Iran – Parastoo Ahmadi a osé chanter sans voile dans une tenue qui revendique sa liberté.
Parastoo Ahmadi : La voix d’une rébellion sans voile
Courage et défi : ce sont les mots qui résonnent autour de Parastoo Ahmadi, une chanteuse iranienne de 27 ans, devenue une figure emblématique de la résistance en Iran. Son dernier concert, diffusé en ligne le 12 décembre 2024 sous le titre « Concert Caravansara », a bouleversé les réseaux sociaux et provoqué des réactions dans le monde entier. Ce n’est pas seulement sa voix ou sa musique qui a captivé l’attention, mais le geste politique fort qu’elle a posé : monter sur scène sans voile, épaules nues, dans une tenue qui revendique sa liberté.
Un acte historique et symbolique
Dans une salle de spectacle traditionnelle iranienne, vidée de tout public par prudence, Parastoo Ahmadi a interprété sept morceaux débordants d’émotions et de révolte. Parmi eux, Az Khoone Javanane Vatan (« Du sang de la jeunesse de la nation »), devenu l’hymne du mouvement révolutionnaire « Femme, vie, liberté ». Portant un collier en forme de carte de l’Iran, ses cheveux détachés et une longue robe noire, la chanteuse s’est tenue comme une vision de liberté dans la lumière tamisée du caravansérail.
Cet acte de défiance survient à un moment critique : le régime iranien s’apprête à durcir sa répression en adoptant une loi sur la « promotion de la culture de la chasteté et du hijab ». Ce texte, selon Amnesty International, pourrait imposer des sanctions extrêmes, allant jusqu’à la peine de mort, pour celles qui refusent de porter le voile. En Iran, où les femmes sont interdites de chanter seules en public depuis 1979, le geste de Parastoo Ahmadi constitue une révolte sans précédent.
Une révolte devenant virale
En moins de 48 heures, sa performance a atteint 860 000 vues sur YouTube et plus de 2 millions sur Instagram. Sous la vidéo, elle a publié un message poignant : « Je suis Parastoo, une fille qui veut chanter pour les gens qu’elle aime. C’est un droit auquel je ne pouvais pas renoncer – chanter pour le pays que j’aime si passionnément. » Ces mots résonnent comme un manifeste pour les libertés fondamentales.
Les musiciens qui l’ont accompagnée dans ce concert préenregistré ont également été salués pour leur courage. Ensemble, ils incarnent une jeunesse iranienne qui refuse de plier face à l’oppression religieuse. Le concert, bien que discret dans sa mise en scène, a envoyé un message fort : la musique peut être une arme contre l’injustice.
Un parcours entre art et résilience
Née en 1997 à Nowshahr, dans le nord de l’Iran, Parastoo Ahmadi a commencé à partager sa passion pour la musique à travers des reprises au piano publiées sur Instagram, où elle compte aujourd’hui près de 484 000 abonnés. Diplômée en mise en scène de l’université de Sooreh, elle a rapidement conquis un public au-delà des frontières de son pays grâce à son talent et à son audace.
Parastoo Ahmadi n’est pas seulement une artiste, mais aussi une militante qui met sa vie en jeu pour défendre ses convictions. Son concert est devenu un symbole de résistance pour de nombreuses femmes en Iran et à travers le monde, rappelant que l’art peut être une forme puissante de protestation.
Un futur incertain mais porteur d’espoir
Aujourd’hui, Parastoo Ahmadi fait face à des poursuites judiciaires, et sa sécurité est gravement menacée. Pourtant, son courage inspire une vague d’espoir et de solidarité. Son histoire rappelle que chaque geste de liberté, aussi isolé soit-il, peut ébranler les fondements de l’oppression.
Dans un Iran où les femmes se battent pour leurs droits depuis des décennies, Parastoo Ahmadi est déjà devenue une icône. Si le prix de sa liberté est élevé, son combat ne fait que commencer, porté par une jeunesse qui refuse de se taire.
