À la Fondation Azzedine Alaïa, une exposition met en regard deux figures majeures de la haute couture. Entre archives des années 1950 et créations d’Azzedine Alaïa, ce dialogue silencieux révèle une continuité de regard sur le corps, la coupe et l’architecture du vêtement.
Azzedine Alaïa et Christian Dior : quand deux visions de la haute couture dialoguent par la coupe et la mémoire
Par la rédaction
Du 15 décembre 2025 au 24 mai 2026, la Fondation Azzedine Alaïa consacre une exposition à la relation singulière qui unit Azzedine Alaïa à Christian Dior. Sous le commissariat d’Olivier Saillard, Azzedine Alaïa et Christian Dior, deux maîtres de la haute couture propose un parcours resserré, fondé sur près de soixante-dix modèles issus des collections constituées par Alaïa lui-même et aujourd’hui conservées au sein de sa fondation .

L’histoire débute en 1956. À son arrivée à Paris depuis Tunis, Azzedine Alaïa franchit brièvement les portes de la maison Dior, alors au sommet de son influence. L’expérience est courte, presque anecdotique dans une carrière encore à venir, mais elle marque durablement le jeune couturier. Les robes de Dior, leurs volumes, leurs tailles construites et leurs jupons en lévitation impriment une mémoire visuelle et technique qui ne cessera de nourrir son regard .

L’exposition ne cherche pas à reconstituer un parcours biographique, ni à établir une hiérarchie. Elle préfère faire dialoguer les formes. Robes de cocktails, tailleurs, manteaux et silhouettes de différentes époques se répondent par affinités formelles : tailles appuyées, épaules dessinées, hanches galbées, jupes amples. Les décennies s’effacent au profit d’un langage commun, celui de la coupe pensée comme une architecture .
La couleur joue également un rôle central dans ce rapprochement. Les noirs et les gris, omniprésents chez l’un comme chez l’autre, instaurent une continuité presque abstraite. Le vêtement devient alors moins un marqueur d’époque qu’un aveu de permanence, où le tissu et la ligne prennent le pas sur l’ornement narratif .
Ce dialogue aurait été impossible sans la passion de collectionneur d’Azzedine Alaïa. Tout au long de sa vie, il acquiert plus de cinq cents modèles de Christian Dior, dans un geste à la fois instinctif et méthodique, soucieux de préserver ces pièces de toute dispersion. L’exposition puise dans cet ensemble exceptionnel, révélant une collection pensée non comme un trésor figé, mais comme un outil de réflexion et de transmission .
À travers ces rapprochements, l’exposition met en lumière une idée essentielle : la haute couture comme discipline du temps long. Chez Dior comme chez Alaïa, la mode ne se soumet pas à l’instant mais se construit dans la durée, par la répétition du geste, l’exigence de la coupe et la fidélité à une vision du corps féminin.

Installée au 18 rue de la Verrerie, lieu de vie et de travail d’Azzedine Alaïa, la Fondation poursuit ainsi sa mission de conservation et de mise en perspective de l’histoire de la mode. Ce face-à-face entre deux maîtres n’est ni un hommage appuyé ni un exercice de style, mais une conversation discrète entre deux écritures couture qui continuent, aujourd’hui encore, de gouverner notre regard sur le vêtement.
À noter
Parallèlement à cette exposition présentée à la Fondation Azzedine Alaïa, une autre exposition consacrée au lien entre Azzedine Alaïa et Christian Dior est actuellement visible à Paris. La collection Dior d’Azzedine Alaïa est présentée à la Galerie Dior, 11 rue François Ier, jusqu’au 3 mai 2026.
Agenda
Azzedine Alaïa et Christian Dior, deux maîtres de la haute couture
Du 15 décembre 2025 au 24 mai 2026
Fondation Azzedine Alaïa, 18 rue de la Verrerie, Paris
Olivier Saillard
Tous les jours de 11h à 19h



