Kamel Daoud remporte le Prix Goncourt 2024 avec « Houris »

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L’auteur franco-algérien Kamel Daoud remporte le Prix Goncourt 2024 avec « Houris »

Kamel Daoud remporte le Prix Goncourt avec "Houris"

Lundi, Kamel Daoud, l’auteur franco-algérien, s’est vu décerner le prestigieux Prix Goncourt pour son roman « Houris », publié chez Gallimard. Ce livre poignant et audacieux plonge dans les ténèbres de la « décennie noire » algérienne, une période de guerre civile et de violence extrême entre 1992 et 2002, qui a déchiré le pays. En consacrant son récit aux blessures encore vives de cette époque, Daoud évoque à la fois les douleurs d’une nation et le silence imposé autour de ces événements, surtout en Algérie, où le souvenir de cette guerre reste un sujet tabou.

Dès le premier tour de délibération, Daoud a remporté six voix du jury, contre deux pour Hélène Gaudy et une pour Sandrine Collette et Gaël Faye, a annoncé Philippe Claudel, président de l’Académie Goncourt. Dans ce roman à la fois sombre et lyrique, l’auteur explore la tragédie d’Aube, une jeune femme muette depuis qu’un islamiste lui a tranché la gorge le 31 décembre 1999, dernier jour de la décennie noire. Le choix d’un protagoniste féminin est symbolique : il met en lumière les souffrances souvent ignorées des femmes durant cette période de terreur. À travers le personnage d’Aube, Daoud redonne la voix à celles qui furent trop souvent réduites au silence.

L’intrigue débute à Oran, où Kamel Daoud a lui-même exercé comme journaliste durant les années de plomb, avant de se déplacer vers les confins du désert algérien. L’Aube, en quête de ses racines et d’un retour vers son village natal, symbolise cette Algérie en quête de sens, meurtrie mais tenace. « Houris », un titre lourd de sens, fait référence aux jeunes filles du paradis dans la tradition musulmane, et incarne l’espoir dans un monde en proie au chaos.

« L’Académie Goncourt a couronné un livre où le lyrisme le dispute au tragique, et qui donne voix aux souffrances liées à une période noire de l’Algérie, celles des femmes en particulier », a salué Philippe Claudel. Il ajoute que ce roman montre combien la littérature, dans sa liberté d’explorer le réel, peut offrir un espace de mémoire alternatif au récit historique officiel. Cette reconnaissance du Goncourt consacre « Houris » non seulement comme une œuvre littéraire, mais aussi comme un témoignage essentiel sur une Algérie qui peine encore à faire la paix avec son passé.

Avec « Houris », Kamel Daoud s’impose non seulement comme un romancier de talent, mais aussi comme un porte-voix pour une mémoire collective bafouée. Ce Prix Goncourt résonne comme un hommage à l’endurance et au courage des Algériens, en particulier des femmes, et rappelle combien la littérature est un espace de résistance essentiel pour garder vivante la mémoire des blessures de l’histoire.

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