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L’écrivain libanais Elias Khoury s’éteint à 76 ans

Elias Khoury : Un pilier de la Littérature Arabe contemporaine s’éteint

L’écrivain libanais Elias Khoury est décédé ce dimanche à l’âge de 76 ans des suites d’une longue maladie à Beyrouth, où il était hospitalisé depuis plusieurs mois. Jusqu’à son dernier souffle, Khoury a persisté à écrire, même depuis son lit d’hôpital, témoignant de sa résilience face à la douleur. Dans un article poignant intitulé « Une année de douleur », écrit en juillet dernier, il affirmait : « Gaza et la Palestine sont pilonnées de façon sauvage depuis près d’un an et résistent (…) c’est un modèle qui m’apprend chaque jour à aimer la vie. »

Né en 1948 à Achrafieh, un quartier chrétien de Beyrouth, Elias Khoury a grandi dans un Liban déchiré par des tensions politiques et sociales qui ont profondément marqué son œuvre. À l’âge de 20 ans, il se rend en Jordanie et est profondément touché par la réalité des camps de réfugiés palestiniens, ce qui l’amène à s’engager au sein de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Cet engagement politique et humanitaire a nourri une grande partie de ses écrits, en particulier ses réflexions sur l’exil et l’identité.

Au fil des décennies, Khoury est devenu une figure incontournable de la littérature arabe. Son œuvre la plus emblématique, La Porte du Soleil (Bab al-Shams, 1998), est souvent considérée comme un chef-d’œuvre. Le roman raconte l’histoire de Younes, un combattant palestinien, et de sa femme Nahila, dans un récit entrelacé de mémoire, d’exil, d’amour et de perte. Cette fresque sur l’exil palestinien explore des thèmes récurrents dans son travail : la mémoire collective, l’identité, et les fractures de l’histoire. Le roman a été adapté au cinéma par le réalisateur égyptien Yousri Nasrallah, ajoutant à sa renommée internationale.

Parmi ses autres œuvres notables, La Petite Montagne et Yalo se penchent sur les horreurs de la guerre civile libanaise, un autre thème central dans la carrière de Khoury. Outre ses romans, il a également marqué le monde littéraire en tant qu’éditeur de revues littéraires et politiques, telles qu’Al-Mulhaq et Al-Karmel. À travers ces publications, il a participé activement à l’élaboration d’une pensée critique au sein du monde arabe.

Khoury a enseigné dans de nombreuses universités à travers le monde, notamment à l’université Columbia aux États-Unis, et ses œuvres ont été traduites dans plusieurs langues, dont le français, l’anglais, l’allemand, l’hébreu et l’espagnol.

Engagé intellectuellement et politiquement, Elias Khoury n’a jamais cessé de défendre la cause palestinienne et de critiquer vigoureusement les conflits qui ravagent le Moyen-Orient. Ses écrits et ses prises de position reflètent une quête incessante de justice et de dignité humaine, faisant de lui une figure majeure non seulement dans le monde des lettres, mais aussi dans la sphère des idées.

Son décès marque la fin d’une ère, mais son héritage littéraire et intellectuel perdurera, continuant à éclairer la compréhension du Moyen-Orient contemporain et à inspirer des générations futures.

Photo de couverture : Crédit WIKIMEDIA 

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