L’actrice Belge Emilie Dequenne est morte des suistes d’un cancer à l’âge de 43 ans
L’actrice belge Emilie Dequenne, inoubliable Rosetta des frères Dardenne, s’est éteinte dimanche 16 mars à l’hôpital Gustave-Roussy de Villejuif, emportée à seulement 43 ans par un cancer rare. Une disparition prématurée qui laisse un vide immense dans le cinéma francophone, où elle brillait par son talent et sa sensibilité.
Née en 1981 à Beloeil, en Belgique, Emilie Dequenne est propulsée sur le devant de la scène à seulement 18 ans avec Rosetta (1999). Ce rôle bouleversant d’une jeune femme en errance lui vaut la prestigieuse Palme d’or d’interprétation féminine au Festival de Cannes. Un coup d’éclat qui marque le début d’une carrière riche et diversifiée.
Comédienne instinctive et intense, Emilie Dequenne jongle avec aisance entre cinéma d’auteur et productions grand public. Elle tourne sous la direction de réalisateurs renommés comme André Téchiné (La Fille du RER, 2009), Claude Berri (L’Un reste, l’autre part, 2005) ou encore Albert Dupontel (Au revoir là-haut, 2017). Elle s’illustre également dans des films plus spectaculaires tels que Le Pacte des Loups (2001), qui la révèle à un public plus large.
Sa performance bouleversante dans A Perdre la raison (2012) de Joachim Lafosse lui vaut le Magritte de la meilleure actrice ainsi qu’un Prix d’interprétation à Cannes dans la section Un Certain Regard. Au fil des années, elle collectionne cinq nominations aux César, confirmant son statut d’actrice majeure.
En octobre 2023, Emilie Dequenne révèle être atteinte d’un corticosurrénalome, un cancer rare du système endocrinien. Diagnostiquée deux mois plus tôt, elle doit s’éloigner des plateaux pour mener un combat acharné. En avril 2024, l’espoir renaît lorsqu’elle annonce être en rémission complète, mais la maladie finit par reprendre le dessus six mois plus tard.
Jusqu’au bout, elle garde son humour et sa détermination. Lors d’une dernière interview sur TF1, elle confiait avec une pointe d’ironie : « J’ai fait une formation express d’oncologie cette dernière année… » Son dernier film, Survivre, tourné avant l’annonce de sa maladie, résonne comme un écho poignant à son combat.
Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages affluent. « Emilie s’est battue telle la petite chèvre de M. Seguin », a salué Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes. Alexandra Lamy exprime son immense tristesse, tandis que Leïa Bekhti évoque « une grande dame, une grande âme, une reine ». Le réalisateur Hugo Gélin, quant à lui, se remémore « sa gentillesse, sa douceur, son talent et son courage ».
La ministre de la Culture, Rachida Dati, a tenu à souligner la perte immense pour le cinéma francophone, qui « perd, trop tôt, une actrice de talent qui avait encore tant à lui offrir ».
Avec près de 50 films à son actif, Emilie Dequenne laisse un héritage cinématographique marquant. Son jeu tout en nuance et en intensité continuera d’inspirer les générations futures. Aujourd’hui, le cinéma pleure une artiste, mais surtout une femme lumineuse, qui, malgré la maladie, n’a jamais cessé de briller.