La Berlinale : Le film norvégien « Dreams (Sex Love) » Dag Johan Haugerud reçoit l’Ours d’or
La 75e Berlinale a sacré, le 22 février 2025, le film norvégien Dreams (Sex Love) de Dag Johan Haugerud, en lui décernant l’Ours d’or. Une consécration inédite pour la Norvège, qui voit l’un de ses réalisateurs majeurs couronné pour un film audacieux et profondément intime.
« Dreams (Sex Love) » : l’Ours d’or pour une exploration intime et universelle de l’amour
Dernier volet d’une trilogie initiée en 2024 avec Sex et Love, Dreams (Sex Love) s’attache à sonder les méandres de l’éveil amoureux et des déséquilibres de pouvoir à travers le prisme de Johanne, une étudiante de 17 ans qui tombe sous le charme de sa professeure. La passion naissante de la jeune femme, consignée dans un texte qui deviendra central dans le récit, se heurte à la perception de sa mère et de sa grand-mère. Ces dernières, en découvrant son histoire, sont amenées à interroger leurs propres désirs et leurs conceptions de l’amour.
Loin d’un simple récit initiatique, Haugerud construit un film-miroir, où les réflexions de Johanne, livrées en voix-off, se juxtaposent aux réactions de son entourage, offrant ainsi une vision plurielle de l’expérience amoureuse. « Ce film est une méditation sur l’amour, à la fois singulier, ironique et universel », a souligné le président du jury, Todd Haynes, en remettant le prix. Un propos confirmé par Variety, qui salue une « exploration subtile mais nuancée de l’éveil amoureux, du déséquilibre des pouvoirs et de la catharsis créative », tandis que The Guardian qualifie l’œuvre de « maline, espiègle et bavarde ».
Au-delà de son sujet, Dreams (Sex Love) impressionne par sa mise en scène minimaliste et feutrée, entre cocon introspectif et fresque générationnelle. La réalisation épurée, les dialogues ciselés et la réflexion méta sur l’écriture et la perception du réel confèrent au film une densité rare. La relation entre Johanne et sa professeure n’est pas seulement celle d’un amour interdit, mais devient le terrain d’une réflexion sur la frontière entre fantasme et réalité, entre récit intime et construction sociale.
Inspiré par la trilogie Trois Couleurs de Krzysztof Kieślowski, Dag Johan Haugerud signe une œuvre à la fois ancrée dans la tradition cinématographique européenne et résolument moderne dans son approche narrative. Depuis sa sortie en Norvège en octobre 2024, le film a suscité de vifs débats, notamment sur sa représentation des rapports de pouvoir et son traitement des premières amours. Sa sélection en compétition officielle à Berlin en janvier 2025 a confirmé son statut de film incontournable de l’année.
Le palmarès de cette 75e Berlinale a également mis à l’honneur If I Had Legs I’d Kick You de Mary Bronstein, qui a valu à Rose Byrne le prix d’interprétation, et Blue Moon de Richard Linklater, récompensé pour la performance d’Andrew Scott en second rôle. Mais c’est bien Dreams (Sex Love) qui s’impose comme l’œuvre phare de cette édition, un film qui, selon son réalisateur, dépasse « ses rêves les plus fous ».
Attendu dans les salles françaises le 2 juillet 2025, Dreams (Sex Love) s’annonce comme une expérience cinématographique unique, où le trouble adolescent se mêle à une réflexion universelle sur l’amour et le désir. Une invitation à plonger dans les méandres du cœur et de l’esprit, où la frontière entre réalité et fiction s’efface peu à peu.
Le palmarès de la Berlinale 2025
- Ours d’or du meilleur film – Dreams (Sex Love) de Johan Haugerud
- Grand Prix du Jury Ours d’Argent – Le Sentier Bleu de Gabriel Mascaro
- Prix du Jury Ours d’Argent – Le Message d’Ivan Fund
- Ours d’argent du meilleur réalisateur – Huo Meng pour Living The Land
- Ours d’argent de la meilleure interprétation principale – Rose Byrne dans If I Had Legs I’d Kick You
- Ours d’argent du meilleur second rôle – Andrew Scott dans Blue Moon
- Ours d’argent du meilleur scénario – Radu Jude pour Kontinental ’25
- Ours d’argent pour une contribution artistique exceptionnelle – L’ensemble créatif de The Ice Tower
