuvre où l’image, le rythme et les affects dessinent un langage personnel. Retour sur une trajectoire qui se construit sans bruit, mais avec une étonnante cohérence.
Hunter Schafer : comment une jeune créatrice s’impose entre mode, cinéma et réalisation
Par la rédaction
Hunter Schafer grandit entre le New Jersey et la Caroline du Nord. Sensible aux arts visuels dès l’adolescence, elle affine son regard à la North Carolina School of the Arts, dont elle sort diplômée en 2017. Avant même de poser devant un objectif ou de jouer devant une caméra, elle perçoit déjà le monde à travers une construction d’images, un sens de la composition et un intérêt pour la dramaturgie du geste.
Le mannequinat comme premier terrain d’expression
C’est dans l’univers de la mode que Hunter Schafer trouve, dès ses débuts, un espace pour exercer cette sensibilité. Elle défile pour Dior, Miu Miu, Rick Owens, Maison Margiela, Helmut Lang ou Versace. Ce parcours, exigeant et rapide, lui offre bien plus qu’une visibilité : il lui apprend à comprendre la lumière, à occuper un cadre, à donner une présence. Une expérience fondamentale qui irrigue toutes ses activités créatives ultérieures.
La révélation d’Euphoria
En 2019, Euphoria lui confie le rôle de Jules Vaughn, un personnage qu’elle contribue à enrichir de manière étroite. Sa collaboration avec Sam Levinson va au-delà de l’interprétation : elle participe à la réflexion autour du personnage, à son évolution, à ce qui le traverse. Cette implication se concrétise en 2021 lorsqu’elle coécrit et produit un épisode spécial centré sur Jules. L’accueil critique confirme alors la naissance d’une actrice et d’une autrice capables d’habiter un rôle autant que de le construire.
Une présence affirmée au cinéma
Après Euphoria, Hunter Schafer multiplie les projets ambitieux. Elle prête sa voix à Belle de Mamoru Hosoda, puis apparaît dans Hunger Games : La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur dans le rôle de Tigris Snow. En 2024, elle tourne dans Cuckoo, un film d’horreur au climat intense, et rejoint Kinds of Kindness de Yórgos Lánthimos, où sa présence s’inscrit dans un univers marqué par l’épure et l’étrangeté. Les années suivantes la verront dans Mother Mary de David Lowery, Cry to Heaven de Tom Ford et dans la série Blade Runner 2099 aux côtés de Michelle Yeoh.
La réalisation : un langage intime
Parallèlement, Hunter Schafer s’essaie à la réalisation. Deux clips témoignent déjà de son approche visuelle : hornylovesickmess (2022) pour girl in red et Why Am I Alive Now? (2023) pour ANOHNI and the Johnsons. Dans ces œuvres brèves, elle privilégie les gestes, les atmosphères, les états sensibles. Sa formation en arts visuels et son expérience du mannequinat apparaissent dans la précision des cadrages, la sobriété des couleurs, la manière dont les corps racontent une émotion plutôt qu’une histoire.
Une cohérence née du mouvement
Cette circulation constante entre mode, cinéma, écriture et réalisation n’a rien d’une dispersion. Elle reflète une recherche continue : comment produire une émotion à travers l’image, comment une silhouette raconte un état, comment une scène peut respirer autrement. Hunter Schafer appartient à une génération qui ne compartimente pas les disciplines, mais les relie. Ses choix témoignent d’une ambition artistique consciente, tournée vers des projets exigeants et singuliers.
À vingt-cinq ans, elle s’impose ainsi sans forcer, avec une assurance discrète. Ce qu’elle construit déjà ressemble moins à une carrière qu’à une œuvre en mouvement, fondée sur un même fil conducteur : un regard qui se précise, une recherche qui s’affine, et une volonté de faire dialoguer toutes les formes d’art.
Sources et références
Communiqués des productions HBO et A24
Filmographies des réalisateurs mentionnés
Dossier de presse Kinds of Kindness
Photo de couverture @ Wikimédia
